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L'absentéisme a régressé mais sans revenir à son niveau d'avant Covid
Si le taux d'absentéisme des salariés du secteur privé est en repli, passant de 6,2 % en 2022 à 5,7 % en 2023, il n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant la crise sanitaire, selon le baromètre du courtier en assurances Verlingue. Et la durée moyenne des arrêts longs continue d’augmenter depuis 2021.
Pressentie en 2022, la tendance se confirme cette année : l’absentéisme reflue dans les entreprises. D’après le baromètre du courtier en assurances spécialisé dans la protection des entreprises, Verlingue, dévoilé mi-mai et réalisé à partir d’une base de données de près de 440 000 salariés, le taux d’absentéisme a atteint 5,7 % en 2023, contre 6,2 % en 2022. Il devrait se maintenir à ce niveau début 2024. Mais il est toutefois plus élevé qu’avant la crise sanitaire (+19 %).
Le baromètre prend en compte les maladies ordinaires, les accidents du travail, les maladies professionnelles et les mi-temps thérapeutiques.
91 % des arrêts ont pour motif la maladie ordinaire
Mais si la proportion des salariés absents est plus faible en 2023, la fréquence des arrêts se maintient, elle, au même niveau (et frôle toujours deux arrêts par salarié).
Autre fait marquant : la durée moyenne des arrêts inférieurs à huit jours est plus faible que les années précédentes (3,5 jours en 2023, contre 4,3 jours en 2022). Mais leur fréquence est en augmentation, notamment chez les jeunes de moins de 25 ans (+12 % par rapport à 2021).
Par ailleurs, la durée des arrêts de plus de 30 jours est en hausse. Ces arrêts longs représentent 72 % de la durée totale des arrêts enregistrés en 2023, contre 64 % en 2022.
Globalement, la durée moyenne annuelle d’absence est de 20,7 jours par salarié en 2023 (contre 38,8 jours par salarié en 2021). Et 38 % des salariés ont posé au moins un arrêt dans l’année 2023.
Notons que 91 % des arrêts ont pour motif la maladie ordinaire, contre 6 % les accidents du travail et maladie professionnelle. Toutefois, le poids des mi-temps thérapeutiques bien que mineur (3 % des arrêts) a doublé depuis 2019.
L’absentéisme des trentenaires augmente plus rapidement
Des disparités existent néanmoins. Par catégorie socio-professionnelle, tout d’abord. Les arrêts ont davantage concerné les ouvriers et les employés que les cadres et les agents de maîtrise, avec un taux d’absentéisme de 7,5 % pour les premiers et de 7,1 % pour les seconds. Il n’empêche. L’absentéisme touche également les cadres, un phénomène en augmentation de +9 % par rapport à 2021.
Ensuite, les salariés âgés sont plus absents (6, 6 % pour les 50-55 ans, contre 4,9 % pour les 30-35 ans et 5,26 % pour les 35-40 ans). Mais les arrêts des trentenaires font un bond de 6 %.
Par sexe, enfin, les arrêts touchent davantage les femmes que les hommes (7,1 %, contre 4,5 %).
Autres constats : les salariés titulaires d’un CDD sont moins en arrêt que ceux en CDI. Le taux d’absentéisme fluctue également avec l’ancienneté. Il grimpe ainsi à 5,9 % pour ceux qui affichent plus d’un an d’ancienneté alors qu’il se stabilise à 2,9 % pour ceux qui ont moins d’un an d’expérience dans l’entreprise.
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Les services, le commerce et l’agroalimentaire sont les secteurs les plus concernés
Côté secteur d’activité, les services, le commerce et l’agroalimentaire décrochent la palme des arrêts de travail avec respectivement des taux de 5,3 %, 5,9 % et 7,2 %.
Le BTP et l’industrie voient, eux, leur taux d’absentéisme revenir au niveau de 2021 (4,2 % et 4,6 %). Quant au secteur de la santé, son taux se situe en deçà de celui constaté en 2021.
Par région, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Normandie et les Hauts-de-France affichent les scores les plus élevés. L’Ile-de-France présente un taux d’absentéisme inférieur à la moyenne nationale (4,5 %), notamment en raison d’une surreprésentation des cadres.
Une facture estimée à 3,4 % de la masse salariale
Reste que la facture est salée pour les entreprises. Le coût du maintien de salaire 2023 représente 3,4 % de la masse salariale. Dans le détail, le coût annuel par salarié est de 1 368 euros en 2023, en diminution de 12 % par rapport à 2022. Mais l’enveloppe par salarié absent monte à 3 594 euros en 2023 en raison notamment de l’augmentation de la durée des arrêts et de la rémunération moyenne.
Sans compter les coûts indirects (coût de remplacement, perte de productivité) qui pourraient alourdir, selon le courtier, de « deux à quatre fois » les coûts directs.
Congés payés et maladie : un surcoût de 10 % pour les employeursÀ peine promulguée, les calculettes sont activées. La loi du 22 avril 2024 qui met en conformité le droit français avec le droit européen, prévoit, en effet, que les périodes d’arrêt maladie soient considérées comme du temps de travail effectif, permettant au salarié d’acquérir des congés payés. Le texte limite la période de report à 15 mois, les congés acquis à deux jours ouvrables par mois, dans la limite de 24 jours par an. Selon le courtier en assurances, Verlingue, le surcoût de cette mesure serait de 10 % par an. Dans le détail, la dépense pour les entreprises est estimée à 144 euros par salarié sur l’année 2023 et à 378 euros par salarié absent. |
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Anne Bariet
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