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Elections à la présidence de la CPME : trois candidats et un favori

La campagne a débuté en septembre et se terminera demain, le 21 janvier 2025. Trois candidats se disputent la direction de l'organisation patronale des PME. De 59 à 39 ans, ils sont tous membres du comité exécutif de la CPME. Issus des services, ils entendent s'inscrire dans la droite ligne de l'actuel président, François Asselin. L'un d'entre eux se détache grâce au soutien d'importantes fédérations : Amir Reza-Tofighi. Mais l'élection est loin d'être jouée.

Elections à la présidence de la CPME : trois candidats et un favori
Gaëtan de Sainte Marie, Amir Reza-Tofighi, Alain Gargani. © DR

C’est dans un contexte politique particulièrement agité que se tient en ce moment la campagne pour l’élection du prochain président de la CPME. François Asselin en quittera la direction le 21 janvier 2025 après dix années de mandat. Issu de la CGPME Poitou-Charentes, et succédant à Jean-François Roubaud, il avait pris la tête de l’organisation en 2015.

Vingt années séparent les potentiels successeurs, tous issus du secteur des services. Alain Gargani (59 ans), Gaëtan de Sainte Marie (49 ans) et Amir Reza-Tofighi (39 ans) s’affrontent pour prendre la relève. Pour l’instant, le plus jeune, Amir Reza-Tofighi, a reçu le soutien d’importantes fédérations. Le point sur les parcours et les positionnements des candidats.

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Alain Gargani : « Pour une CPME plus offensive »

Diplômé d’un doctorat de sciences à l’université d’Aix Marseille, Alain Gargani a dirigé la CPME des Bouches-du-Rhône à compter de 2013 avant de prendre les rênes en Provence-Alpes-Côte-d’Azur en 2019. Il dirige également une société d’événementiel fondée en 1996, Atout Organisation Science (AOS), spécialiste de l’organisation de congrès. Il produit et anime l’émission en ligne Atout Santé, diffusée sur YouTube et consacrée à la vulgarisation des informations de santé.

C’est aussi le profil le plus politique : il a figuré en 2020 sur la liste « Une volonté pour Marseille » de Martine Vassal (UMP puis Les Républicains) pour les élections municipales à Marseille. Il est également conseiller régional en Paca (délégué au numérique et à l’innovation) aux côtés de Renaud Muselier (passé par le RPR, l’UMP et qui a rallié le camp d’Emmanuel Macron lors de la présidentielle de 2022).

Son programme se dit lui-même « dans la droite ligne de l’esprit de François Asselin » et annonce la couleur : il faut « libérer l’économie » pour créer « un environnement propice à la croissance et à la création de richesse ». Il veut aussi « une CPME plus offensive » qui entend « simplifier les contraintes administratives » des entreprises. Il propose par exemple de généraliser le test PME pour favoriser la stabilité des législations, d’alléger le reporting extra-financier CSRD, ou encore de « valoriser le travail comme vecteur d’émancipation et de progression sociale ».

Il veut « réduire l’écart entre le salaire brut et le salaire net, priorité « pour renforcer le pouvoir d’achat et réconcilier les salariés avec le monde de l’entreprise » ainsi que « valoriser les métiers en tension », soutenir la formation continue et l’apprentissage. Il défend la TVA sociale et un allègement des charges des entreprises.

Enfin, il souhaite « un syndicalisme de proposition » et avance qu’il faut « repenser le dialogue social en s’appuyant sur des thématiques actuelles pour élaborer des propositions concrètes. Cette approche proactive permettra d’instaurer un paritarisme d’anticipation (…) qui s’empare des sujets émergents et propose des solutions avant que les crises ne surviennent ».

Gaëtan de Sainte Marie : « Pour un assouplissement des 35 heures »

Agé de 49 ans, Gaëtan de Sainte Marie est diplômé du privé (Lyon Business School). Il a également un point commun avec François Hommeril, président de la CFE-CGC : avoir été salarié du groupe Pechiney mais en Australie, en tant que volontaire international en entreprise (VIE). Entrepreneur comme les deux autres candidats, c’est un spécialiste des services aux PME : il a fondé une société de mutualisation de moyens informatiques puis une centrale d’achat (Quantis, revendiquant 70 salariés et 35 000 entreprises adhérentes), toutes deux dédiées aux petites et moyennes entreprises. Président de la commission Numérique, il est aussi vice-président de la CPME du Rhône. Il a enfin présidé plusieurs années le Centre des jeunes dirigeants de Lyon. Il co-dirige un domaine viticole dans le Jura et a co-écrit un livre sur l’économie collaborative.

Un point commun avec Alain Gargani : il veut « moderniser le paritarisme » en adaptant la négociation interprofessionnelle aux besoins de l’économie, et l’engager sur la voie des propositions.

Il entend « rendre au travail sa valeur cardinale ». Un travail qu’il appelle de ses vœux « le plus rémunérateur possible, donc le moins coûteux ». Il défend donc une baisse du « coût » du travail et s’élève contre « un Smic excessif impossible à financer pour la plupart d’entre elles, ou une semaine de quatre jours généralisée sans discernement ».

Comme François Asselin, il propose de passer les obligations des entreprises de 50 salariés à un seuil de 100 salariés et de lancer un débat sur « l’actualisation et la simplification du droit du travail ».

Il veut sécuriser et harmoniser les allégements de charges sous le salaire médian, assouplir les 35 heures et les jours de RTT (réduction du temps de travail), doubler la défiscalisation des heures supplémentaires, créer un crédit d’impôt recherche renforcé pour les PME.

Il défend aussi l’emploi des seniors sous la forme d’une diminution des cotisations sociales « pour les seniors contribuant après 50 ans à une activité de transmission de savoir-faire ou lorsque l’entreprise garde ses collaborateurs seniors ».

Amir Reza-Tofighi : « Pour une réduction drastique du code du travail »

Le « benjamin » quadragénaire est cofondateur de deux plateformes de services : Click and Boat pour la location de bateau en 2014 et Heetch en 2013, une appli de VTC (véhicule de tourisme avec chauffeur). Ancien directeur technique de Vitalliance, une société de services aux personnes âgées et handicapées employant 8 000 salariés, il en devient président directeur général en 2018. Diplômé de Centrale Supélec (école d’ingénieurs) et de HEC (école de commerce), il est également président d’honneur de la Fédésap (fédération française de services à la personne et de proximité, affiliée à la CPME). Il préside également la commission Innovation de la CPME.

Il a reçu des soutiens de poids : les fédérations du bâtiment et la puissante UIMM (métallurgie) lui ont apporté leur soutien. Il compte aussi à son actif les transports de voyageurs, l’union des prestataires de santé à domicile, plusieurs CPME locales (la Réunion, le Centre-Val-de-Loire, le Tarn). Attention cependant à ne pas déjà le proclamer vainqueur. D’une part parce qu’il s’agit d’un scrutin indirect qui peut révéler des surprises, et d’autre part, parce que certaines fédérations ou CPME locales ne proclament pas publiquement quel candidat retient leur faveur. De plus, certains candidats communiquent davantage que les autres sur les soutiens reçus.

Il porte un allègement du « poids de la complexité administrative » des PME, un développement des outils d’actionnariat salarié. Il défendra également le paritarisme puisqu’il veut lui « redonner une place centrale en le libérant de la tutelle de l’État », mais il souhaite également « introduire la règle d’or dans les régimes sociaux », c’est-à-dire limiter le recours aux déficits. Comme François Asselin, il veut transférer le financement de la protection sociale des cotisations vers l’impôt.

« Résorber la dette » figure aussi dans ses priorités, en particulier sur les retraites (qu’il souhaite par capitalisation) et la santé (il réclame l’instauration de jours de carence d’ordre public en cas d’arrêt maladie). Sa « solution pour mieux valoriser le travai » consiste dans une division par deux des charges salariales, et une baisse des charges patronales.

Au programme également, une adaptation du contrat de travail à durée indéterminée, une « réduction drastique du code du travail », un passage des obligations des entreprises de 50 salariés au seuil de 100 salariés. Il veut aussi « alléger la législation relative à l’Index égalité professionnelle pour les entreprises de moins de 100 salariés ».

Marie-Aude Grimont

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