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Créatrices d'entreprises : les freins à l'entrepreneuriat féminin
Les créatrices d'entreprises sont encore et toujours minoritaires. Pour pallier cette tendance, l’Adie se mobilise pour une véritable parité dans la création d’entreprise et pour contrer les inégalités complexes et multiples subies par les femmes.
« Les femmes ont autant envie que les hommes de lancer leur entreprise », constate Alice Rosado, directrice générale adjointe de l’Adie. Leurs motivations ? Avant même le désir d’indépendance, elles veulent donner sens à leur vie professionnelle et travailler en cohérence avec leurs valeurs. Mais dans les faits, peu d’entre elles passent à l’acte puisqu’elles sont toujours moins nombreuses que leurs homologues masculins à créer leur entreprise.
« Si le gap se resserre avec 40 % d’entreprises créées par des femmes[*] contre 30 % auparavant, notamment grâce au régime de la micro-entreprise, on observe encore une absence de parité », regrette Alice Rosado. En cause, cinq freins rencontrés par les créatrices d’entreprises identifiés par l’association pour le droit à l’initiative économique[**].
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Du financement au manque de soutien
Premier frein, l’accès au financement pour 51 % des femmes interrogées. « En France, elles ont en effet deux fois plus de chances de se voir refuser un prêt que les hommes », note Alice Rosado. L’Adie, qui constate pour sa part un écart important entre les micro-crédits attribués aux hommes et aux femmes relève pourtant qu’« une entreprise bien financée au départ a plus de chances de bien fonctionner et de se développer ».
D’autres freins transcendent la création d’entreprise et ont un impact majeur : l’articulation des temps de vie (25 %) et le manque de confiance en soi (25 %), qui se caractérise notamment par le syndrome de l’imposteur. Cette difficulté d’articulation entre les temps personnel et professionnel est telle que les femmes ont deux fois plus de chances de renoncer à entreprendre qu’un homme pour ce seul motif.
« Il y a beaucoup à faire sur le front des représentations : la création d’entreprise est encore trop souvent dépeinte comme un parcours d’élite où ne s’illustrent que des femmes impeccables aux parcours d’exception »
Aussi, « le passage à l’acte est souvent empêché par le manque de confiance », poursuit Alice Rosado. Il faut ainsi déconstruire les stéréotypes et mettre en avant des femmes qui ressemblent à toutes les femmes et qui témoignent de leurs difficultés et de leurs réussites pour permettre à celles qui le souhaitent de se projeter. « Il y a beaucoup à faire sur le front des représentations : la création d’entreprise est encore trop souvent dépeinte comme un parcours d’élite où ne s’illustrent que des femmes impeccables aux parcours d’exception », déplore Alice Rosado qui milite contre le côté « paillettes » de la création pour montrer toutes les facettes de la réalité du métier.
Autres freins signalés lors de l’étude, pour plus d’une femme sur cinq, le manque de soutien de l’entourage et le sexisme qu’elles ont pu rencontrer pendant leur parcours. « Or, un projet soutenu par l’entourage a plus de chances de réussir. Il n’y a pas que la société qui a des biais comportementaux avec les femmes entrepreneures », regrette Alice Rosado.
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30 % de chiffre d’affaires en moins
L’Adie, qui défend l’idée que chacun, même sans capital, même sans diplôme, peut devenir entrepreneur s’il a accès à un crédit et à un accompagnement professionnel, souhaite lever les freins à l’entrepreneuriat des femmes. « Au-delà des chiffres de la création d’entreprise, d’autres inégalités perdurent, comme l’envergure des projets, le financement ou le niveau d’activité », détaille Alice Rosado. L’Adie observe ainsi un différentiel de chiffre d’affaires de 34 % entre les hommes et les femmes dans les projets qu’elle finance.
« Les projets entrepreneuriaux menés par les femmes sont de moindre envergure que ceux des hommes – avec des montants accordés inférieurs de 33 % –, même dans des secteurs d’activité similaires »
Ses équipes constatent sur le terrain que les femmes montent des projets de moindre envergure, dans des secteurs comme les services et le commerce sédentaire où elles sont sur-représentées. « Les projets entrepreneuriaux menés par les femmes sont de moindre envergure que ceux des hommes – avec des montants accordés inférieurs de 33 % –, même dans des secteurs d’activité similaires. Ce n’est pas seulement une question de biais de secteur d’activité », regrette la directrice générale adjointe.
Cette disparité s’explique autant par une sous-estimation de leurs propres besoins – un quart des femmes estime avoir sous-évalué leur demande –, que par une insuffisance du montant du prêt consenti pour 26 % d’entre elles.
[*] Les créations d’entreprise en 2018, Insee, 2019
[**] Etude menée via un questionnaire en ligne entre le 20 janvier et le 3 mars 2022 auprès de 527 entrepreneures, clientes et prospectes de l’Adie ainsi que 314 collaborateurs de l’Adie
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Charlotte de Saintignon
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