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Brexit : "C'est un problème de plus mais on ne va pas s'arrêter à ça"

Le 30 mars 2019, le Royaume-Uni quittera l’Union européenne. Nul ne connaît pour le moment les modalités de ce divorce. Pourtant, les entrepreneurs français à Londres restent sereins.

Brexit :

« Depuis le référendum sur le Brexit, il y a une forte augmentation des entreprises qui veulent s’implanter au Royaume-Uni ». Ces mots de Jatin Radia, UK managing director de Pramex International (une filiale de BPCE), sont pour le moins paradoxaux. Olivier Morel, avocat associé chez Cripps à Londres et conseiller au commerce extérieur de la France, le confirme : « Economiquement, il n’y a aujourd’hui pas de conséquences. La Grande-Bretagne a connu une croissance de 1,7 % en 2017. »

10 fois plus de business angels en Grande-Bretagne

Et pour cause, il est beaucoup plus facile de s’implanter en Grande-Bretagne maintenant qu’une fois que le Brexit aura pris effet, le 30 mars 2019. « Il y a même des sociétés qui sont créées mais qui restent en sommeil pour le moment », ajoute Jatin Radin. Car l’incertitude sur l’après-Brexit reste totale : aucun accord n’a encore été signé entre l’Union européenne et la Grande-Bretagne. Une seule certitude : Londres reste (et restera) une place incontournable pour nombre d’entreprises : « En montant des investissements, l’écart entre le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne se réduit, notamment grâce à l’effet French Tech, explique Xavier Louis, président fondateur de Peaks Labs et membre de la French Tech. Mais le Royaume-Uni est encore bien meilleur en termes d’accès à l’investissement. Le nombre de business angels est 10 fois plus élevé qu’en France. » Ce qui facilite considérablement la croissance des entreprises, et notamment le passage de start-up à scale-up.

Clémence Jamet est Managing director UK chez Merci Maman, une entreprise de création de bijoux personnalisés dont les fondateurs, Béatrice et Arnaud de Montille, sont français. « Le Brexit a très peu influencé notre stratégie de développement, explique Clémence Jamet. Nous avons installé un atelier à Paris en 2016 et à Berlin en 2018 mais nous avions déjà prévu ces implantations avant le vote du Brexit. Nous prévoyons d’ouvrir également en Italie et en Espagne mais nous n’avons pas du tout l’intention de quitter Londres, ni de réduire l’activité en Grande-Bretagne. » Même chose pour Xavier Louis : « Le Brexit est un problème de plus mais on ne va pas s’arrêter à ça. D’autant que nous ne sommes pas concernés par les droits de douane, car nous vendons des logiciels. »

La livre a chuté de 20 %

Jean Viry Babel, président de Xrapid, a fait un autre choix. « Nous avons quitté le Royaume-Uni quelques mois après le référendum. Je suis actionnaire de ma société avec un fonds d’investissement américain. Très rapidement, nous avons décidé d’implanter 60% de la société à Aix-en-Provence et 40 % à Austin, au Texas. » Seule ombre au tableau depuis le vote du Brexit en juin 2016 : la  livre a chuté d’environ 20 %. « C’est une bonne chose pour les entreprises britanniques qui exportent mais c’est difficile pour les entreprises étrangères, souligne Jatin Radin. Mais les Britanniques sont pragmatiques : tant que nous n’en savons pas plus sur les modalités du Brexit, ils continuent, c’est business as usual.».

Sophie Roy

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