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Défaillances d'entreprises : un bilan toujours positif mais encore temporaire
Selon un rapport d'Altares rendu le 11 octobre 2021, le volume des procédures collectives n'a jamais été aussi bas depuis deux ans. Avec 5 311 défaillances d'entreprises au 3ème trimestre, soit un recul de 20,8 % par rapport à 2020, le nombre de jugements est deux fois plus faible qu'avant la Covid à la même période. Mais si les signaux sont aux verts en apparence, les TPE/PME restent fragilisées, et le combat est loin d'être gagné.
À l’heure où chacun savoure le retour à la vie normale, les entreprises, elles aussi, récupèrent leur souffle. Le nombre de défaillances d’entreprises, toutes procédures confondues, n’a jamais été aussi bas depuis deux ans, passant de 10 571 en automne 2019 à 5 311 aujourd’hui (cela ne tient pas compte des procédures amiables). En juillet dernier, le rapport Benoit Cœuré dressait peu ou prou le même constat : « Un peu plus de 29 000 entreprises défaillantes au mois de mars 2021 contre un peu plus de 49 000 entreprises sont identifiées comme telles de février 2019 à février 2020, soit une baisse d’environ 42 % ».
Cette baisse est visible sur toutes les régions de France : la Corse enregistre la plus grosse baisse ( – 53 %) suivie de la Bretagne (- 30 %) et des Pays-de-la-Loire (- 29,6 %). En Île-de-France aussi, la baisse est sensible ( – 21,5 %) bien que la situation se soit dégradée en Seine-et-Marne (+ 12 %) et dans le Val d’Oise (+ 24 %).
Un net recul dans le secteur de la restauration
« Alors que les économistes anticipaient une augmentation importante des défaillances d’entreprises, non seulement elles ne se sont toujours pas produites, mais on reste au deuxième trimestre 2021 sur des niveaux nettement plus faibles qu’avant crise. Il est difficile d’imaginer que les mesures de soutien y soient étrangères », soulignent les experts du rapport Cœuré.
À première vue, le secteur de la restauration semble le plus épargné par la crise avec 46,1 % de défaillances en moins ce trimestre par rapport à l’année dernière. Dans le détail, le recul est de – 29 % pour les hôtels, – 43 % pour la restauration à table, – 51 % en restauration rapide et – 54 % pour le débit de boisson.
Pour mémoire, le prêt garanti par l’État (PGE) ne s’adressait qu’aux entreprises « en difficulté » après le 31 décembre 2019 alors que le report de charges sociales n’était possible que pour celles en difficulté avant le 31 décembre 2019. Or, dans le secteur de l’hébergement et de la restauration, près de 63 M€ ont été alloués à des entreprises défaillantes avant mars 2020 (et 101 M€ après cette date).
De son côté, le bâtiment (dont les entreprises en difficulté avant mars 2020 ont touché 32 M€) enregistre une baisse de – 20,8 % de défaillances à l’exception de la construction de maisons individuelles (+16 %) ainsi que les activités d’installation thermique et de menuiserie métallique.
Même bilan pour le commerce, dont les procédures ont baissé de – 22,3 % par rapport à l’an passé – hormis dans la branche « machine et équipements » qui augmente de + 5 % – notamment en raison de la fermeture des entreprises et du télétravail imposé.
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Les petites entreprises se tournent souvent trop tard vers les Tribunaux
Si les entreprises sont encore debout malgré les contraintes de fermetures, de jauges, et du passe sanitaire, les TPE/PME restent fragiles. 9 procédures sur 10 concernent des TPE (93 %) et bien qu’elles enregistrent une baisse globale du nombre de défaillances (- 21 %) à l’automne 2021 par rapport à la même période, elles se tournent encore trop tard vers le tribunal.
Seules 159 entreprises ont bénéficié d’une procédure de sauvegarde (+2,6 %), 1 292 ont été placées en redressement judiciaire (- 11,9 %) et 3 860 sont directement passées en liquidations judiciaires (- 24 %), dont 3 666 avaient moins de 10 salariés.
« Le printemps 2022 s’annonce extrêmement tendu pour les entreprises qui ne seraient pas en mesure d’honorer les premières échéances [PGE] »
Un taux de liquidations directes qui reste donc très élevé (70,8 %) pour les entreprises de moins de 6 salariés, contrairement aux PME qui optent davantage pour les procédures de sauvegarde. Le rapport dévoile par ailleurs des signes d’alerte concernant les entreprises de 10 à 19 salariés qui enregistrent une augmentation de 2,9 % du nombre de procédures collectives due notamment à la très forte hausse du nombre de redressements judiciaires (28 %).
Sans dresser de conclusions hâtives pour la suite, Thierry Millon qui dirige les études Altares, tire la sonnette d’alarme quant au dernier trimestre 2021. « Le recouvrement forcé et les assignations ne sont pour l’instant pas d’actualité, précise-t-il. Or, environ un tiers des procédures de défaillances sont ouvertes sur assignations et cet accompagnement public va finir par s’éteindre. Il est encore temps de s’y préparer. En parallèle, les entreprises vont devoir composer avec l’amortissement des prêts garantis par l’État. Rappelons qu’elles sont 690 000 à avoir obtenu un PGE à la mi-septembre 2021, dont près des deux tiers ont été signés dès le début du dispositif. Le printemps 2022 s’annonce donc extrêmement tendu pour les entreprises qui ne seraient pas en mesure d’honorer les premières échéances. »
Pour réussir la transition, le gouvernement mise beaucoup sur le dispositif de « traitement de sortie de crise » prévu par la loi du 31 mai 2021 dédiée au TPE/PME.
La création de « petite » entreprise ne connait pas la criseLa dynamique est globale puisque 848 2001 entreprises ont été créées au premier trimestre 2021 soit une hausse de 4 % par rapport à 2019 à la même période. Mais, c’est le régime du micro-entrepreneur qui concoure majoritairement à cette hausse (+ 9 %), alors que les créations d’entreprises individuelles classiques diminuent (- 13 %) et que le nombre de créations de sociétés est resté stable en 2020 (+ 0 %). La demande de livraison de repas à domicile ayant fortement augmenté avec la pandémie, la création de microentreprises s’est concentrée dans le secteur de la livraison à domicile (+ 22 400 créations). |
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Emmanuelle Bernard
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