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Absentéisme au travail : les salariés aspirent à plus de souplesse horaire
Alors qu’un rapport fait état de l’augmentation continue de l’absentéisme au travail en France, la demande côté salarié d’une meilleure flexibilité horaire atteint des sommets, selon une enquête d’OpinionWay pour Horoquartz.
Et si l’une des causes de l’absentéisme au travail était à rechercher du côté de la rigidité horaire ? À l’heure du télétravail, du slashing (cumul de plusieurs emplois salariés) et de la mobilité, 81 % des salariés réclament toujours plus de souplesse dans leurs horaires de travail, selon une enquête d’OpinionWay pour Horoquartz[*], éditeur de la suite logicielle de gestion des temps eTemptation. Des résultats à mettre en corrélation avec ceux du dernier rapport annuel du courtier en assurances Gras Savoye Willis Towers Watson[**] – relayé par le Parisien en début de semaine – qui confirme l’inquiétante hausse du taux d’absentéisme en France (+ 16 % entre 2014 et 2018). Si les raisons de cette dernière sont nombreuses, à la lumière de ces deux études estivales, la question de l’évolution des mœurs couplée à celle des nouvelles contraintes personnelles se pose. Le monde du travail est-il suffisamment adapté ?
Absentéisme au travail : la « génération sandwich » éprise de liberté
À l’instar d’une progression globale de l’absentéisme, la demande de flexibilité horaire est générale. 8 salariés sur 10 estiment qu’il est important de pouvoir choisir ses horaires de travail. « Une attente massive, quels que soient l’âge, le sexe, le secteur d’activité, le statut ou le lieu de résidence », souligne l’étude réalisée pour Horoquartz.
Toujours est-il qu’un profil-type se dégage. Les salariés entre 40 et 59 ans s’avèrent les plus demandeurs (83 % contre 80 % pour les 30-39 ans, 78 % pour les moins de 30 ans et 74 % pour les plus de 60 ans). « Connue sous le nom de génération sandwich, cette catégorie de salariés est coincée à la fois entre des enfants scolarisés (ou pas tout à fait autonomes) et des parents âgés, parfois dépendants », justifie l’étude.
Une génération également concernée par les plus « belles » progressions de l’absentéisme. Sur 4 ans, le taux a bondi de 16,5 % contre + 10 % pour les moins de 30 ans et + 9 % pour les plus de 50 ans. Là aussi, les difficultés personnelles des salariés sont pointées du doigt. Outre l’expression d’une certaine perte de sens du salarié pour son travail : « les familles monoparentales sont davantage susceptibles de multiplier les petits arrêts fréquents », avance Julien Rémy, responsable du dossier absentéisme chez Gras Savoye, dans le Parisien.
Relation de cause à effet ? Qu’il s’agisse de l’absentéisme ou de l’attente d’une meilleure flexibilité horaire, les femmes se trouvent en tête. Côté absentéisme, les arrêts maladies liés aux grossesses et la charge des familles monoparentales plus fréquemment assumée par les mères peuvent expliquer l’écart constaté (un taux d’absentéisme de 4,6 % chez les femmes contre 3,3 % chez les hommes en 2018). Du côté de l’attente d’une souplesse accrue des horaires de travail, même constat (85 % contre 77 % des salariés hommes sondés). « Ce chiffre est parfaitement corrélé au fait d’avoir des enfants à charge où on observe exactement le même écart (8 points) », analyse l’étude d’OpinionWay.
Des différences selon les professions
Les secteurs « absentéistes » diffèrent quelque peu des secteurs dans lesquelles les salariés réclament plus de flexibilité dans leurs horaires. À l’image de la santé. Secteur le plus absentéiste (taux de 6 % en 2018 et progression sur 4 ans de 31 %), ce dernier est l’un des moins représenté par les demandeurs de flexibilité horaire. « Cela peut traduire une forme de sens de la réalité de la part des employés concernés, dans la mesure où les horaires pourront difficilement devenir plus souples, on exprime moins d’attente à ce sujet », analyse Thierry Bobineau, directeur Marketing d’Horoquartz.
Des horaires inamovibles qui poussent à l’absentéisme ? « Pour la santé, toujours dans le secteur privé, nous parlons d’établissements ou la majorité des salariés sont des femmes, où les phénomènes décrits précédemment peuvent jouer », justifie Julien Vignoli, directeur général délégué du cabinet Gras Savoye, au Figaro. Il en va de même pour le secteur de la banque relativement épargné par l’absentéisme mais représenté à hauteur de 84 % par les demandeurs de flexibilité horaire.
À l’inverse, le secteur des transports coche toutes les cases (5,8 % d’absentéisme et 82 % des salariés dans l’attente d’une meilleure souplesse horaire). Idem pour le secteur du commerce situé dans les premières positions. À noter, les salariés du BTP réclament davantage de souplesse horaire que leurs compères (86 %).
Enfin, les salariés des grandes villes ne demandent pas plus que les autres à bénéficier d’une plus grande latitude horaire (80 % contre plus de 85 % pour les villes plus modestes). De même, ils sont moins absents. Région la moins impactée, l’Ile-de-France affiche le plus bas taux en 2018 (2,9 % contre 4,6 % dans les Hauts-de-France ou dans le Grand Est par exemple).
Matthieu Barry
[*] Enquête réalisée en 2018 sur la base d’un échantillon représentatif de 2 253 salariés, travaillant dans une entreprise privée ou publique.
[**] Analyse portant sur les arrêts de plus de 3 jours incluant les arrêts maladie et les AT/MP et excluant les congés maternité et paternité, sabbatiques et les absences injustifiées. 546 entreprises françaises sondées pour un panel de plus de 250 000 salariés.
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