[Dossier 2/3] « Les entreprises ont besoin de redonner du sens au travail » : le coworking en plein boom

Les dirigeants de petites entreprises recherchent à loger leur société au meilleur coût sans faire de concession sur la convivialité. C’est une des promesses du coworking dont l’intérêt de la part des TPE et PME ne cesse de croître. Chez Nextdoor, réseau d’espaces de cowoking en Île-de-France qui appartient au groupe Bouygues Immobilier, le cœur de cible regroupe ces petites entreprises  « qui ont besoin de redonner du sens au travail » explique son président, Philippe Morel. « Nous avons ouvert Nextdoor pour offrir aux TPE un lieu de travail agréable, un peu de bonheur, en somme. » Une location à bas coût et un cadre de vie convivial : pas étonnant que le coworking soit en train de révolutionner le secteur du locaux des entreprises et ce n’est que le début. Le nombre d’espaces collaboratifs double d’une année sur l’autre.

«  Crêpes le jeudi, séances de manucures… » : quand le coworking redonne vie au quotidien des TPE-PME

Selon un sondage de l’Ifop pour le magazine Pèlerin publié en mars 2016, les conditions de travail et les relations avec les collègues arrivent respectivement en 3^ème et 4^ème position de ce qui rend heureux en entreprise, derrière la passion pour le métier et l’autonomie. Le bien-être au travail est devenu une priorité pour toutes les sociétés. Les dirigeants ne veulent plus que leurs salariés considèrent  le fait de se rendre au bureau comme une contrainte. C’est la réputation de l’entreprise qui est en jeu et sa capacité à accueillir et à conserver ses talents. Le coworking a été conçu pour répondre à ce besoin de convivialité, comme le développe le président de Nextdoor : « Nos espaces sont des lieux de créativité où les chefs d’entreprises vont pouvoir rencontrer des sociétés et collaborateurs de tous univers. C’est un véritable mélange de secteurs et de qualités. Les entreprises peuvent créer du lien et c’est ce qu’elles recherchent. En plus, de nombreux ateliers sont organisés : crêpes le jeudi, séances de manucures… nous ne sommes pas une structure comme les autres. »

« Il n’y a aucune concurrence entre les coworkeurs travaillant dans le même secteur »

Caroline Delannoy, directrice nationale de la PME Net Recrute, un cabinet de recrutement qui accompagne les entreprises, a fait le choix d’intégrer les locaux de Nextdoor à la Défense. Elle y voit d’autres opportunités : « Nous avons choisi la formule en coworking, c’est-à-dire que nous ne possédons pas de bureaux privatifs au sein de Nextdoor car travailler tout en étant en contact avec des professionnels de différents horizons permet d’être plus créatif. Cela me stimule.»  En plus d’être inspiré par d’autres univers, le coworking met fin à la concurrence entre professionnels. Deux coworkeurs ont tendance à se considérer comme des collègues, même s’ils ne travaillent pas pour la même entreprise. « Nous avons fait la connaissance de deux autres équipes qui font du recrutement dans l’IT, témoigne Caroline Delannoy. Nous nous échangeons beaucoup de conseils, il n’y a aucune concurrence entre nous, je pense que cela est dû à l’espace de coworking qui pousse à l’entraide et non à la compétition. »

Les lieux colorés favorisent cet échange et disposent aussi de salles accessibles à tous les travailleurs pour s’y retrouver au calme ou accueillir leurs clients en fonction des besoins. « Quand nous recherchions un local, témoigne la directrice nationale, je voulais avoir accès à des salles de réunions de différentes tailles pour y donner des cours de coaching et que l’environnement de travail soit extrêmement lumineux  tout en ayant la possibilité de travailler dans un espace réunissant plusieurs personnes avec des univers différents. C’est parfait pour la concentration. On peut changer de pièce quand bon nous semble et chacune d’elle possède son décor » précise-t-elle.

Il y a de fortes raisons de croire que l’ascension du coworking ne fait que débuter. Ce nouveau mode de travail a encore de nombreux jours devant lui notamment car il correspond en tous points à ce que désire la génération Y (née après 1984) qui a récemment intégré le monde professionnel. Simon Sinek, conférencier britannique spécialisé dans le management, a synthétisé, dans une de ses vidéos Youtube devenue virale, le comportement de cette génération au travail. Il y explique en parlant de ces jeunes : « Ils veulent aussi que leur travail ait du sens, ils aiment ça le sens, et ils désirent aussi avoir “un impact”, même si le mot est très flou. Ils veulent aussi de la nourriture gratuite et des poufs… »

Retrouvez le dernier article du dossier « coworking » : « Le coworking décalé : quand les indépendants investissent des espaces originaux »

Melissa Carles