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Bernard Cohen-Hadad : « J’appelle de mes vœux à un plan massif des PME »

Développement des entreprises, simplification, immigration, RSE… Bernard Cohen-Hadad, président de la CPME Paris Ile-de-France et président du Think Tank Etienne Marcel était l’invité de l’AJPME à l’occasion de la sortie de son livre « L’avenir appartient aux PME » (Dunod, avril 2024) publié le 30 mai dernier, un livre qui fourmille de propositions pour les PME. L’occasion de rappeler son souhait de les voir placées au cœur des débats.

Bernard Cohen-Hadad : « J’appelle de mes vœux à un plan massif des PME »
Interrogé sur les questions de main d’œuvre et d’immigration, le président de la CPME Paris Ile-de-France a rappelé que la France était « un pays d’immigration » et que cette dernière n’était pas « un frein à l’emploi ». © Laure Bergala – Ajpme

Pour Bernard Cohen-Hadad, « l’avenir économique de la France passe par les PME ». « En raison d’une bipolarisation de l’attention entre les start-ups et les géants du CAC40 », il regrette que les TPE/PME, « cœur battant de l’écosystème entrepreneurial français » soient trop souvent « éclipsées des débats et des actions concernant les entreprises ». Animé par de fortes ambitions d’accompagnement des PME, il « appelle de [ses] vœux à un plan massif des PME », soit à l’avènement d’une « PME nation », via notamment une réorientation de l’action publique en faveur des PME.

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« Etre fier d’être un petit patron »

Alors qu’Olivia Grégoire souhaite que les TPE-PME se développent (pour le gouvernement le développement de nos entreprises est porteur de croissance), Bernard Cohen-Hadad s’interroge sur la question de savoir s’il revient en réalité à l’État de décider. Fondateur de la TME BCH assurances, il se dit être un petit patron « heureux » et invite les chefs d’entreprise à décomplexer sur leur volonté de ne pas grandir : « Arrêtons de complexer le petit patron sur le niveau de leur structure car ce sont eux qui sont la vie de notre économie de proximité. Est-ce une honte d’être un petit patron, interroge-t-il ? On peut avoir très peu de salariés, les rendre heureux, être un petit patron heureux et avoir des clients fidèles. Avoir plus de salariés c’est souvent avoir plus d’ennuis, ne pas pouvoir payer mieux les compétences, ne pas plus s’engager dans la RSE. Chaque TPE/PME a finalement son propre point d’équilibre à trouver pour être porteuse à la fois de rentabilité et de sens ».

Il évoque plusieurs solutions pour permettre aux entreprises de se développer –création de passerelles, de groupements d’intérêt économique… Objectif, avoir « des échanges interprofessionnels avec d’autres entrepreneurs qui nourrissent le développement de son entreprise. C’est en trouvant des partenaires que l’on crée une dynamique », assure celui qui a choisi d’adhérer à une organisation patronale non catégorielle, la CPME.

En travaillant avec d’autres, « on crée de la richesse », a contrario des chefs d’entreprises qui sont seuls et « restent sur leur citadelle, qui tournent en rond et au bout d’un moment ferment ». Il se félicite de voir qu’au sein de la jeune génération, « beaucoup de jeunes qui viennent des métiers, des écoles et font de l’entrepreneuriat de proximité. Il y a un honneur à être un petit patron. Le lien de proximité, c’est la vie ». Cet éternel optimiste se veut à l’égal des entrepreneurs : « Un chef d’entreprise est forcément optimiste, car la vie de chef d’entreprise est semée d’embûches et de difficultés. La route est longue mais elle est belle », ajoute-t-il.

« Les chefs d’entreprise font de la RSE sans le savoir »

Interrogé sur les questions de main d’œuvre et d’immigration, le président de la CPME Paris Ile-de-France a rappelé que la France était « un pays d’immigration » et que cette dernière n’était pas « un frein à l’emploi ». Ecartant la méthode des quotas, il souhaite que le pays facilite les embauches de personnes issues de l’immigration, notamment pour les métiers en tension, si celles-ci sont qualifiées et disposent des compétences nécessaires et qu’elles respectent les valeurs et traditions du pays et « les lois de la République ».

La principale problématique repose selon lui sur le fait de réussir à « orienter les compétences vers les métiers dont on a besoin ». Il ajoute que « pouvoir intégrer des publics compétents dans une entreprise est un atout, y compris pour la transmission. L’immigration de compétences est un élément d’enrichissement et de développement ».

Sur le sujet de la RSE, Bernard Cohen-Hadad souligne qu’« une entreprise qui ne pense pas économie partagée, économie circulaire, QVT et inclusion, n’a pas de sens. Dans un mouvement de sensibilisation, les entrepreneurs, comme les citoyens, font attention. Ceux qui n’iront pas resteront dans leur petit village gaulois », a-t-il clamé. Néanmoins, beaucoup sont actifs sur le sujet. « Les entrepreneurs sont comme M. Jourdain : ils font de la RSE sans le savoir », relève-t-il. Au sein du think tank Etienne Marcel, Bernard Cohen-Hadad s’escrime justement à valoriser les bonnes pratiques et à les faire connaître. S’il reconnaît la bonne volonté des chefs d’entreprises, il ajoute que cela a un coût.

Sur la simplification enfin, il appelle de ses vœux à ce que l’administration ait « une autre façon de considérer les PME », que ces dernières n’aient « pas à prouver leur bonne foi, c’est-à-dire que l’administration soit TPE/PME friendly ». S’il se réjouit que les TPE/PME soient enfin écoutées, il exhorte l’État, les régions et les communes à modifier et à simplifier les règles à l’endroit des entreprises. « Je plaide pour que l’administration ait un regard bienveillant sur les demandes des TPE/PME dans les territoires. Et que l’effet levier de simplification nous permettra d’avoir une vie plus agréable et peut-être d’embaucher plus », eu égard au temps passé sur l’administratif et les coûts que cela engendre à l’heure actuelle.

Charlotte de Saintignon

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