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Des indépendants qui ne le sont pas tant
Selon une récente étude de l’Insee, 20 % des travailleurs indépendants sont économiquement dépendants d’un client, d’une organisation ou d’un intermédiaire.
Le patron, c’est le client. Une étude de l’Insee Première publiée mercredi dernier met en lumière la situation de dépendance économique et organisationnelle (horaires, prix, tarifs, fournisseurs, etc.) dans laquelle sont plongés près de 620 000 indépendants. En 2017, un indépendant sur cinq en France était sous la coupe d’un client (10 %), d’une organisation (7 % – groupement, centrale d’achat, coopérative, franchise, licence de marque, etc.-) ou d’un intermédiaire (4 % – plateforme numérique par exemple -).
Le client, premier patron des indépendants
Parmi les indépendants économiquement dépendants, près de la moitié est à la merci d’un client (47,7 %). Sans surprise, plus le client principal pèse sur le revenu, plus la crainte de le perdre est grande. De même, plus celui-ci pèse sur l’activité, plus son influence sur l’organisation du travail de l’indépendant s’étend.
Près de 20 % des indépendants tributaires d’un client unique déclarent ne plus choisir eux-mêmes leurs horaires de travail (contre seulement 8 % pour ceux dont le client principal représente moins de 50 % du revenu) ou le contenu de leurs tâches (16 % contre 8 %). Cette dépendance-client concerne tout particulièrement les indépendants qui officient dans le domaine de la communication (24 %), des transports (17 %) et des services aux entreprises (15 %).
Peu de différences notables distinguent les « indépendants dépendants » des autres, hormis leur type de clientèle. Quel que soit le secteur, ces derniers s’adressent nettement moins aux particuliers (41 % contre 61 % pour l’ensemble des indépendants) et plus souvent aux entreprises (48 % contre 32 %). Surtout, ils contractent deux fois plus avec des administrations, organismes publics ou associations (11 % contre 6 %).
41 % des indépendants dans l’agriculture sont dépendants
L’agriculture est le secteur qui compte le plus d’indépendants économiquement dépendants devant les transports (38 %) et la communication (34 %). Au contraire de ces deux derniers, le type de dépendance qui sévit le plus au sein de l’agriculture est la dépendance-organisation. ¼ des agriculteurs dépendent d’une organisation (via les coopératives notamment).
Ici, les contraintes pèsent davantage sur la fixation des prix ou tarifs (pour 76 % des indépendants soumis à une organisation) plutôt que sur le choix des fournisseurs, des produits ou sur la détermination des horaires (56 %). Aussi, les dépendants d’une organisation affichent une durée de travail hebdomadaire habituelle nettement plus élevée (54 h) que celle des dépendants-client (39 h) et des dépendants-intermédiaire (38 h).
D’ailleurs, les indépendants dont l’intermédiaire est l’unique mode d’accès à leur clientèle souhaitent davantage travailler que les autres (24 % contre 15 % des dépendants-client ou 13 % de l’ensemble des indépendants). Ils pâtissent mécaniquement d’un revenu moins élevé : 42 % d’entre eux gagnent moins de 10 000 euros sur l’année contre 31 % en moyenne pour l’ensemble. Surtout, 14 % d’entre eux désirent un autre emploi, en plus ou à la place de l’actuel, contre seulement 4 % des dépendants-client et 5 % des dépendants-organisation.
Matthieu Barry
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