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Entrepreneurs : les outils à votre disposition pour sortir de la crise
Se faire coacher, se rapprocher d’un réseau d’entraide ou d’un tribunal de commerce, solliciter une procédure de sauvegarde… Les entrepreneurs en difficulté en cette période de crise doivent anticiper au maximum pour sauver leur activité. Le point sur les réflexes de gestion à adopter.
Un coaching d’appui. C’est ce qu’a mis en place l’association 60 000 Rebonds. Si en temps normal, l’association n’intervient qu’une fois que l’entreprise a déposé le bilan, en cette période de crise inédite, le réseau, composé de plus de 1 000 bénévoles dont 320 coachs, a étoffé sa mission pour accompagner en amont les entrepreneurs en difficultés qui le souhaitent sur le territoire national : « Tout le monde peut se faire aider », explique Bernard Gloppe, coach professionnel certifié référent 60 000 rebonds, lors du webinaire « Entrepreneurs dans la tempête, préparez concrètement votre rebond » organisé par l’association le 29 avril dernier.
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Entrepreneurs : trois heures de coaching à titre gracieux jusqu’au 15 juillet
Pour bénéficier de ces trois heures de coaching gracieux, les chefs d’entreprise doivent simplement se connecter sur le site de 60 000 rebonds avant le 15 juillet. L’association encourage les entrepreneurs à « sortir de leur isolement et à mettre leur ego de côté ». Pour Marie-Laure Le Van Vo, elle aussi coach professionnel certifié référent 60 000 rebonds, c’est l’occasion pour eux de « se livrer et de s’exprimer sur leur situation personnelle, même s’ils n’ont pas l’habitude de le faire ».
« Les entrepreneurs doivent bousculer leurs certitudes initiales et se concentrer sur des questions essentielles qu’ils ne prendraient pas le temps de se poser en temps normal »
Les coachs de 60 000 Rebonds aident les entrepreneurs à prendre conscience qu’ « ils ne sont pas l’entreprise ». Les entrepreneurs prennent ainsi du recul sur leur relation avec leur entreprise et peuvent identifier ce qu’ils sont en capacité de faire et dans quel ordre ils doivent procéder dans ce contexte d’arrêt partiel ou total. Objectif : « rendre utile ce temps mort en retrouvant la capacité d’agir dans un contexte subi et vérifier si leurs choix sont sensés, justes et adaptés. Ce n’est pas parce que tout s’arrête qu’ils doivent s’arrêter aussi », explique Marie Laure Le Van Vo.
« La dirigeante d’un salon de coiffure qui a dû fermer son entreprise était dans un véritable état de panique face aux événements qu’elle subissait quand elle nous a contactés. Nos coachs l’ont remobilisée sur ce qu’elle pouvait mettre en place et sur les opportunités potentielles. Elle en est sortie plus sereine et positive », témoigne Guillaume Mulliez, président de 60 000 rebonds. Ce temps permet au dirigeant de s’interroger sur l’identité et l’évolution de son entreprise et de reprendre en main son avenir et son devenir. « Ils doivent bousculer leurs certitudes initiales et se concentrer sur des questions essentielles qu’ils ne prendraient pas le temps de se poser en temps normal », confirme Marie-Laure Le Van Vo.
Les juges des tribunaux de commerce en appui des entrepreneurs
D’autant qu’avec la crise, plus d’un dirigeant sur deux craint la faillite de son entreprise[*]. Bruno Delcampe, fondateur de SOS Entrepreneur, spécialisé dans l’accompagnement d’entrepreneur en difficulté craint en effet une recrudescence d’entreprises en état de cessation de paiement. « Si les outils gouvernementaux vont aider les entreprises à stabiliser leur trésorerie, celles qui enregistrent des résultats positifs en 2020 risquent néanmoins de passer en négatif en 2021.
C’est la conséquence directe de la dégradation de leurs bilans, de l’obligation de rembourser leurs prêts qui ne sont finalement que reportés et de payer les charges. La baisse de leurs capitaux propres va entraîner une dégradation de leur notation à la banque de France et une réelle difficulté pour elles de revenir à l’équilibre », relève Bruno Delcampe.
« Ces juges bénévoles agissent de manière anonyme pour assister les chefs d’entreprise à tous moments, pour les aider à anticiper et prévoir. Ils n’ont pas vocation à enterrer l’entrepreneur et son entreprise »
L’entrepreneur doit tenir compte de l’état d’endettement de son entreprise, de l’état de ses capitaux propres et des risques qu’il prend. S’il n’a pas de difficultés de paiement, il peut néanmoins négocier des moratoires avec ses partenaires. L’ancien chef d’entreprise insiste sur la nécessité pour ceux qui approchent de la cessation de paiement d’utiliser les procédures confidentielles que sont le mandat ad hoc ou la conciliation judiciaire ou encore la procédure collective de sauvegarde. « C’est la seule façon de s’en sortir », plaide-t-il.
Outre leur expert-comptable, ils ont un panel de réseaux et d’associations à disposition pour se faire conseiller et prévoir des solutions pour sortir de la crise. Ils peuvent également se rapprocher et dialoguer avec les juges des tribunaux de commerce le plus en amont possible. « Ces juges bénévoles agissent de manière anonyme pour assister les chefs d’entreprise à tous moments, pour les aider à anticiper et prévoir. Ils n’ont pas vocation à enterrer l’entrepreneur et son entreprise », conclut Yves Lelièvre, président de l’association Re-Créer, ancien président du Tribunal de Commerce de Nanterre.
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[*] Enquête CPME l’impact du Covid-19 sur les TPE/PME réalisée auprès de 3 416 dirigeants entre le 2 et le 20 avril.
Charlotte de Saintignon
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