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Prêts participatifs : « la distribution sera effective à partir de la semaine prochaine »
Les réseaux bancaires sont prêts à signer les premiers contrats de prêts participatifs Relance début mai et accueillent dès aujourd’hui les PME intéressées pour l’analyse des dossiers. 12,2 Md€ de prêts sont sur la table. Un dispositif d’une ampleur inédite en Europe.
« Nous comptons déjà plusieurs milliers de déclarations d’intérêts, s’est réjouie Maya Atig, directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF) lors d’un briefing téléphonique ce lundi 26 avril. Les souscriptions auront lieu courant mai. À partir de la semaine prochaine la distribution pourra être effective. » Les PME en bonne santé sont donc invitées à contacter dès à présent leur interlocuteur bancaire. « Vous pouvez y aller aujourd’hui. Entre la prise de contact et l’arrivé des fonds, nous devrons analyser les dossiers. C’est l’affaire de quelques semaines, quelques jours. La procédure est tout à fait standard », a expliqué Maya Atig.
Pour rappel, ces prêts participatifs concernent les PME/ETI qui présentent un chiffre d’affaires (CA) en 2019 supérieur à 2 M€. « Les entreprises éligibles sont celles qui étaient saines avant la crise et dont les projets de développement ont été freinés », a rappelé Sébastien Raspiller, chef du service du financement de l’économie à la direction générale du Trésor. L’objectif étant de juguler « l’attentisme superflu ». Les PME pourront emprunter jusqu’à 12,5 % de leur CA 2019, les ETI jusqu’à 8,4 %. Les prêts durent 8 ans et ne devront être remboursés qu’au bout de la 4ème année. Bruno Le Maire avait mentionné en mars une fourchette de taux compris entre 4 et 5,5 % pour les PME (plus élevée pour les ETI) mais la tarification reste libre. « La concurrence pourra jouer », a rappelé le Trésor.
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11 Md€ de prêts participatifs ont été levés
Un premier tour de table a permis de lever 11 Md€ auprès de la Caisse des dépôts et consignations et 18 compagnies d’assurance (Assurances du Crédit Mutuel, AG2R La Mondiale, Allianz, Aviva, AXA, BNP Paribas Cardif, CNP Assurances, Covéa, Crédit Agricole Assurances, Generali, HSBC Assurances, Natixis Assurances, Neuflize Vie, PREPAR-VIE, SMA, Société Générale Assurances, Suravenir et Swiss Life). Soit 12,2 Md€ de prêts disponibles aujourd’hui pour les PME/ETI, avec les 1,2 Md€ sans garantie assumés directement par les banques. Il s’agirait de « la plus importante levée de fonds privés [de ce type, ndlr] en Europe », a souligné Bercy.
11 milliards € de prêts participatifs relance ont été levés auprès des assureurs et de la Caisse des dépôts pour être investis dans les PME et les ETI françaises. Cet argent frais, disponible dès début mai, leur permettra d’investir et de créer des emplois. #FranceRelance pic.twitter.com/AtK7KHdmr8
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) April 26, 2021
« Un second closing est à prévoir courant juin 2021 compte tenu de l’intérêt manifesté par plusieurs investisseurs potentiels », a d’ores et déjà annoncé la FFA dans un communiqué. De quoi probablement atteindre l’objectif affiché de 14 Md€ de prêts financés d’ici fin juin 2022. Les obligations Relance, dont l’enveloppe prévue s’élève à 6 Md€, seront disponibles dans la foulée. « On a commencé à travailler sur les obligations Relance, nous comptons sur l’expérience des prêts », a expliqué Florence Lustman. La limite de 20 Md€ pourrait être repoussée par une seconde loi de finances en cas de succès. D’ici là, les assureurs tablent sur 12 000 entreprises bénéficiaires.
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Un dispositif qui attise la curiosité
Ces prêts participatifs mettant en jeu l’épargne à long terme des assurés sont inédits. Un pari de sortie de crise franco-français que l’Europe regarde du coin de l’œil. « Des États membres [de l’Union européenne, ndlr] nous ont interrogés après l’événement du 4 mars, a signalé le chef du service du financement de l’économie à la direction générale du Trésor. On a aussi eu des demandes hors Europe, plus exotiques. Des fédérations européennes et acteurs de marché sont également intéressés par l’outil. »
« Ce dispositif est généralisable à d’autres pays en Europe », assure Florence Lustman. Seule inconnue et pas des moindres : l’intérêt des entreprises pour cet objet Relance non-identifié. « On est hors norme en nombre d’entreprises touchées et en terme de volumétrie globale. Il faut que les entreprises soient intéressées rapidement et massivement pour que cela fonctionne », appuie Sébastien Raspiller. Un all-in dont les gains pour l’État passeraient au second plan. « Nous nous basons sur une simulation correspondant à l’équilibre pour l’État. C’est un investissement dans l’avenir de l’économie française. Et c’est l’avenir qui dira quel sera le résultat net. Cet instrument va permettre aux entreprises de renforcer leur trajectoire de développement. Il sera bénéfique de facto pour l’État. »
Et pour les TPE/PME en difficulté ?« Tout une partie de l’économie française est en train de redémarrer, s’est ainsi félicité le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, lundi matin sur Europe 1. Avant de rassurer les autres entreprises. « Et puis, il y a les autres : les restaurateurs, les bars, les hôtels, le tourisme, l’évènementiel, etc. Pour tous ces secteurs, le retrait des aides ne peut être que progressif », a-t-il confirmé. Le 22 avril, le ministre avait également annoncé que les entreprises pourront continuer de souscrire un prêt garanti par l’État (PGE) jusqu’à la fin de l’année 2021 (au lieu du 30 juin 2021). Ces PGE « nouvelles générations » pourraient être utilisés pour payer les dettes d’exploitation (factures de fournisseurs par exemple). Les exonérations partielles de charges et le fonds de solidarité seraient maintenus encore plusieurs mois. Idem du côté de l’activité partielle dont les taux baisseront progressivement à partir du 1er juin (au lieu du 1er mai). |
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Matthieu Barry
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