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Les défaillances d’entreprises au plus bas depuis 35 ans
En baisse de près de 12 % par rapport à 2020 et de 45 % par rapport en 2019, le nombre de défaillances d’entreprises est au plus bas depuis 1986, selon la dernière étude du groupe Altares.
Une année record, encore. La vague de faillites tant redoutée n’a pas eu lieu en 2021, elle a même reflué de 12 % par rapport à 2020, selon le groupe Altares. Les aides de l’État prolongées durant l’année (fonds de solidarité, prêt garanti par l’État, exonération ou report de cotisations, activité partielle) et la reprise économique ont plus que limité la casse. Le niveau de défaillances d’entreprises est ainsi inférieur de 45 % à celui d’avant-crise en 2019, avec 28 371 procédures enregistrées.
Du jamais vu depuis 1986, période de fin de la grande inflation due au premier choc pétrolier. Quant à celle qui sévit aujourd’hui, elle « pourrait amputer sévèrement le pouvoir d’achat et peser sur la consommation des ménages » mais « rien à ce stade ne permet de redouter une explosion du nombre de procédures collectives » en 2022, assure Thierry Millon, directeur des études Altares.
Affronter les difficultés de son entreprise
Toutes les typologies d’entreprises résistent
La baisse du nombre de défaillances d’entreprises concerne toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Les PME de 20 à 49 salariés enregistrent une forte baisse des sauvegardes et des redressements judiciaires en 2021. Seulement 187 PME d’au moins 50 salariés ont fait défaut en 2021, contre 289 en 2020 et 350 en 2019. Le nombre d’emploi menacés est tombé à 95 000 en 2021, contre 133 000 en 2020 et près de 174 000 en 2019. Selon les derniers chiffres de la banque de France, le nombre de défaillances des micro-entreprises et des TPE a également respectivement chuté de 47,1 % et 34,9 % en 2021 par rapport à 2019 (- 12,7 et – 6,1 % par rapport à 2020).
Seule ombre au tableau : le nombre de liquidations judiciaires, en baisse de 9,4 % sur 2021, qui repart à la hausse en fin d’année (+ 2,8 % sur les trois derniers mois). « Les trois quarts (75 %) des jugements prononcés concernent désormais des liquidations contre deux sur trois (66 %) habituellement », notent les auteurs de l’étude. Cette procédure vise à mettre fin définitivement à l’activité de la société, contrairement au redressement judiciaire. Les PME de 20 à 49 salariés enregistrent une augmentation notable de 6 % des liquidations judiciaires en 2021.
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La restauration s’accroche, le BTP décroche
Côté secteurs, la restauration surnage avec seulement 2 085 défaillances d’entreprises en 2021, soit – 37 % par rapport à 2020. Tout comme l’habillement (- 43 %). Les voyants sont globalement au vert pour le secteur des transports (- 5,1 %), de l’industrie (- 12,5 %), des services aux entreprises (- 7 %), du sport et loisirs (- 38,1 %), de la coiffure, des soins de beauté et corporels (- 19,7 %) ou du commerce (- 13, 5 %). Certains secteurs repartent néanmoins à la hausse au 4ème trimestre comme l’hébergement (- 20 % durant l’année mais + 7 % en fin d’année) ou les services aux entreprises (+ 5 %).
En revanche, le secteur du bâtiment est à la peine (+ 0,4 % de défaillances en 2021 par rapport à 2020). Seul le second œuvre affiche encore un recul des défauts (- 5,5 %). La promotion immobilière enregistre la hausse la plus forte : + 56 % en 2021. Les travaux publics accusent une hausse de 9,1 %. Et la dégradation s’accélère au 4ème trimestre pour la construction (+ 8,4 %) et le bâtiment (+ 12,9 %). Hors BTP, la réparation de véhicules (+ 8,2 %), la métallurgie (+ 9,9 %) ou le fret (+ 15 %) ont connu davantage de défaillances en 2021.
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Vers une « normalisation » en 2022 ?
La hausse du nombre de procédures collectives engagées en fin d’année 2021 « nous invite à nous préparer à une normalisation progressive des affaires sur l’année 2022 », estime Thierry Millon. Le dernier trimestre étant tout juste à l’équilibre avec 8 256 procédures ouvertes, soit 0,6 % de plus par rapport au même trimestre 2020. Si le risque n’a pas disparu, les aides réactivées début 2022 pour passer le cap de la vague Omicron devraient « limiter les dépôts de bilan dans les prochains mois ». « Il n’y a donc à ce stade aucun signe d’une reprise des défaillances ou d’une vague de faillites à venir », assure la banque de France.
Quant à la suite, le cabinet Euler Hermes prédit dans une étude publiée en octobre 2021 un bond des défaillances d’entreprises de + 40 % en France et de + 15 % dans le monde en 2022. « Nous prévoyons un fort rebond des défaillances en France en 2022, de l’ordre de + 40 %. Ce rebond ne sera pas suffisant pour rattraper les niveaux de 2019. Toutefois, il est annonciateur d’une tendance : une reprise lente, mais progressive et durable, de la recrudescence des défaillances d’entreprises en France, synonyme de résurgence du risque d’impayés », a précisé Ana Boata, directrice de la recherche économique d’Euler Hermes.
Selon la dernière enquête de conjoncture de Bpifrance Le Lab[*], 66 % des TPE/PME auraient retrouvé un niveau normal d’activité fin 2022, le solde d’opinion sur l’évolution anticipée de l’activité se redressant nettement (+ 28 points sur un an). Et ce, malgré les difficultés d’approvisionnement qui toucheraient plus de 65 % des TPE/PME (92 % dans l’industrie, 90 % dans la construction).
15 procédures de traitement de sortie de criseL’étude du groupe Altares distingue seulement 15 procédures de traitement de sortie de crise engagées en 2021. Un départ timide pour cette procédure express créée en octobre dernier visant, selon les mots du gouvernement dans son amendement l’instituant, à « lever les obstacles, tant psychologiques que procéduraux » des dirigeants d’entreprise ayant « des réticences à traiter les difficultés de leur entreprise par la voie judiciaire, en raison d’une appréhension liée aux tribunaux de commerce » et craignant « d’être soumis à une procédure longue, parfois éprouvante ». Par ailleurs, à peine plus de 6 500 redressements judiciaires (RJ) ont été prononcés en 2021, soit 19 % de moins sur un an. « Moins d’un jugement sur quatre (23 %) est une ouverture de RJ, un taux très en-dessous des 30 % habituellement observés », notent les auteurs du groupe Altares qui précisent que les procédures de traitement de sortie de crise sont « confondus statistiquement avec les redressements judiciaires ». |
[*] Cette étude se base sur les réponses de 5 028 TPE/PME de 1 à 249 salariés, reçues par Bpifrance Le Lab entre le 3 et le 26 novembre 2021.
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Matthieu Barry
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