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Défaillances d’entreprises : la hausse s’accélère, l’écart se resserre
En hausse de 49 % au 2ème trimestre 2022, le nombre de défaillances d’entreprises se rapproche des niveaux d’avant crise Covid, selon les derniers chiffres d’Altares. Les PME et les jeunes entreprises « Covid » sont durement touchées, mais la résistance des entreprises est toujours de mise.
« Depuis février, la tendance à la hausse s’accélère nettement avec une augmentation mensuelle moyenne [des défaillances d’entreprises] de 45 %. Nous approchons désormais des niveaux observés en 2019 [12 347 défaillances au 2ème trimestre], période de référence d’avant crise », résume Thierry Millon, directeur des études Altares. Dans le détail, 9 826 entreprises sont tombées en défaillance entre le 1er avril et le 30 juin 2022, soit une hausse de 49,2 % par rapport à la même période en 2021 (6 587), contre + 35 % au 1er trimestre 2022. Des niveaux au plus haut depuis octobre 2020.
Pas de quoi encore, se faire un sang d’encre. Sur 12 mois glissés, Altares enregistre une augmentation générale de « seulement » 15 % pour 34 200 jugements. « En tendance annuelle, les volumes de défaillances sont donc plutôt similaires à la situation de fin 2020 », rassure l’institut. « Nous sommes encore loin des pics de la crise financière de 2008 qui dépassaient les 64 000, ni même les 52 000 procédures enregistrées en 2019 », ajoute Thierry Millon.
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PME et jeunes entreprises en première ligne
Le niveau des défaillances des PME augmente « nettement » de 74 % sur un an (731 cessations enregistrées contre 420 en 2021). « In fine, les PME affichent des volumes similaires à la période d’avant crise », alertent les auteurs de l’étude. La hausse est particulièrement rapide pour les PME des services informatiques (+ 100 %) et du transport routier de marchandises (+ 200 %). Quant aux TPE, elles représentent 93 % des entreprises en cessation de paiement, une « part relativement constante », avec 9 095 procédures enregistrées (+ 47 % sur un an).
Autre catégorie d’entreprises dans le dur : les jeunes structures. Leurs niveaux de défaillances explosent de 136 % au 2ème trimestre 2022, avec 1 750 procédures ouvertes. 1 411 d’entre-elles ont été directement liquidées, « un nombre très proche de celui du 2e trimestre 2019 (1 431) », relève Altares. Les sociétés commerciales de moins de 3 ans sont aussi fortement touchées, représentant 85 % des défaillances et 93 % des défaillances d’entreprises de moins de 3 ans. « On crée plus d’entreprises mais on en perd plus », résume l’institut, faisant référence aux 2,6 millions d’entreprises créées ces trois dernières années, dont 700 000 sociétés commerciales.
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Activités B2C à la peine
« Les jeunes restaurateurs (272), particulièrement fragilisés, sont quasi cinq fois plus nombreux qu’un an plus tôt à faire défaut », poursuit Altares. Un secteur fortement concerné par la hausse globale des défaillances, le nombre de défauts ayant « plus que doublé sur un an (968 contre 460 ; + 110 %) ». La restauration assise (536 contre 245 ; + 119 %) et les débits de boisson (176 contre 76 ; + 132 %) sont les secteurs les plus affectés.
Une tendance sans équivoque qui se retrouve dans tous les secteurs d’activité B2C (service à la personne, restauration, commerce) où la situation se dégrade « très nettement » dans les activités de détail (1 337 contre 772 ; + 73 %), le bricolage et équipement du foyer (+ 93 %), la vente de meubles et magasins multi-rayons, essentiellement en alimentation générale (+ 92 %), le soin de la personne et l’optique (+ 81 %), la vente hors magasin (+ 78 %) et le commerce d’habillement (+ 69 %).
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« 35 000 à 40 000 défauts à la fin de l’année »
« Les courbes que nous observons doivent nous préparer à enregistrer entre 35 000 et 40 000 défauts à la fin de l’année, prédit Thierry Millon. Car le spectre de la récession plane et les entreprises ne pourront continuer à piocher éternellement dans leur trésorerie en attendant la reprise de la consommation des ménages ». Avec une moyenne de 800 entreprises qui tombent en défaut chaque semaine, 37 000 défauts sont à prévoir sur l’année 2022.
Si le gouverneur de la Banque de France estime que la France devrait échapper à la récession dans les années à venir et que « la résilience pourrait bien se confirmer cette année encore comme le maître mot de nos entreprises », le directeur des études d’Altares estime que « l’incertitude commande à la prudence » et que « la vigilance et le pilotage au plus près de ses portefeuilles d’entreprises clientes et fournisseurs est de mise ».
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Matthieu Barry
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