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Une entreprise sur 5 touchée par le fait religieux
Les manifestations religieuses sont plutôt bien acceptées au sein des entreprises. Seulement si elles restent à la discrétion du seul salarié et n'impliquent pas de répercussions sur les autres. En revanche, les dirigeants ne sont pas prêts à lui faire une place formalisée dans leur mode de fonctionnement.
Si les dirigeants restent ouverts à certaines expressions permettant à une personne de respecter des pratiques religieuses, pas question pour autant que celles-ci remettent en cause la neutralité de l’entreprise ou impactent son fonctionnement. Ainsi, 93%* des chefs d’entreprise sont ouverts à ce qu’un salarié pose un jour de congé pour raisons religieuses, 92% estiment acceptable que les restaurants d’entreprise proposent systématiquement des plats végétariens et 83% sont ouverts à l’idée qu’un salarié puisse jeûner pendant ses heures de travail. A l’inverse, ils sont fermement opposés aux pratiques qui induisent un rejet de l’autre : 54% d’entre eux estiment ainsi inacceptable qu’un salarié refuse de manger avec ses collègues et plus de 90% écartent l’idée qu’un collaborateur puisse refuser de serrer la main à une personne de l’autre sexe ou de s’asseoir là où elle était assise.
Pas d’aménagement d’espace ou d’horaires
In fine, le fait religieux serait majoritairement considéré comme n’étant pas légitime à prendre une trop grande place au sein de la vie de l’entreprise. Près de 9 dirigeants sur 10 (88%) excluent d’effectuer des aménagements d’espaces comme des salles de prière ou de voir se développer des aménagements de travail formels dus à la religion (84% y sont opposés) dans leur entreprise. Le port du voile, dont la présence dans de nombreux espaces publics est questionnée, constitue également une forme d’expression religieuse à laquelle les dirigeants sont largement opposés (79%). Tout comme ils trouvent majoritairement inacceptable qu’une personne souhaite l’aménagement de ses horaires pour prier (79%).
Demandes de congés et prières
Si les dirigeants sont majoritairement défavorables à l’expression trop formalisée du fait religieux en entreprise, dans les faits, celui-ci touche près d’une entreprise sur cinq. Deux types d’expression se distinguent : les demandes de congés liées à des fêtes religieuses qui ne seraient pas déjà un jour férié (53% des dirigeants en font état) ou des prières (48%). Le port de signes ostentatoires (27%), la demande d’aménagement du temps de travail pour raisons religieuses (25%) ou le refus de serrer la main à une personne de l’autre sexe (24%) font également partie des faits les plus cités.
Dialogue et anticipation
62% des dirigeants indiquant avoir été confrontés au fait religieux dans leur entreprise estiment avoir, avant même face à une telle situation, entrepris une démarche d’échange et de dialogue au sein de leur entreprise sur ce sujet. Au-delà de cette démarche d’anticipation, les chefs d’entreprises géreraient surtout le sujet via le dialogue : à l’occasion du dernier cas autour du fait religieux s’étant présenté, près de la moitié d’entre eux privilégient le fait de convoquer la personne concernée pour échanger avec elle (47%). 37% des dirigeants ayant vécu la situation affirment avoir mis en place dans leur règlement intérieur des dispositifs relatifs au fait religieux en entreprise. Seuls 27% des dirigeants indiquent n’avoir pas entrepris de démarche pour encadrer ces comportements pour le moment.
* Sondage Harris Interactive pour l’IST, le Crif, Le Figaro réalisé par téléphone en janvier 2018 auprès de 300 dirigeants d’entreprise
Charlotte de Saintignon
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