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Crédit aux entreprises : c'est le moment de voir son banquier
En matière de crédit aux entreprises, la France connaît en 2015 le taux de croissance le plus fort de la zone euro. Fin septembre, 50 % des crédits aux entreprises vont aux PME mais les demandes de crédits d’investissement des TPE sont deux fois plus faibles que pour l’ensemble des PME. Explications.
Le crédit semble avoir le vent en poupe en France. Ainsi, selon la Fédération Bancaire Française (FBF) et la Banque de France, 861 milliards d’euros de crédits ont été consentis aux entreprises (+ 3,6 % sur un an), dont 375,6 milliards à plus d’un million de TPE/PME (+ 2,5 % sur un an) à fin septembre 2015. Autres éléments positifs : au troisième trimestre 2015, 92 % des PME ont obtenu des crédits d’investissement et 76 % des crédits de trésorerie. Une surprise ? « L’accès des PME au crédit est favorable. Mieux : la France est au meilleur niveau pour l’accès au crédit dans la zone euro », indique David Verfaillie, responsable de l’action régionale de la Fédération Bancaire Française. Deux facteurs concourent à ce succès selon lui : un accès très large aux entreprises et des taux d’intérêts favorables.
Pourtant, les relations entre les banques et les PME ne semblent pas toujours au beau fixe. « Il y a parfois un clivage entre la réalité et la perception », poursuit David Verfaillie qui plaide pour « le dialogue » entre les entrepreneurs et ceux qui leur consentent un crédit. Et pour rapprocher les partenaires, la FBF a organisé une quinzaine de rencontres en région cette année dont la dernière s’est tenue le 15 octobre à Beauvais pour faire partager les conseils et les retours d’expérience qui existent également en ligne pour les PME et les TPE. L’objectif est aussi de convaincre les entreprises les plus réticentes : la Banque de France note que 2 % des PME ne demandent pas de crédit « parce qu’elles anticipent des critères jugés trop sévères » et que près de 15 % des TPE disent ne pas faire appel au crédit « par principe ».
Réticence des TPE au crédit
La différence d’accès au crédit entre PME et TPE est donc réelle. En cause : « un risque plus important pour les TPE parfois confrontées à une monoclientèle, des difficultés à rebondir après la crise », analyse David Verfaillie. Avec plusieurs éléments statistiques qui jouent en leur défaveur : 16 % d’entre elles étaient en fonds propres négatifs en 2014. Et selon l’Insee, « parmi les entreprises en activité une année donnée, en moyenne 11 % viennent de naître et près de 9 % auront cessé leur activité l’année suivante. Un tiers des entreprises disparaissent au bout de trois ans, et la moitié au bout de cinq ans. La démographie de la TPE a ainsi pour particularité de se renouveler de manière continue, alternant créations et disparitions d’entreprises de droit ou de fait ». Le risque représenté par les TPE n’est donc pas une fiction et les banquiers examinent avec plus de rigueur leurs demandes de crédit qui nécessite un remboursement.
Pourtant, l’Insee note également que « seule la moitié des TPE dégage une capacité d’autofinancement positive. Ce résultat permet en partie de comprendre pourquoi 40% des TPE ne sont pas du tout endettées : seule la moitié des TPE dégage une marge suffisante pour rembourser une éventuelle dette ». Par ailleurs, l’enquête qualitative ISM-DGCIS dédiée aux métiers de l’artisanat montre qu’en 2013, 69 % des dirigeants d’entreprises artisanales déclarent recourir aux prêts bancaires seulement s’ils y sont acculés, tandis que seulement 26 % des entreprises interrogées disent y recourir systématiquement. « Les petites et moyennes entreprises (PME) jouent un rôle fondamental pour la croissance inclusive et l’emploi mais il est indispensable d’élargir leurs sources de financement pour réduire [leur] vulnérabilité face à la volatilité du marché du crédit », indiquait l’OCDE en avril dernier. Pour celles, enfin, qui trouveraient que leur banquier est trop frileux en matière de prêt, la médiation du crédit aux entreprises mise en place en 2009 reste une solution à explorer.
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