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Les PME françaises et l’international, le nuage s’arrête à la frontière
Grâce à un marché domestique dynamique, les PME françaises affichent encore une bonne santé en 2019, selon la 70e enquête de conjoncture de Bpifrance Le Lab. Même si les premiers stigmates du ralentissement mondial apparaissent.
Rien ne vaut son chez-soi. L’optimisme des PME françaises n’a (presque) pas perdu une ride l’année dernière, selon la dernière enquête de conjecture de Bpifrance Le Lab publiée le 22 janvier 2020. Seul hic : la confiance s’érode du côté des PME exportatrices pour lesquelles le poids des incertitudes internationales se fait sentir. Pas de quoi entacher toutefois les prévisions pour 2020 qui restent globalement favorables.
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Un marché domestique à toute épreuve
Activité, emploi, investissement… Si des disparités sectorielles et régionales existent, tous les voyants sont globalement au vert, et ce, grâce à « des conditions économiques domestiques robustes ». Les TPE, peu exposées à l’international, enregistrent une activité en hausse de + 5 points. D’une manière générale, les dirigeants PME tablent sur une croissance de leur chiffre d’affaires (CA) de + 3,8 % en 2019. Des prévisions revues à la hausse depuis mai dernier (+ 2,7 %). Le solde d’opinion est bon, perché à + 25, toujours au-dessus de la moyenne de long terme (+ 17), et ce, « malgré un léger tassement de leurs carnets de commandes sur les six derniers mois ».
Les embauches s’accélèrent, l’indicateur en solde d’opinion progressant de 3 points pour atteindre + 19. Son niveau le plus haut depuis 2001. Un chiffre corrélé par la croissance soutenue de l’emploi en 2019 enregistré par l’Insee (+ 196 200 créations nettes d’emploi sur les 3 derniers trimestres contre + 159 700 sur l’année 2018). La transformation du CICE en baisse de charges pérenne est invoquée. Dans le détail, les PME de 10 à 19 salariés (+ 6 points) et celles centrées vers le marché domestique (+ 4) compensent notamment le coup de moins bien des PME de 50 à 99 salariés (- 6). Par contre, presque tous les dirigeants éprouvent des difficultés à recruter (87 %).
Côté trésorerie, Bpifrance Le Lab fait état d’une amélioration continue depuis 6 ans. 82 % des PME considèrent en 2019 que leur rentabilité a été « bonne » ou « normale » (81 % en novembre 2018). Pas de changement de programme à l’horizon avec un solde d’opinion en hausse d’un point pour 2020. L’accès au crédit est de plus en plus aisé : seules 13 % des PME déclarent avoir rencontré des difficultés (- 2 points sur un an). S’il est porté par une proportion plus faible de PME (52 % en 2019 contre 57 % en 2018), l’investissement poursuit sa dynamique (+ 7), un indicateur largement supérieur à sa moyenne de long terme (- 1).
Seules les PME exportatrices pâtissent
Alors que l’activité des PME de la construction et des services bat son plein (+ 7 et + 3), celle des PME de l’industrie tourne de l’œil. La faute notamment aux aléas du commerce mondiale : « l’intensification des tensions commerciales, entre les États-Unis et la Chine en particulier, les difficultés du secteur automobile et les incertitudes sur les modalités de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne contribuent à ce ralentissement », expliquent les laborantins de la Bpi.
Le solde d’opinion d’activité des PME exportatrices chute de 11 points en 2019 contre une hausse de 4 points pour celui des PME non-exportatrices. L’activité et l’embauche des PME industrielles, les plus impactées, diminuent (- 7 et – 3 points). Pour autant, le secteur industriel français résiste mieux que celui des pays voisins, notamment le secteur allemand en chute libre (secteur automobile en souffrance).
Pour 2020, les perspectives sont donc au beau fixe pour le marché intérieur (tourisme, transports, construction et services). Les PME non-exportatrices affichent un solde d’opinion d’activité en hausse de 2 points. En revanche, celles qui exportent anticipent un ralentissement aussi bien de leur activité (- 10 points) que de leur embauche (- 9 points). « Les PME françaises restent globalement confiantes pour 2020, notamment concernant les perspectives du marché domestique. Ce scénario dépendra également de nos principaux partenaires commerciaux et de la solidité de leur croissance en dehors du secteur industriel, de même qu’un prix du pétrole stable », résume Philippe Mutricy, fondateur de Bpifrance Le Lab.
Matthieu Barry
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