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Les PME se transmettent mieux que les TPE
Une table ronde sur les transmissions familiales organisée par la banque privée 1818 a été l’occasion de faire un point sur les cessions d’entreprise en France. Et de mettre en avant la pérennité plus importante des entreprises transmises à la famille mais également les freins rencontrés par les chefs d’entreprise tentés par une transmission familiale.
17% des cessions des entreprises françaises : c’est ce que représente en moyenne la transmission familiale en France. Soit plus de 10 000 cessions par an. Les carnets de BPCE l’Observatoire notent une augmentation significative du recours à la transmission familiale pour les PME de 10 à 19 salariés. Celle-ci serait un véritable gage d’efficacité puisque les entreprises transmises à la famille auraient un taux de survie significativement supérieur aux autres : 93% pour les entreprises de 10 à 49 salariés vs 71% pour les autres cessions. Même chose en termes de perspectives économiques et notamment de croissance des effectifs 3 ans après la cession. Mais le choix de transmettre à ses descendants ne va pas de soi. « En France, la transmission familiale n’est pas un modèle automatique de référence, constate Alain Tourdjman, directeur des études économiques et de la prospective du groupe BPCE. Le modèle de valorisation personnelle et d’usage du patrimoine ne va pas de soi. » Au-delà de cet obstacle sociétal, la transmission familiale rencontre un certain nombre de freins d’ordre familial, au premier rang desquels figure l’absence de repreneur potentiel dans la famille, à la fois en termes de compétence et d’appétence. Viennent ensuite la nécessité de vendre pour assurer des revenus futurs et la difficulté de préserver l’équité entre les héritiers. In fine, nombre de chefs d’entreprise envisagent en premier lieu de vendre à un concurrent ou à des personnes physiques hors famille ou à des personnes morales.
Optimisation fiscale de la transmission d'entreprise
Disparition naturelle des TPE de moins de 3 salariés
Après 50 ans, ils sont 60% à envisager davantage une transmission aux descendants directs lorsque la PME a été héritée ou lorsqu’un autre membre de la famille y occupe un poste opérationnel, à la différence des dirigeants d’entreprise créées ou reprises qui envisagent plus volontiers de transmettre à un salarié ou à concurrent. « Il est plus gratifiant pour les dirigeants de céder une entreprise qui fonctionne bien. Plus une PME a une taille significative, plus le souhait de transmettre son entreprise à la famille est important, souligne Alain Tourdjman. » Si les PME suivent un modèle intergénérationnel, avec une volonté de transmettre à priori aux générations suivantes, les TPE seraient sur un modèle opportuniste, en choisissant de transmettre à un héritier qui aurait trouvé sa place dans l’entreprise. Mais s’il y a une forte volonté de cession des dirigeants de TPE en âge de partir à la retraite, dans les faits, peu d’entre eux cèdent réellement leur entreprise. « Les dirigeants ont du mal à céder leur entreprise et l’entreprise vieillit avec eux. On observe une recrudescence des morts naturelles en fin d’activité. Elles sont même majoritaires en-dessous de 3 salariés » note Alain Tourdjman. Il existe pour les TPE un rapport de 1 à 5 entre le noyau dur des dirigeants de plus de 60 ans qui sont déterminés à céder et le nombre d’opérations enregistrées.
Des cessions plus fortes à partir de 60 ans
Le taux de transmission familiale augmente fortement à partir de 60 ans avec une logique générationnelle qui se prolonge jusqu’à 70-75 ans : le transfert de responsabilité s’opère dans le temps. Au-delà de l’âge du dirigeant, le secteur de l’entreprise influe sur le choix de cession. Ainsi, le taux de transmissions familiales est plus faible dans le secteur des services, qui nécessite un certain niveau d’expertise et des formations externes à l’entreprise, que dans le commerce, la construction ou les transports, où les descendants peuvent acquérir des compétences et un savoir-faire en interne. Si les transmissions familiales augmentent avec l’âge, il en va différemment des cessions d’entreprise en général. Ainsi, les cessions au-delà de 60 ans sont minoritaires, concernant seulement 17% des cessions de TPE et un tiers des cessions de PME et ETI. In fine, elles s’expliqueraient essentiellement par d’autres facteurs, comme la taille de l’entreprise. « Plus elle a une taille importante, plus son taux de cession sera élevé » relève ainsi Alain Tourdjman.
Charlotte de Saintignon
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