Interview

Laurent Hinault, co-fondateur et dirigeant de D2-SI à Suresnes (92)

S’inscrire dans une démarche qui a du sens, sans nuire à la performance, telle était, au départ, l’ambition de Laurent Hinault, lorsqu’il a créé avec son associé, D2-SI, un cabinet de conseil en nouvelles technologies. Une philosophie, de son aveu même, assez éloignée de ce qui se fait sur les marchés financiers… Ce qui n’a pas empêché la petite entreprise de trouver sa place.

Laurent Hinault, co-fondateur et dirigeant de D2-SI à Suresnes (92)

Vous dites vouloir remettre la performance économique à sa juste place. Qu’entendez-vous par là ?

Lorsqu’avec Marc Roudier, mon associé, nous avons décidé de créer notre cabinet de conseil en nouvelles technologies spécialisé sur les marchés financiers, nous étions salariés dans la même société de services informatiques. A l’époque, on travaillait beaucoup et on gagnait bien notre vie, mais on se préoccupait finalement peu des personnes dont on devait gérer la carrière. Or, initialement, j’avais choisi ce domaine pour la relation entre le commercial et le consultant. Nous étions en fait tous les deux en quête de sens. En créant D2-SI (Développement Durable Systèmes d’Informations), nous souhaitions bien entendu parvenir rapidement à la performance économique, mais nous voulions aussi utiliser notre savoir-faire dans une démarche de développement durable et de rapprochement de nos salariés.

Concrètement, de quelle manière cela s’est traduit ?

On souhaitait qu’il y ait un lien entre notre projet et les compétences de notre société. C’est ainsi qu’on a connu L’Enfant @ l’hôpital. Cette association accompagne et équipe les enfants malades dans leur accès à la connaissance via des outils informatiques. D2-SI a ainsi choisi de consacrer 2 % de son temps de travail dans ce partenariat en mettant les compétences informatiques de ses collaborateurs au profit d’une cause. Ainsi, en 2008, 60 jours ont été consacrés à ce projet. Et en ce moment, on travaille à la refonte de l’application que l’on avait mise en place pour que les enfants aient plaisir à travailler dessus.
Parallèlement, nous nous sommes investis dans un projet écologique. Même si nous sommes peu nombreux à travailler dans les locaux (80 % de l’effectif est placé dans les banques, NDLR) et que notre empreinte écologique n’est pas énorme, on a cherché ce qu’on pouvait faire de plus. C’est ainsi qu’on essaie par exemple de glisser petit à petit vers du matériel informatique moins polluant et moins consommateur d’énergie ou qu’on propose à nos clients des mètres carrés de forêt en Amazonie comme cadeaux d’affaire. Et puis, nous avons décidé de nous investir dans l’opération Les initiatives Océanes. Ainsi, plus de la moitié de l’effectif vient de participer, le temps d’un week-end et bénévolement, au nettoyage de la plage du Havre.

N’y a-t-il pas un risque que cela soit vécu comme une contrainte par vos collaborateurs ?

Nous somme convaincus de la nécessité d’un modèle d’entreprise différent, mais nous n’obligeons personne à nous suivre ! D’ailleurs, on ne monte les projets que si l’on ressent un engouement. Notre démarche de développement durable vaut aussi pour le management. Dans notre métier, il est très facile de mettre la pression sur tout le monde et d’empiler un grand nombre de contrats pour ensuite revendre l’entreprise au bout de cinq ans. Nous, notre philosophie est de travailler sur le long terme. Même si nos consultants sont en mission longue, nous sommes donc attentifs à ne pas les « oublier ». Ainsi, le service RH va souvent sur le terrain rencontrer aussi bien nos clients que nos consultants. Nous entretenons une philosophie de l’écoute. Par ailleurs, nos consultants reçoivent des formations par le biais d’un organisme extérieur.

Ce management a-t-il des conséquences sur le turn-over ?

Dans notre métier, par essence, avec des profils de début de carrière, le taux de turn-over peut facilement avoisiner les 30-35 %. Maintenant, la période de crise fait que les gens réfléchissent à deux fois avant de partir… Néanmoins, en deux ans et demi d’activité, nous n’avons enregistré qu’un seul départ.

Propos recueillis par Nelly Lambert
Rédaction de NetPME

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