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Aides à l'embauche : des effets volatils sur l'emploi
Dans une note publiée cette semaine, la Direction générale du Trésor analyse les effets sur l'emploi des aides à l'embauche. Si ces dispositifs agissent bien sur l'emploi, leurs effets se font sentir surtout à court terme.
Afin de stimuler l’emploi, les politiques publiques recourent souvent aux aides à l’embauche. La Direction générale du Trésor, dans une note publiée ce mois-ci, se penche sur leur efficacité réelle dans le soutien à l’emploi (*).
- La première, l’aide à l’embauche d’un premier salarié a été créée en juillet 2015. Elle est destinée à aider les entreprises sans salariés à franchir le pas du recrutement ;
- La seconde, l’aide à l’embauche dans les PME, créée en janvier 2016, a un champ d’application plus large. Elle concerne les embauches réalisées dans les entreprises de moins de 250 salariés.
Réduire le coût du travail
Ce type de mesure est un outil parmi d’autres de réduction du coût du travail. En ciblant les bas salaire, ce dispositif « permet de viser des segments du marché du travail où la sensibilité de l’emploi à son coût est vraisemblablement plus forte ».
Comparé à une baisse de cotisations sociales, l’étude estime qu’une prime temporaire à l’embauche peut permettre des créations d’emplois plus rapidement. En effet, contrairement à la baisse de cotisations qui concerne le stock et le flux, la prime ne concerne que les entreprises qui réalisent des embauches.
Le risque d’effets d’aubaine
Premier écueil que peut rencontrer ce dispositif : l’effet d’aubaine. L’étude est nuancée sur ce point. « Dans un contexte de forte incertitude sur la conjoncture économique, une prime à l’embauche temporaire augmente le coût d’opportunité du report d’une embauche et peut aussi faire basculer la décision de l’employeur favorablement à l’embauche, alors que celle-ci aurait pu être reportée en l’absence d’aide ».
Toutefois, souligne-t-elle, le caractère temporaire de ces aides peut aboutir à certains types de comportement non vertueux. « Du fait du caractère temporaire de la période d’éligibilité, les employeurs sont susceptibles d’ajuster leur comportement d’embauche de manière opportuniste, d’une part en reportant les embauches avant l’ouverture de la période d’éligibilité, et d’autre part en anticipant, en fin de période d’éligibilité, des embauches prévues pendant la période suivante ».
Ainsi, si ces dispositifs peuvent avoir des effets sur l’emploi, ces derniers peuvent se révéler volatils. Ce type de mesure peuvent certes « développer des effets sur l’emploi » mais à très court terme », contrairement à d’autres dispositifs comme des allégements de cotisations par exemple qui « développent des effets sur l’emploi à plus long terme ».
Le risque de multiplier le nombre de contrats courts
Le second écueil à éviter est l’incitation à la multiplication des contrats courts. La prime à l’embauche doit prévoir une durée minimale pour que ces contrats soient éligibles, insiste la DGT. C’est ce que prévoit le régime de l’aide à l’embauche PME qui cible les embauches en CDI, en CDD de 6 mois ou plus ou en contrat de professionnalisation de 6 mois ou plus.
60 000 emplois supplémentaires en 2016 ?
Selon la DGT, la prime à l’embauche à destination des PME pourrait conduire à 110 000 embauches supplémentaires en 2016. « Compte tenu des fins de contrat qui auront lieu en cours d’année (fin de CDD, ruptures de CDI), la contribution finale aux créations d’emploi serait significative, estimée à 60 000 emplois supplémentaires en fin d’année. L’étude rappelle en effet que selon la Dares, 35% des CDI sont rompus la première année et 73% des CDD de plus de 6 mois ont une durée de moins d’un an.(*) « Les aides à l’embauche : un outil efficace de soutien à l’emploi ? », Trésor-Eco n° 177, août 2016.
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