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Un contrat d’apprentissage sans limite d’âge, le nouveau cheval de bataille de l’ANDRH

Selon l’ANDRH qui a présenté le 14 novembre ses sujets prioritaires, les DRH anticipent une vague de restructurations. À cet effet, l’association demande la création d‘un contrat d’apprentissage sans barrière d’âge pour répondre aux enjeux de reconversion professionnelle.

Un contrat d’apprentissage sans limite d’âge, le nouveau cheval de bataille de l’ANDRH
De gauche à droite, Laurence Breton-Kueny, Audrey Richard et Benoît Serre, respectivement vice-présidente, présidente et vice-président délégué de l'ANDRH. © AB

Cette fin d’année s’annonce périlleuse pour les entreprises : d’après l’étude de l’ANDRH, réalisée auprès de 1 170 adhérents, 41 % anticipent une croissance modérée. Cette morosité ne sera pas sans conséquence sur l’emploi : d’ores et déjà « 55 % prévoient un gel de recrutements en CDD/CDI, y compris pour les stagiaires et les alternants et 51 % une diminution du nombre de postes », prévient l’association qui présentait le 14 novembre ses sujets prioritaires.

Dans ce contexte, la France ne devrait pas échapper à une vague de plans sociaux. L’annonce de la fermeture de deux usine Michelin à Cholet (Maine-et-Loire) et Vannes (Morbihan) et du plan social chez Auchan ne pourrait être que le début d’une longue liste.

D’autant que le climat politique est toujours éruptif. Cette instabilité ne facilite guère la vie des entreprises. « Certains chefs d’entreprises se disent incapables de construire un budget car ils ne savent absolument pas quel sera l’impact des éventuelles réformes fiscales à venir. Du coup, on gèle, on attend », prévient Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH, en référence au rejet du PLFSS et du PLF pour 2025 par les députés.

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Le dispositif « Transco » épinglé

Face à cette situation, les DRH souhaitent mettre en place des mesures pour éviter le choc social. Mais la boîte à outils dont ils disposent ne leur semble guère suffisante. L’association égratigne à ce titre le dispositif « Transco » ou « transitions collectives », déployé en janvier 2021 et destiné à anticiper les mutations économiques. « Sur le papier, le projet était extrêmement intéressant mais en pratique il s’avère d’une complexité inouïe », tacle Benoit Serre.

À la place, l’ANDRH se prononce pour un contrat d’apprentissage, sans limite d’âge, notamment dans les centres de formation pour apprentis (CFA) internes, créés par la loi Avenir professionnel du 5 septembre 2018. Un modèle « plus adapté à la réalité de l’entreprise, moins complexe et moins coûteux ». 94 % des DRH sondés y sont favorables.

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Ouvrir les CFA internes aux salariés et aux prestataires

« On travaille tous sur les parcours professionnel et l’évolution des métiers sous l’impulsion des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle, confirme Audrey Richard, la présidente de l’association et DRH du groupe Canal +. Cela nous permet de mettre en exergue les métiers sensibles, ceux en transformation, les postes émergents. Cet outil nous aiderait à développer les compétences pour anticiper les reconversions. »

« Lever les barrières du contrat d’apprentissage permettrait de répondre aux enjeux de reconversion indispensable dans un monde de transformation », renchérit Laurence Breton-Kueny, DRH du groupe Afnor et vice-présidente de l’ANDRH.

D’autant que pour Benoît Serre, il ne serait pas « illogique de donner l’accès des CFA internes à l’ensemble des salariés », voire aux « prestataires » gravitant autour de l’entreprise. Avec à la clef, de « nouvelles certifications, quel que soit leur âge, dans le cadre de l’évolution des métiers ».

Actuellement, ce contrat est réservé aux personnes de moins de 30 ans ou 35 ans pour un apprenti signant un nouveau contrat pour accéder à un niveau de diplôme supérieur à celui déjà obtenu.

 

Les DRH favorables au CDI senior

Sans attendre l’issue des négociations finales sur l’emploi des partenaires sociaux (compromis trouvé le 14 novembre), 77 % des DRH se positionnent clairement en faveur du contrat de « valorisation de l’expérience », proposé dans le projet d’accord national interprofessionnel. Selon Benoît Serre, il répond à deux types de blocage : il permet à des demandeurs d’emploi âgés de 59 ou 60 ans, inquiets à l’idée de ne pas atteindre l’âge d’une retraite à taux plein, de se réinsérer. Et apporte plus de prévisibilité aux entreprises sur la date possible de leur départ.

Les points de crispation évoqués par les organisations syndicales, tout au long des pourparlers, à savoir le cumul du salaire et de l’allocation de retour à l’emploi tout comme l’exonération progressive de cotisations d’assurance chômage pour les employeurs restent un « faux débat ». Pour rendre le dispositif plus attrayant, Benoit Serre va toutefois un cran plus loin que les partenaires sociaux en proposant que les titulaires de ces contrats soient exclus des procédures collectives de licenciement. Seules, les procédures de licenciement individuel pour faute lourde ou grave continuant de s’appliquer.

Au passage, Audrey Richard, présidente de l’association, regrette que les préconisations émises lors des Assises du travail, lancées en décembre 2022, soient restées lettre morte. « Un travail énorme a été accompli par les experts, les organisations patronales et syndicales, notamment sur l’usure professionnelle, l’utilité de la prévention, la transmission du geste afin d’éviter les accidents graves et mortels. Il est temps que les pouvoirs publics transforment les recommandations des Assises du travail, partagées en septembre 2023, en actions concrètes », insiste la DRH du groupe Canal + qui évoque l’idée d’un volet 2 des Assises.

Le rapport de Sophie Thiéry et de Jean-Dominique Senard, respectivement directrice de l’engagement sociétal de la mutuelle Aésio, présidente de la commission travail-emploi du Conseil économique, social et environnemental (Cese), et président du conseil d’administration de Renault, avait été remis en avril 2023, à Olivier Dussopt, alors ministre du travail.

Anne Bariet

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