Interview

Claude Chopard Lallier, PDG de Home Rental Service

Claude Chopard Lallier, 42 ans, est le PDG fondateur de Home Rental Service, une entreprise qui offre en location temporaire des appartements meublés à Paris, principalement à une clientèle de voyageurs d’affaires. Avec 3 millions d’euros de chiffres d’affaires et 17 salariés, Home rental est l’entreprise leader sur ce marché de niche. C’est d’ailleurs Claude Chopard Lallier, qui, le premier, a importé des États-Unis ce concept en France en 1992, créant un marché qui ne cesse de se développer depuis.

Claude Chopard Lallier, PDG de Home Rental Service

Le Gouvernement a annoncé l’exonération des charges patronales sur le SMIC dès juillet prochain. Que pensez vous de cette mesure ?

Claude Chopard Lallier : Voila des années que j’attends cela ! J’en ai rêvé, de cette exonération. Et franchement, je ne comprends pas pourquoi les pouvoirs publics ont attendu tant de temps pour la mettre en œuvre. Cela me semble tellement évident ! C’est de loin la meilleure mesure sociale à mes yeux. Tout le monde va être gagnant : les patrons vont pouvoir embaucher des salariés qui vont consommer… C’est ainsi que la machine économique peut se remettre en route.

Cette exonération des charges va-t-elle vous inciter à embaucher ?

Oui. L’exonération va me permettre d’embaucher 5 personnes – des agents d’entretien – alors que sans elle, je n’en aurais vraisemblablement pris que deux ou trois. C’est important pour nous de salarier ces agents d’entretiens qui font le ménage dans nos appartements occupés, contenant des effets personnels. Chacun a les clés des appartements qu’il nettoie : il y a une question de confiance très importante. Avec plus de personnel, les appartements bénéficieront d’un ménage plus soigné. Les clients y gagneront en qualité de service.

Les détracteurs de cette mesure craignent qu’elle ne devienne une trappe à bas salaires.

Bien sûr que non ! On parle bien de bas salaires, pour des emplois non qualifiés. Je rémunère mon personnel d’entretien au SMIC. Je ne les aurais pas payés plus de toutes façons.

Le poids des charges est-il, pour vous, un frein à l’embauche ?

Avez-vous une idée de ce que représentent les charges salariales, pour une entreprise d’une quinzaine de personnes comme la mienne ? Cela coûte environ 200 000 €. Et je parle simplement des charges type Urssaf, Garp, April, Circacic, : je n’inclus évidemment pas les salaires dans ce chiffre. C’est quand même beaucoup pour une petite entreprise, non ?
Mon business se développe, le secteur est en pleine croissance, mes appartements sont complets… j’aurais vraiment matière à embaucher, si le coût du travail n’était pas si cher en France. 

Les questions sociales sont-elles problématiques à vos yeux ?

Le social, c’est infernal ! C’est d’une complexité terrible. Pour être sûr de ne pas faire d’erreur, je fais relire chaque courrier que je rédige par ma sœur, qui est avocate. Parce que je ne suis pas un patron du CAC 40, moi. Je n’ai pas de DRH qui se charge de toutes les questions liées au droit du travail. Et pourtant, j’attache une importance énorme au bien-être de mes salariés. Par exemple, tout le monde, ici, est aux 35h. C’est une façon pour moi de motiver le personnel. Mais n’est-il pas dommage d’être obligé de dépenser tant d’énergie à régler des problèmes administratifs, alors qu’on pourrait l’employer à développer le business ?

Les pouvoirs publics font pourtant des efforts, depuis plusieurs années, pour simplifier les procédures administratives à destination des entreprises…

Eh bien je n’en vois pas beaucoup le résultat ! On est archaïque au niveau de l’approche du travail, en France. Personnellement, je trouve au contraire que, depuis quinze ans que j’ai créé Home rental service, tout est plus lourd, plus compliqué. Il faudrait pourtant nous laisser de l’espace pour pouvoir faire preuve d’initiative et de créativité, sinon on va mourir !
Franchement, j’ai travaillé comme un fou pour lancer mon entreprise. Et je continue, parce que rien n’est jamais acquis. Il faut se battre pour exister, pour développer son business. Alors je suis en colère quand je vois que les médias ne parlent que des patrons voyous et de ceux qui ont des rémunérations indécentes. J’aimerais aussi qu’on dise du bien des petits patrons qui prennent des risques tous les jours.

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