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[Coronavirus] Business model : la start-up WeWard pivote avec succès

Yves Benchimol, cofondateur de WeWard, ne veut pas subir la crise. L’entreprise a décidé d’en faire une opportunité pour changer son business model et tester son application auprès de sa communauté.

[Coronavirus] Business model : la start-up WeWard pivote avec succès
« Nous avons eu 5 000 téléchargements le jour même contre 1 000 en temps normal », se réjouit le fondateur de l’app qui compte un million de téléchargements en avril 2020. © Adobe Stock

À l’image des 53 % des entrepreneurs de la tech française qui estiment que cette période peut devenir une chance[*], l’app mobile WeWard – qui récompense les gens qui marchent – a rebondi et pivoté avec succès, un an seulement après son lancement en avril 2019. « Faire marcher les gens n’avait plus de sens. On a donc inversé le mécanisme et incité nos utilisateurs à poursuivre une activité physique chez eux », explique Yves Benchimol, cofondateur de la start-up. WeWard ne récompense désormais que les utilisateurs qui respectent les recommandations du gouvernement : plus on reste à la maison, plus on gagne des points, convertibles en cartes cadeaux, en euros ou en dons à des associations. Pour continuer sa croissance, la start-up récompense désormais les utilisateurs qui poursuivent une activité physique à domicile.

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Une audience au rendez-vous

Du coup, « les utilisateurs font de la corde à sauter, un ménage plus tonique ou du sport à domicile pour gagner des points », se réjouit le cofondateur. L’initiative de WeWard, relayée sur les réseaux sociaux le jour de l’annonce du confinement, a permis de multiplier par cinq le nombre de téléchargements de l’app. « Nous avons eu 5 000 téléchargements le jour même contre 1 000 en temps normal », se réjouit le fondateur de l’app qui compte un million de téléchargements en avril 2020, dont 500 000 actifs (utilisateurs qui se connectent au moins une fois par mois).

« On a dû redoubler d’efforts pour pivoter et s’adapter au plus vite. »

« La valeur numéro un d’une app mobile est son audience. Notre premier objectif était donc de la conserver en fournissant un service avec une valeur ajoutée ». Au final, l’entreprise n’a connu qu’une baisse de 20 % du nombre de ses utilisateurs. Pour pallier cette diminution, les fondateurs ont imaginé un système de parrainage. « Nous prenons le temps de communiquer avec nos utilisateurs, de comprendre ce qu’ils veulent et ce qui leur plaît. » Travaillant encore plus intensément qu’auparavant, l’entreprise n’a mis aucun de ses salariés en activité partielle. « On a dû redoubler d’efforts pour pivoter et s’adapter au plus vite. »

Les huit salariés planchent tant sur le développement technologique que sur la partie marketing et commerciale pour développer de nouvelles offres. La crise est un vrai vecteur d’innovations pour la start-up. « On imagine plein de nouvelles fonctionnalités que l’on teste chaque semaine », se félicite Yves Benchimol.

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Un chiffre d’affaires en hausse…

L’application, qui recommande des lieux à proximité et se fait rémunérer par les commerçants pour le trafic qu’elle leur rapporte a changé son modèle économique suite à la fermeture des commerces et des lieux publics. Pour préserver sa trésorerie, l’entreprise a développé de nouvelles sources de revenus. « Nous avons lancé la publicité sur l’app en lien avec l’activité physique et des questionnaires en ligne grâce aux partenariats noués avec des instituts de sondage. »

« En temps de crise, il est important de reprendre sa structure de coût et de renégocier les contrats avec ses prestataires. Nous sommes tous dans le même bateau et chacun doit faire des concessions. »

Dernière innovation, l’entreprise a développé une marketplace dédiée aux commerçants souhaitant proposer des produits valables en livraison sur l’application mobile. Résultat : l’entreprise a réussi à faire croitre son chiffre d’affaires de 25 % en mars et mise sur une hausse de 35 % en avril. « Nos utilisateurs sont ultra-actifs et passent beaucoup de temps sur l’app. Mais nous savons par exemple que les questionnaires ne sont pas une source de revenus viable à long terme. »

Côté trésorerie, l’entreprise est particulièrement attentive à ses dépenses. Yves Benchimol a renégocié les tarifs pratiqués avec l’ensemble de ses prestataires. « En temps de crise, il est important de reprendre sa structure de coût et de renégocier les contrats avec ses prestataires. Nous sommes tous dans le même bateau et chacun doit faire des concessions », confie-t-il. Malgré cette bonne tenue financière, la start-up étudie la possibilité de débloquer un prêt. « Nous sommes en discussion avec notre banque et avec la bpi. »

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… mais une levée de fonds en stand-by

Tout n’est pourtant pas au beau fixe. « Tout cela représente beaucoup de travail et de stress avec une vision de demain qui reste incertaine », reconnaît l’entrepreneur. L’entreprise, aujourd’hui rentable avec un modèle économique stable, s’autofinance depuis le début. Elle préparait depuis quelques mois une levée de fonds qu’elle a dû repousser. « Les investisseurs sont frileux en cette période, d’autant plus que notre modèle économique de base n’est pas adapté à la situation ».

L’application, qui comptait avant le confinement 500 lieux partenaires, n’en compte plus qu’un seul aujourd’hui, Carrefour City. L’entreprise espère que ces partenariats reprendront quand les commerçants rouvriront leurs portes. Quant aux négociations en cours, elles ont toutes été stoppées d’un coup. « Nous étions sur une très bonne dynamique avant le confinement. Cela va prendre du temps de tout reprendre. On risque d’en perdre certains car les budgets seront plus serrés ».

[*] Baromètre réalisé par Chausson Finance.

Charlotte de Saintignon

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