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Les idées-reçues : pires ennemies des travailleurs handicapés
Il est deux fois plus difficile pour les personnes handicapées de trouver un travail. Un phénomène que le gouvernement veut atténuer : 15 propositions pour augmenter les embauches de salariés atteints de handicap sont à l’étude.
« Les petites entreprises souffrent d’un manque de ressources humaines et financières pour mettre en place une politique de handicap qualitative » signale la Plateforme RSE dans son rapport remis le 23 avril à Sophie Cluel, la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées. Début 2018, le gouvernement avait demandé à la structure réunissant les acteurs de la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) depuis 2013, de rédiger des recommandations afin d’encourager « les entreprises à prendre des initiatives volontaires en faveur de l’embauche et du maintien dans l’emploi en milieu ordinaire des travailleurs handicapés. » Cette demande découle du manque d’efficacité de la loi de 1987, obligeant les entreprises privées d’au moins 20 salariés à compter 6 % de personnes handicapées dans leurs effectifs. En effet, 5,7 millions de Français en âge de travailler ont un handicap. Parmi eux, 2,7 millions bénéficient de la reconnaissance administrative de leur handicap, soit 6,6 % de la population. 500 000 sont au chômage : c’est le double de la moyenne nationale. Il est donc évident qu’en France, trouver un emploi lorsque l’on est handicapé est plus difficile.
Une nouvelle initiative nationale
L’État essaie de faire évoluer les mentalités notamment par le biais d’initiatives nationales comme le DuoDay, une journée consacrée à la collaboration entre salariés et personnes en situation de handicap. Créé en 2016, le DuoDay est devenu national ce 27 avril 2018. Le temps d’une journée de travail, les entreprises étaient invitées à accueillir une personne handicapée, en duo avec un salarié volontaire. Pour montrer l’exemple, Emmanuel Macron a lui-même été accompagné une partie de la journée par l’adjudant Jocelyn Truchet, blessé en 2010 en Afghanistan. « Forcément, c’est difficile de se rendre compte de ce qu’est le handicap en ne passant qu’une seule journée avec une personne, a déclaré ce dernier au micro de la chaîne LCI. Mais je pense que ça peut permettre de briser quelques tabous et permettre au binôme de prendre conscience des difficultés du handicap au quotidien. » Selon les premiers chiffres, près de 4 000 duos auraient été formés cette année. La secrétaire d’État a même tenu à souligner sur Franceinfo une « participation massive et une réelle motivation » des grands groupes comme des petites entreprises.
Des candidats surmotivés
C’est d’ailleurs les efforts et le changement de mentalité de ces employeurs qui pourront faire bouger les lignes et baisser le taux de chômage des personnes handicapées. Cependant, selon le rapport de la Plateforme RSE, seules 33 % des entreprises déclarent mener des politiques spécifiques de lutte contre les discriminations liées au handicap. Pour les PME, ce peu d’investissement résulte d’un manque de trésorerie. Ces petites sociétés englobent le sujet du handicap dans leurs actions RSE globales. Elles n’en font pas un sujet à part entière.
Les recherches d’emploi des personnes handicapées sont donc plus longues que la moyenne : pour 63 % d’entre elles peuvent prendre plus d’un an. Une longue prospection que connaissent seulement 45 % du reste de la population. Pourtant, il a été prouvé par diverses études citées dans le rapport que les personnes handicapées témoignent d’une motivation « exceptionnelle » à trouver un emploi. « Ne s’agirait-il pas d’un phénomène de surmotivation auquel les entreprises devraient être sensibles ? » s’interrogent les auteurs.
Accueil des handicapés et préjugés des employeurs
Mais qu’est-ce qui justifie une telle réticence de la part des employeurs ? Les préjugés avant tout : 74 % de la population associe les troubles psychiques à un danger selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Or, ceux-ci seront la première cause de handicap en 2020. 35 % des salariés ne souhaitent d’ailleurs pas travailler dans la même équipe qu’une personne touchée par un de ces troubles mentaux. De leur côté, les salariés atteints d’un handicap ont peur de ne pas évoluer, de n’être qu’un « quota ». Près d’un sur 3 pense que son entreprise lui
refuserait un poste en contact avec la clientèle (30 %) ou à haute responsabilité (31 %) selon une étude du Medef publiée en 2017.
Autre excuse souvent donnée par les employeurs : l’investissement financier que l’embauche d’un salarié handicapé demanderait. Or, le rapport précise que 90 % n’ont besoin d’aucune adaptation de leur environnement de travail.
Enfin, tout ne repose pas sur les épaules des recruteurs, les formations proposées aux travailleurs handicapés font aussi défaut. 25 % des personnes en situation de handicap ont le bac ou plus contre 45 % des demandeurs d’emplois en général. Autre chiffre choc : moins de 80 % des demandeurs d’emplois handicapés ont un niveau de formation inférieur ou égal au CAP/BEP.
Les membres de la Plateforme RSE ont donc rédigé leurs recommandations en prenant en compte toutes les composantes de la situation des travailleurs handicapés en 2018. Voici les 15 mesures proposées et transmises au gouvernement.
Melissa Carles
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