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Les 35 heures : quel bilan dix ans après ?
Le 10 octobre 1997, la durée légale du travail, inscrite dans le Code du travail depuis 1936, était réduite à 35 heures. Dix ans après leur création, quel bilan tirer des 35 heures ? Combien d’emplois ont-ils été créés ? Quel est le ressenti des salariés, cadres et employés ?
Après 3 mois de négociations houleuses avec les partenaires sociaux, Lionel Jospin, le premier ministre de l’époque, annonçait la mise en place des 35 heures dans les entreprises. Jean Gandois, alors président du CNPF (l’ex MEDEF) claquait la porte des négociations jugeant la mesure inconcevable et estimant que les entreprises ne s’en remettraient pas. « L’idéologie a triomphé de la raison ! ».
Dix ans après leur création, quel bilan tirer des 35 heures ? Combien d’emplois ont-ils été créés ? Si tout le monde s’accorde sur le fait que l’objectif prévu des 700 000 emplois n’a pas été atteint, il reste difficile d’évaluer le nombre d’emplois réellement créés tant les avis sur la question divergent : 500 000 emplois créés pour la gauche, à peine 200 000 pour la droite. La vérité se situe sans doute au centre. Les enquêtes du ministère du travail ont révélé 350 000 emplois créés grâce aux lois Aubry de 1998 à 2002. Le bilan des 35 heures en termes de créations d’emplois est d’autant plus difficile que les 35 heures ont été mises en place en pleine période de croissance économique. Autrement dit, de nombreux chefs d’entreprise ont bénéficié de substantielles exonérations de cotisations pour créer des emplois qu’ils auraient créé de toute façon.
En revanche, du côté des salariés, le bilan semble plutôt positif. Toutes les enquêtes d’opinion font apparaître une appréciation globalement positive des 35 heures. Beaucoup de salariés ne seraient pas prêts à faire une croix sur la réduction de leur temps de travail. Mais, là encore, le bilan est très disparate selon la taille des entreprises et les catégories de personnel. Ainsi, les cadres, réputés ne pas compter leurs heures, ne semblent pas disposer à renoncer aux précieux jours de réduction du temps de travail. Ce sont eux, en effet, qui ont profité le plus du passage aux 35 heures avec des week ends rallongés, davantage de temps libre et surtout une réduction de leur temps de travail sans diminution de salaire. En revanche, les ouvriers et les employés, qui, dans l’esprit des concepteurs des lois Aubry, devaient en être les principaux bénéficiaires, sont souvent les plus critiques. Soit parce qu’ils souffrent d’une flexibilité accrue, soit parce que les 35 heures ont entraîné une dégradation de leurs conditions de travail et de leur pouvoir d’achat avec la suppression des heures supplémentaires.
Quoi qu’on puisse penser de la réduction du temps de travail, les 35 heures dominent la vie des salariés et des entreprises et continuent d’alimenter le débat. En dépit des assouplissements apportés par les lois du 17 janvier 2003 et du 31 mars 2005 et, très récemment , par la loi TEPA du 21 août 2007, la durée moyenne du travail appliquée dans les entreprises n’a pas beaucoup évolué. Fixée en moyenne à 35,6 heures par semaine dans les entreprises de plus de 10 salariés et à 36,8 heures dans les entreprises de moins de 10 salariés, la durée du travail en vigueur en France reste nettement inférieure à celle des autres pays européens qui s’élève en moyenne à 40,3 heures pour les seuls salariés à temps plein.
Dix ans après l’annonce de leur mise en place et trois lois d’assouplissement plus tard, force est de constater que les 35 heures ont la vie dure !
Nathalie LEPETZ
Rédaction de NetPME
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