Interview
Élizabeth et Nicolas Soubelet : « entreprendre en couple permet d’avoir confiance à 120% en son associé »
Élizabeth et Nicolas Soubelet, mariés et parents de 5 enfants, ont quitté leurs emplois de sage-femme et d’ingénieur pour développer un concept unique en Europe : une gourde souple réutilisable nommée Squiz. Le couple fait de la consommation responsable une priorité et fabrique ses produits dans les pays frontaliers. Rencontre avec ces associés écolos qui améliorent le quotidien des familles.
Comment avez-vous eu l’idée de développer un produit encore jamais vu en Europe ?
Élizabeth : J’ai eu l’idée de fonder Squiz en été 2013, peu après la naissance de notre 5ème enfant. Lorsque qu’il a commencé la diversification des aliments, j’ai réfléchi à une solution pour voyager plus léger lorsque l’on partait en famille. J’ai constaté que les petits pots pour bébés étaient en train d’évoluer vers des packagings plus flexibles. J’ai alors pensé à une gourde en plastique souple qui serait réutilisable pour pouvoir emporter aussi les compotes que je fais moi-même. Je la souhaitais écologique, j’ai donc appelé de nombreuses usines françaises qui m’ont ri au nez car la quantité de production que je demandais (50 000 gourdes) n’était pas assez importante pour eux.
Nicolas : Nous avons persisté car nous ne voulions pas que la gourde soit dite « écologique » et produite en Chine. Que de grandes usines d’emballages ne souhaitent pas modifier le processus de fabrication pour d’aussi faibles quantités, c’est compréhensible. Heureusement, nous avons été soutenus par une petite usine suisse qui a cru en notre projet. Nous avons alors pu commencer à commercialiser notre produit.
Créer un produit écologique était une de vos premières exigences ?
Élizabeth : Je ne nous qualifierais pas de famille zéro déchet mais nous y sommes sensibles comme c’est le cas de beaucoup de personnes. Saviez-vous que 600 millions d’emballages type Pom’potes sont jetées par an en France ? La démarche avec Squiz est d’avoir un impact positif de A à Z durant toute la conception et nous avons réussi : l’entreprise a 3 ans cette année et on distribue nos gourdes dans une vingtaine de pays, essentiellement européens. Le bouchon est allemand, le plastique vient d’Italie, le zip est français et tout est assemblé en Suisse. Nous sommes distribués essentiellement dans les réseaux bio : des magasins comme Naturalia, La Vie Claire ou Biocoop par exemple et chez les spécialistes de la puériculture.
Nicolas : On a aussi rejoint le groupe B-Corp qui réunit des entreprises qui mesurent leur impact écologique. Il faut avoir une note minimale de 80/200 points pour l’obtenir et nous sommes l’une des entreprises françaises les mieux classées avec 130 points. Cette certification nous pousse à agir. Le label n’existe que depuis 2 ans en France donc il n’est pas reconnu par les clients mais notre rôle est justement d’informer le public, de leur expliquer en quoi c’est important. D’ailleurs, les entreprises qui ont un fort contrôle de leur impact écologique ont une plus longue durée de vie et les sociétés sensibles à leur RSE sont 13% plus rentables, selon la banque de France.
Vous étiez tous les deux salariés et vous êtes une famille nombreuse. N’avez-vous pas eu peur de vous lancer dans l’aventure ?
Nicolas : Non, nous n’avons pas eu peur mais entreprendre représente des risques, oui. Il faut avant tout regarder l’opportunité que cela représente. J’ai démissionné de mon poste d’ingénieur chez PSA Peugeot Citroën pour rejoindre Élizabeth sur le projet lors de sa soutenance devant France Initiative. Nous demandions un financement de 10 000 €, nous en avons obtenu 15 000. Lorsque des professionnels croient en votre projet, ça renforce vos ambitions.
Quels sont vos projets pour Squiz ?
Élizabeth : On va élargir la gamme à d’autres produits nomades, toujours avec ce focus éco-responsable. Le prochain arrive en automne, c’est une cuillère en plastique créée pour les plus petits. Elle présente un petit trou sur le milieu ce qui permet de la remplir à partir d’une gourde, que les plus jeunes ne peuvent pas utiliser. C’est très pratique pour partir en vacances en famille, ça évite d’accumuler les Tupperware dans le sac !
Recommanderiez-vous d’entreprendre en couple ?
Élizabeth : Nous n’avions pas prévu de travailler ensemble un jour. Nous avons de la chance d’être complémentaires par nos compétences : je m’occupe de la communication et du marketing et mon mari de la relation client et de l’aspect financier. Notre complicité nous a beaucoup aidé et j’ai confiance à 120% en Nicolas, je sais ce qu’il pense et je n’ai pas peur qu’il abandonne le projet sans me le dire.
Propos recueillis par Melissa Carles
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