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Les factures non conformes source de retards de paiement
Les entreprises prendraient de plus en plus conscience de l’importance des délais de paiement et donc de respecter leurs partenaires commerciaux. Dans les faits pourtant, les plus gros acteurs ne seraient pas toujours de bons élèves, avec une facture sur 7 qui resterait bloquée dans les méandres administratifs de paiement.
Une facture sur 7 émise par une PME se retrouve bloquée par le système de contrôle d’un grand groupe *. En amont des Assises des délais de paiement qui se sont déroulées pour la première fois au siège du Medef, le médiateur des entreprises Pierre Pelouzet a mis en garde les entreprises contre leurs systèmes de validation de factures qui bloquent souvent leur paiement. « Nous souhaitons les pousser à prendre conscience que quelque chose ne fonctionne pas et qu’elles en prennent enfin la mesure. Aucune entreprise ne le fait aujourd’hui. Pourtant il existe des processus pour éviter ces dysfonctionnements ».
Présenter des informations fiables et des factures conformes
En cause ? La non-conformité desdites factures. La fiabilité des informations fournies est primordiale car s’il y a le moindre oubli dans le bon de commande ou une erreur d’adresse ou de numéro de téléphone, celle-ci peut rapidement être bloquée par le donneur d’ordre. « Il y a des systèmes très contraignants qui obligent les acteurs à présenter des factures conformes », explique Thierry Million, directeur des études d’Altares. De son côté, le chef d’entreprise qui a envoyé sa facture n’est pas au courant que celle-ci est bloquée. Pour parer ces dysfonctionnements, il faudrait augmenter le seuil de tolérance et ne bloquer les factures non conformes qu’à partir d’un certain montant. D’autant que le problème concernerait essentiellement les petites factures. Le médiateur, dont 25% des médiations portent sur les délais de paiement, s’interroge sur la nécessité des entreprises d’avoir « deux ou trois systèmes de contrôle sur une facture à 200 ou 300 € d’un fournisseur récurrent ? Les entreprises devraient être dans la confiance plutôt que dans la défiance pour fluidifier leur processus de facturation ». Autre axe d’amélioration : travailler sur des factures standards et simplifiées, soit demander à tous les fournisseurs les mêmes factures et donc les mêmes données.
47 jours pour traiter les litiges
Pour Thierry Million, « les efforts à faire se concentrent surtout sur la catégorie des grands acteurs. Des efforts qui nécessitent des réorganisations techniques ». In fine, la France a accéléré la résolution des litiges, passant à 47 jours, contre 51 jours il y a 6 mois. « Cela reste très long » cingle Pierre Pelouzet. « La compétitivité de chaque entreprise se construit avec ses clients et avec ses fournisseurs. Le respect des délais de paiement est une clé de la vitalité des entreprises. Celles-ci doivent se réapproprier le sujet pour mieux respecter leurs fournisseurs. C’est une exigence économique et morale », assure de son côté Pierre Gattaz dans son allocution vidéo de lancement de ces 4e assises. Le président de la CPME François Asselin note ainsi que « 16 milliards d’euros de trésorerie sont supprimés dans les besoins en fonds de roulement des PME » justement à cause de ces délais de paiement. D’autant que le paiement de pénalités et d’intérêts de retard dans le secteur privé est « infinitésimal, reconnaît Pierre Pelouzet. J’ai des cas de PME qui, envoyant des factures sur les intérêts de retard se sont fait rabrouées par leurs clients, leur répondant « Je vous ai payé, vous devriez déjà être content ! » Au-delà des nombreux problèmes de trésorerie qu’ils génèrent, les délais de paiement sont responsables d’une défaillance sur trois dans l’Hexagone. La France reste la championne européenne des petits retards » –ceux inférieurs à 15 jours–. Elle a donc grandement intérêt à « prendre exemple sur l’Europe du Nord, très vertueuse en la matière, et notamment sur l’Allemagne, où deux tiers des structures paient à l’heure » conclut Thierry Million.
*Baromètre « Médiateur des entreprises-Sidetrade » de mai 2018
Texte : Charlotte de Saintignon
Infographie : Melissa Carles
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