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Les créations et radiations d’entreprises boostées par la crise
Loin d’avoir stopper l’élan des créations d’entreprises, la pandémie et ses confinements auraient incité les néo-entrepreneurs à se lancer, selon le dernier bilan national du CNGTC. Et l’envolée des radiations ne serait pas nécessairement liée à la conjoncture.
« La crise sanitaire n’a pas freiné l’envie d’entreprendre, bien au contraire, ce climat incertain a renforcé le goût des Français pour l’entreprenariat ». C’est un curieux constat que livre le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce (CNGTC) dans son bilan national des entreprises 2021, élaboré à partir des données des greffes des tribunaux de commerce (hors artisans exerçant à titre individuel, professions libérales et agriculteurs n’exerçant pas en société). Après une année 2020 record – au-dessus des standards de l’avant-covid malgré le choc des confinements – le nombre d’immatriculations au Registre du Commerce et des Sociétés (hors Moselle et Alsace) a poursuivi sa grimpée l’année dernière, avec 611 264 immatriculations comptabilisées, soit près de 150 000 créations supplémentaires (+ 30,3 %) par rapport à 2020.
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« Puissante vague entrepreneuriale »
« Tout au long de l’année, l’explosion du nombre de créations a été plus forte que les inquiétudes liées à la pandémie mais elle s’est faite de manière extrêmement hétérogène », note le Conseil. Au regard de l’effondrement des créations d’entreprises un an auparavant, les immatriculations ont quasiment doublé au deuxième trimestre, voire plus que triplé en avril. Mais elles ont stagné au quatrième trimestre (- 0,3 %), et reculé en fin d’année (- 1,3 %).
Un simple rattrapage mécanique ? « Cela n’explique pas l’intégralité de cette puissante vague entrepreneuriale, estiment les greffiers. La Covid-19 et les confinements ont dégagé du temps aux potentiels futurs entrepreneurs pour repenser en profondeur leur vie professionnelle, ou du moins, ont accéléré et fait maturer des projets déjà dans les cartons. La pandémie fut ainsi l’occasion de franchir le pas de la création d’entreprise pour bon nombre de Français. »
Franchir le pas de l’indépendance, et tourner le dos au salariat. La crise aurait ainsi accéléré cette tendance à la « quête de sens », portée par les jeunes. Les moins de 30 ans représentent désormais 23 % des créateurs d’entreprises (contre à peine plus de 19 % en 2018). L’âge moyen est tombé pour la première fois sous la barre des 40 ans (39,7 ans), contre 40 ans en 2020 et 41 ans en 2018.
Envolée des radiations
Cette vitalité entrepreneuriale est toujours tirée par la micro-entreprise (+ 41,5 % par rapport à 2020), représentant désormais 36 % des nouvelles immatriculations (contre 28 % en 2018). Mais les sociétés ne sont pas en reste : + 26 % de sociétés par actions simplifiées (SAS) et + 22 % de sociétés à responsabilité limitée (SARL) ont été enregistré en 2021 par rapport à 2020. Avec les défaillances au plus bas depuis 35 ans, le tableau de l’année écoulée ainsi dressé, est « presque » idyllique.
« Presque » car le nombre de radiations d’entreprises du RCS a lui aussi explosé : 310 372 radiations ont été enregistrées en 2021, soit + 30,7 % par rapport à 2020. Toutes les radiations sont concernées : les volontaires (+ 25 %) qui sont majoritaires (47,3 % du total), celles à la suite d’une procédure collective (+ 28 %) qui représentent (34,4 % du total) et celles d’office (+ 58 %) qui traduisent 15,8 % du total. Un statut prédomine, celui de l’entreprise individuelle (30,8 %) dont les radiations ont augmenté de + 63,8 % en 2021.
L’envolée des créations pourrait expliquer celle des radiations, cette dernière pouvant éclairer au passage le nombre exceptionnellement bas des défaillances. Le CNGTC pointe de son côté un « effet d’aubaine ». « Il y a fort à parier que [des] entreprises déjà en difficulté avant crise ont épongé leurs dettes auprès de leurs créanciers grâce à une trésorerie reconstituée, expliquent les auteurs. Avec les suspensions d’échéances fiscales et sociales et l’arrêt des assignations en procédure de l’Urssaf notamment, ces entreprises préfèrent jeter l’éponge et volontairement fermer leurs portes en bénéficiant ainsi d’un effet d’aubaine. Le moment est donc jugé propice pour elles de mettre la clé sous la porte. »
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Pas de « normalisation des faillites » en vue
La conjoncture aurait ainsi accéléré l’inéluctable. Elle ne serait même pas totalement responsable des radiations d’office qui observent la plus grande progression. Celles-ci pouvant « résulter de décisions administratives ponctuelles (opérations de nettoyage des registres décidées par certains tribunaux par exemple) », explique le CNTGC, qui assure par ailleurs ne pas voir de « signe annonciateur d’une normalisation des faillites » en 2022, malgré un léger rebond des défaillances en fin d’année 2021.
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Matthieu Barry
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