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Défaillances, embauches, emplois menacés... Le deuxième trimestre 2020 est historique
Au deuxième trimestre, les TPE/PME se préservent artificiellement de la défaillance, les emplois sont de plus en plus menacés et les embauches sont au plus bas, selon une étude du cabinet Altares et d'après les derniers chiffres de l’Acoss.
À situation exceptionnelle, chiffres exceptionnels. Le 2e trimestre 2020 présente un taux de défaillances historiquement bas (- 53,3 % par rapport au 2e trimestre 2019) pour une baisse historique des embauches de plus d’un mois (- 43,5 % sur un an). Une étude du cabinet Altares sur les défaillances et sauvegardes des entreprises en France publiée le 9 juillet et une note de conjoncture sur les embauches de l’Acoss publiée le 22 juillet résument en chiffres l’impact de la crise de la Covid-19 sur les entreprises.
Un nombre de défaillances au plus bas
Depuis 4 ans, le second semestre comptabilise en moyenne 25 000 défaillances d’entreprises (12 347 pour le 2e trimestre 2019). Cette année, il en compte étonnamment moins de 17 000 (5 766 pour le 2e trimestre 2020). Dans le détail, par types de procédures, les sauvegardes ont diminué de – 23 %, les redressements judiciaires de – 63,5 %, les liquidations judiciaires directes de – 48,7 %. Les sinistres reculent de – 53,8 % chez les PME de moins de 50 salariés et le nombre de défaillance des TPE de moins de 10 salariés reflue de – 55 % par rapport au 2e trimestre 2019.
Les défaillances sont en baisse sur l’ensemble des secteurs d’activités et toutes les régions sont en verts. Mentions spéciales pour le BTP et les transports qui présentent respectivement un retrait de – 60 % et de – 62 %. La Corse sort son épingle du jeu en affichant le recul le plus sensible du territoire (- 68,8 %).
« Il faut remonter à plus de trente ans pour trouver un nombre aussi faible. »
« Le premier semestre 2020 restera dans les annales de l’accompagnement de l’entreprise en difficulté. Il faut remonter à plus de trente ans pour trouver un nombre aussi faible, explique Thierry Million, directeur des études Altares. Ces chiffres paraissent pourtant invraisemblables au regard de la force de la crise. En réalité, c’est l’aménagement des textes règlementaires qui a permis cette étonnante résistance des entreprises. »
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Une économie sous perfusion
Reculer pour mieux sauter ? « Nombre des 10 000 entreprises préservées artificiellement de la défaillance sur le 1er semestre pourraient venir gonfler les chiffres du second semestre », prévient Thierry Million. Le cabinet a en outre identifié 100 000 sociétés disposant aujourd’hui moins de 30 jours de trésorerie pour faire face aux dépenses les plus urgentes alors que les entreprises disposent habituellement en moyenne de 4 à 5 mois de liquidités.
« Nos entreprises ont su montrer jusque-là qu’elles savaient résister. Ne sous-estimons pas leur capacité à passer le cap et déjouer les pronostics de fin du monde. »
« Une réserve bien fragile au regard du contexte de marché si incertain. C’est le cas particulièrement dans les activités de commerce, café-hôtel-restaurant ou services à la personne », notent les auteurs de l’étude. La restauration (- 50 %), le commerce (- 52 %) et les services aux particuliers (- 38 %) affichent d’ailleurs une baisse des défaillances en-dessous de la tendance globale (- 53,3 %). « Si la plupart de ces entreprises étaient déjà sous surveillance dès le début de la crise, d’autres – pourtant saines – ont rejoint la longue liste des structures qui peineraient à résister si les aides publiques venaient à manquer », résume le directeur des études Altares.
Pour autant, le cataclysme attendu pour la rentrée ne serait pas inéluctable. « Nos entreprises ont su montrer jusque-là qu’elles savaient résister. Ne sous-estimons pas leur capacité à passer le cap et déjouer les pronostics de fin du monde, à la faveur d’une reprise plus dynamique qu’attendue, déjà perçue dans certains secteurs », conclut-il.
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Un gel record des embauches
Sur la corde raide, les entreprises freinent ainsi drastiquement leurs recrutements. « Les déclarations d’embauche de plus d’un mois hors intérim enregistrent au 2e trimestre 2020 une baisse historique de – 40,1 %. Cette évolution concerne les CDD de plus d’un mois (- 36,6 %) et, de façon encore plus prononcée, les CDI (- 43,7 %) », note l’Acoss, la caisse nationale des Urssaf dans un communiqué du 22 juillet. Sur un an, le repli s’élève même à – 43, 5 %, avec un pic au mois d’avril (- 72,2 %). Il est de – 62, 1 % pour les embauches de moins d’un mois.
Pas d’exception selon la taille, la région ou le secteur. Les déclarations d’embauche de plus d’un mois dans les TPE/PME de moins de 20 salariés affichent une baisse de – 36,1 % (contre – 42,8 % pour les autres entreprises), résultant d’une diminution des embauches en CDI (- 39,7 % contre – 46,5 %) et de celles en CDD de plus d’un mois (- 32,2 % contre – 39,3 %). Concernant celles de moins d’un mois, un repli de – 40,2 % est enregistré pour les TPE/PME (contre – 45,7 % pour les entreprises de plus de 20 salariés). Si le tertiaire (- 42,1 %), la Corse (- 49,8 %) et l’Île-de-France (- 50,6 %) accusent le coup, l’industrie (- 37,2 %), le BTP (- 27,1 %), la Bretagne (- 36 %), la Normandie (- 39,2 %), le Limousin (- 38 %) ou le Pays de la Loire (- 39,1 %) résistent mieux.
Des milliers d’emplois menacésMoins de recrutements, plus de licenciements ? Près de 43 400 emplois sont aujourd’hui menacés selon Altares, soit 2 400 emplois de plus par rapport au 2e trimestre 2019. Le ratio moyen d’emplois menacés par défaillance est porté à 7,5 ce 2e trimestre contre 3,4 pour le 2e trimestre de 2016, 3,1 pour celui de 2017 et 2018 et 3,3 pour celui de 2019. Selon le cabinet, ce risque croissant est dû aux procédures ouvertes sur les entreprises de taille intermédiaire (ETI), lesquelles « ont fait bondir le compteur » (La Halle, Camaïeu, NafNaf ou encore Celio dans le secteur de l’habillement par exemple) même si la moitié des sauvegardes et les deux tiers des redressements enregistrés concernent les TPE de moins de 3 salariés. 9 défaillances sur 10 concernent d’ailleurs les TPE de moins de 10 salariés (92 %). |
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Matthieu Barry
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