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[Interview] Fermeture des bars et restaurants à Aix-Marseille : « On a l’impression d’être stigmatisé »
Sous le choc des nouvelles restrictions annoncées par le ministre de la Santé Olivier Véran ce mercredi 23 septembre, la présidente de la CPME de Marseille, Corinne Innesti, fait part de sa colère quant à la quatorzaine imminente des bars et restaurants des Bouches-du-Rhône.
Nouveau coup de massue sur la tête du secteur HCR. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé ce mercredi 23 septembre lors d’un point presse, la fermeture prochaine des bars et restaurants à Aix-Marseille. Une décision abrupte, unilatérale et injuste, pour Corinne Innesti, présidente de la CPME 13, qui défend l’intérêt des TPE/PME de la région, pour la plupart, encore aux abois.
Vous attendiez-vous à cette nouvelle restriction ?
S’y attendre, non. Ça a été une surprise et au-delà de l’étonnement, une grosse crise de colère. Le fait qu’on n’ait pas été consulté, je trouve ça particulièrement – peut-être n’est-ce pas le bon mot – scandaleux. Le préfet a pris des mesures il y a une quinzaine de jours qui devaient durer un peu plus longtemps. Avec lui, on aurait été concerté, on avait le temps de discuter par exemple de la fermeture décidée à minuit trente. Là, c’est un coup de semonce à tous les niveaux. Je me fais l’écho de nos amis restaurateurs, barmans et tous ceux concernés par ces nouvelles restrictions… Il n’y a pas de mot, c’est un vrai tsunami, un cataclysme.
La comprenez-vous ?
Il y a consensus avec tous les acteurs économiques ou politiques à Marseille. On a l’impression d’être stigmatisé. Nous sommes les seuls en métropole à subir des mesures aussi graves. Cela revient tout bonnement à être « reconfiné ». Le secteur de l’évènementiel a été mis à mal avec l’annulation de la foire de Marseille alors que la feria de Arles a par exemple été maintenue ? Pourquoi estime-t-on qu’à certains endroits les mesures de sécurité sont suffisantes et dans d’autres, non ?
« Nous voudrions que ça ne soit pas les mauvais élèves qui fassent payer les bons élèves ! »
Ici, tout le monde est concerné alors qu’il est probable qu’il y est des endroits où les mesures sanitaires ne sont aussi bien mises en place. Ce qui étonne beaucoup dans le secteur, c’est l’écart entre les consignes draconiennes que l’on nous a imposées et le respect des mesures sanitaires hors de nos murs. Par exemple, nos salariés ne portent pas forcément leurs masques dans le métro et que dire des places alternées ? C’est terminé, le métro est bondé ! La promiscuité dans les transports est aussi dangereuse voire plus que dans nos restaurants. D’une manière générale, nous voudrions que ça ne soit pas les mauvais élèves qui fassent payer les bons élèves ! Au-delà de cette injustice, le principe de précaution est monté à un degré excessif, on craint un « reconfinement » totale de l’économie.
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Les restaurateurs marseillais sont-ils assez armés ?
Dans le secteur HCR, paradoxalement on a eu une assez bonne saison sur l’été 2020. La reprise d’activité a peut-être était un peu meilleure que prévue grâce à l’afflux des touristes confinés dans l’Hexagone. Mais là, la reprise amorcée est complètement anéantie… Le chef d’entreprise est surtout un entrepreneur patrimonial, qui a tout investit dans son entreprise, son temps, son argent, sa famille… Il part au combat, il est motivé, il a de la force, de la résilience.
Lui, il fait tout pour y croire, mais là, le coup au moral est violent. Surtout que le chômage partiel et l’exonération de charges sociales annoncés pour les aider à surmonter ce nouveau reconfinement sont des mesurettes ! D’ailleurs, ils ne veulent pas d’aides, ils veulent vivre et travailler…
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Quelle action comptez-vous mener ?
Comme cette décision a été prise sans concertation et qu’elle a été imposée de façon unilatérale, je souhaite aujourd’hui qu’elle soit discutée, voire ajournée. Je me joins à la ville de Marseille qui demande un moratoire d’une semaine ou 10 jours, avec à la clef des chiffres et des réunions en préfecture par exemple. Si la mesure entre en vigueur, elle le serait lundi au lieu de samedi comme annoncée compte tenu de la soudaineté de l’information [Le ministre de la Santé a annoncé samedi 26 septembre que la fermeture sera finalement effective dimanche 27 septembre au soir et durera 7 jours, puis une semaine de plus si la situation sanitaire est inchangée, ndlr].
Pour le reste, nous demandons depuis longtemps l’exonération réelle et totale des charges sociales reportées. Sur les baux commerciaux, beaucoup d’annonces ont été faites mais dans les faits, rien ne s’est concrétisé. On attend des gestes beaucoup plus forts d’exonérations de loyers. Le prix des baux commerciaux dans les grands centres commerciaux, c’est pharaonique ! Puis, si la situation est intenable, nous espérons que ces mesures de « reconfinement » qui se profilent, accélèrent enfin l’indemnisation des pertes d’exploitation des entreprises par les assurances.
Trois niveaux d’alerteLes nouvelles mesures « anti-Covid » annoncées par le ministre de la Santé sont déclinées en fonction de la gravité de la situation :
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Propos recueillis par Matthieu Barry
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