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Commerçants de centres-villes : l’avenir vous appartient

Lors d'une table-ronde organisée par l’Association des journalistes des PME (AJPME) le 27 février dernier, plusieurs acteurs du secteur ont échangé sur l'avenir des commerçants de centres-villes et sur les moyens de redynamiser le tissu urbain.

Commerçants de centres-villes : l’avenir vous appartient
Si les centres-villes étaient auparavant « synonymes de consommation de masse comme les centres commerciaux, cette période est bel et bien terminée, soutient Michel Bourel. Ils sont dorénavant synonymes de conseil et de savoir-faire. » © Adobe Stock

Le commerce de centre-ville, chahutée par les mouvements sociaux de ces 18 derniers mois et challengé depuis plusieurs années par le e-commerce et des clients versatiles et exigeants, doit revoir son modèle économique. « Le commerce indépendant de proximité a de plus en plus de mal à vivre dans les centres-villes », amorce d’emblée Michel Bourel, fondateur du réseau Cavavin et président de la Fédération française de la Franchise. En cause notamment, des sommes en jeu qui ne sont plus en adéquation avec les loyers commerciaux trop élevés. « Ce n’est techniquement pas possible, assure Michel Bourel, les loyers ne sont pas alignés avec les marges des commerçants ».

Heureusement, certaines villes commencent à créer des grandes foncières. Sylvie Bléry-Touchet, adjointe au maire de la ville de Sceaux, à la vie économique, au commerce, à l’artisanat et au tourisme, souhaiterait que les élus aient « la maîtrise communale des murs commerciaux pour que les loyers restent raisonnables. » Et pour favoriser la diversité des commerces et en implanter qui soient viables économiquement, les villes peuvent faire jouer leur droit de préemption. Même si « cette épée de Damoclès n’est pas suffisante car en cas de liquidation, on ne peut pas préempter », regrette-t-elle. Bilan : la ville de Sceaux ne l’a fait jouer qu’une seule et unique fois pour favoriser l’implantation d’un magasin de fleurs plutôt qu’un commerce de cigarettes électroniques.

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Commerçants : mutualiser les efforts

Autre cause de la désertification des centres-villes : le mouvement vers les périphéries. « Ce sont des années de descente aux enfers », souffle Michel Bourel. « Il faut recréer de l’attractivité par village », estime Gérald Barbier, premier vice-président de la CCI Paris, chargé du commerce, CCI Paris-Île-de-France et chef d’entreprise de Barbier Luminaire dans le 16e arrondissement parisien. Pour Michel Bourel, l’avenir est à la mutualisation : les commerçants ont intérêt à se regrouper, à l’image des réseaux de franchise. « Les habitants des villes ne consomment plus de la même façon, ils hésitent à prendre leur voiture et consomment sur place, explique-t-il. Les bonnes performances ne sont pas forcément dans les grandes villes de 250 000 habitants mais plus dans les villes moyennes ». En atteste son réseau de franchise, implanté essentiellement dans des villes moyennes de 10 000 à 12 000 habitants. À l’image de ce réseau, 37 % des franchisés sont ainsi installés dans des villes de moins de 25 000 habitants[*].

Du côté de la ville de Sceaux, redynamiser le centre-ville est une marque de fabrique. En 1976, la ville s’est dotée d’une des premières rue piétonnes – devenue aujourd’hui un modèle en la matière -, a embauché un manager de centre-ville et a créé en 2013 « Sceaux shopping », une plateforme pour présenter les commerçants de la ville et mettre en avant leurs promotions. Pour mutualiser les initiatives et les expériences, Sceaux fait également partie, avec d’autres villes franciliennes, de la structure associative « Centre-ville en mouvement ». Résultat : Sceaux présente un taux de vacance commerciale de seulement 3 % quand la moyenne nationale atteint les 11,9 % en 2018 selon Procos.

Commerçants : un rôle de conseil

Même objectif poursuivi à plus grande échelle en Ile-de-France avec la « plateforme partenariale commerce » lancée notamment par la CCIP. Entre autres initiatives, une « boutique connectée nomade » qui présente aux commerçants une trentaine de solutions digitales afin de développer leur commerce. « Il faut amener les commerçants à la digitalisation : ils doivent apporter le même service que les plateformes en ligne. Et être dans l’écoute et l’accompagnement. C’est le consommateur qui dicte les règles », ajoute Gérald Barbier.

Les commerçants des centres-villes doivent jouer le rôle de lien social et miser sur la qualité de la relation. Si les centres-villes étaient auparavant « synonymes de consommation de masse comme les centres commerciaux, cette période est bel et bien terminée, soutient Michel Bourel. Ils sont dorénavant synonymes de conseil et de savoir-faire. » Les clients viennent chercher chez leurs commerçants de proximité un contact et de l’accompagnement. Leur salut passe également par l’hyperspécialisation et la différenciation par rapport à ce qui existe sur le marché. « Il faut sortir du lot pour s’en sortir », conclut-il.

Charlotte de Saintignon

[*] 16e édition de l’enquête annuelle de la franchise FFF/Banque Populaire

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