Réouverture des commerces : Bercy prépare le terrain pour le 28 novembre

Un report du Black Friday du 27 novembre au 4 décembre contre une réouverture des commerces le week-end du 28 novembre. Voici le deal de Bercy accepté hier par les acteurs de la grande distribution, du commerce et du commerce en ligne. Avec le nouveau protocole sanitaire présenté le même jour à une dizaine de fédérations et l’épidémie qui poursuit sa décrue, le dossier porté par le ministère de l’Économie est solide. Et la réouverture de tous les commerces le week-end prochain, plausible. Si Matignon ne freine pas des quatre fers, le président de la République pourrait valider la formule dès mardi prochain.

Amazon répond à l’appel

Pour l’éthique, Bercy a souhaité repousser le Black Friday, la grande braderie des achats de Noël, qui aurait été cette année l’apanage des commerçants ouverts, soit la grande distribution et le e-commerce. La grande distribution a répondu présent aux lendemains de la polémique des rayons fermés. « Système U est favorable au compromis […] pour permettre une réouverture sereine et sécurisée de tous les commerces dès le samedi 28 novembre », a fait savoir son PDG Dominique Schelcher sur twitter quand Michel-Edouard Leclerc « défend l’idée d’une réouverture de tous les commerces (petits et grands) le plus en amont possible des fêtes de Noël ».

Mais tous les regards étaient tournés vers Amazon. « Aujourd’hui, comme d’autres grands distributeurs français et en tenant compte de la recommandation du gouvernement, nous avons décidé de reporter le Black Friday si cela permet aux commerces de rouvrir avant le 1er décembre », a consenti sur TF1, le directeur général d’Amazon France, le 19 novembre. En rentrant dans la boucle, l’ogre américain scelle le pacte solidaire. Un « win win » salvateur pour le secteur, un pied de nez à l’éthique du « tous fermés ».

Surtout, les commerces « non-essentiels » rafleraient le week-end phare de fin novembre. Deux jours qui pèsent lourd dans le chiffre d’affaires. Objectifs : écouler les stocks des commerçants « non-essentiels » et désengorger les hypermarchés. « Cela permettrait d’éviter les cohues », rapporte par exemple Michel-Edouard Leclerc sur twitter. Tous à cheval sur le sanitaire.

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Le protocole est prêt

« Le protocole sanitaire pour l’ensemble des commerces et l’ensemble de la grande distribution doit être conclu vendredi [20 novembre, ndlr] et être opérationnel lundi prochain [23 novembre, ndlr] », avait annoncé Bruno Le Maire lundi 16 novembre sur Cnews. Bercy est dans les temps. Le nouveau protocole a été présenté hier matin aux fédérations et a été transmis dans la foulée au Haut Conseil de la santé publique pour validation.

La jauge de 4m2 par client devrait être doublée. Les petits commerces dont la jauge de 8m2 serait impossible à tenir n’accueilleraient qu’un seul client à la fois. La prise de rendez-vous évoquée maintes fois ces derniers jours ne serait finalement pas obligatoire, mais conseillée. Du côté des grandes surfaces de plus de 400 m2, un contrôle à l’entrée et à la sortie du magasin devrait être effectué. Elles devraient systématiquement compter le nombre de clients présents en magasin (hors salariés).

Les commerçants pourraient ouvrir tous les dimanches du mois de décembre (voir même en janvier). Une demande réitérée aujourd’hui par plusieurs fédérations (CAMF, FFAC, CNCC, FNCV et CDF) pour « une question d’équité avec les pure-players et le e-commerce ». Ils seraient autorisés à ouvrir plus tôt et plus tard, probablement jusqu’à 22 heures en soirée. Des dérogations rendues possibles par l’état d’urgence sanitaire réactivé jusqu’au 16 février 2021. Ils devraient enfin se faire les promoteurs de l’application TousAntiCovid.

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Un pic épidémique franchi

Reste le comportement sibyllin de l’épidémie. « Grâce au confinement, comme au mois de mars, le virus commence à moins circuler. Depuis dix jours consécutifs, le nombre de nouveaux diagnostics de Covid-19 diminue, le taux de positivité des tests et le taux d’incidence baissent. Tout porte donc à croire que nous avons passé un pic épidémique », a fait savoir le ministre de la Santé, Olivier Véran, le 15 novembre, dans un entretien accordé aux journaux régionaux du groupe Ebra. De quoi ouvrir une brèche.

Fermée quatre jours plus tard. « Ce n’est pas parce que le niveau de la marée est en train de baisser qu’on peut sortir en toute quiétude dans la rue, a-t-il tempéré lors du point d’étape du 19 novembre. Les indicateurs épidémiologiques s’améliorent, la dynamique épidémique s’est réduite […] mais la pression sanitaire reste extrêmement élevée dans notre pays. » En résumé : « Le confinement n’est pas terminé. Ce n’est pas d’actualité de déconfiner le pays. Nous devons poursuivre nos efforts […] pour casser l’épidémie et vaincre le virus ».

Sur la même longueur d’onde, le Premier ministre a simplement déclaré hier lors d’un point presse que la réouverture des commerces était « sur la bonne voie ». « Je n’imagine pas que l’on sera au 1^er décembre comme on l’était avec les mêmes règles applicables à l’entrée du confinement », laissait-il toutefois entendre devant la commission d’enquête du Sénat le 17 novembre.

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Matthieu Barry