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Faillite d'entreprise : l'association 60 000 rebonds soutient les entrepreneurs
Plus de 60 000 entreprises, pour la plupart des PME, déposent le bilan tous les ans. Un moment difficile à vivre pour les dirigeants qui doutent alors de leurs capacités. L’association 60 000 rebonds aide les entrepreneurs dans l’impasse à développer de nouveaux projets.
Faire faillite est la grande peur de tous les chefs d’entreprise. Pourtant, « c’est une probabilité qu’il faut envisager » selon Philippe Rambaud, fondateur et président de l’association « 60 000 rebonds ». Cet ancien dirigeant de PME a fait carrière chez Danone avant de se lancer dans entrepreneuriat. Après avoir vécu la faillite de son entreprise de conseils en marketing, il décide de fonder une organisation qui viendrait en aide aux entrepreneurs qui ont fait banqueroute. Coaching, réunions, présentations de projets en petit groupes, ateliers d’introspection… tout est mis en œuvre pour reprendre confiance en soi en quelques mois. Convaincu qu’il est toujours possible de rebondir et qu’une faillite n’est jamais de l’entière responsabilité du chef d’entreprise, il nous dresse le portrait d’une France où l’échec est synonyme de honte et d’incompétence. Compte-rendu de notre rencontre avec Philippe Rambaud et Laurent Buob, chef d’entreprise accompagné par « 60 000 rebonds ».
Affronter les difficultés de son entreprise
Ne pas avoir peur d’imaginer l’échec
Chaque année, c’est environ 60 000 entreprises qui font faillite et autant d’entrepreneurs qui ont besoin de faire leur deuil pour se réinventer. Continuer à avoir confiance en soi et en ses capacités après un échec se révèle très difficile. Pourtant, Philippe Rambaud rappelle que « la faillite relève de deux choses : des mauvaises décisions dont les effets sont démultipliés par un contexte qui s’est économiquement renversé. » C’est ce qui est arrivé à Laurent Buob. Après 10 ans passés au sein du groupe Pernaud-Ricard où il est devenu directeur européen d’Orangina, puis une expérience à LVMH en tant que directeur développement sur la zone américaine, il décide de monter sa propre société. Ainsi, il crée une petite structure : La Part des Anges, spécialisée dans la recherche de champagne et spiritueux très rares. En parallèle, il reprend la PME Leblon Delienne spécialiste de la fabrication de figurines. C’est cette dernière qui provoquera sa chute puisque que les comptes certifiés s’avèrent falsifiés. Malgré les dettes laissées par l’ancien dirigeant, il est persuadé de pouvoir y arriver : « J’ai utilisé tous les recours possibles et j’ai réussi à redresser l’entreprise mais les banques ont décidé de me couper les crédits car elles jugeaient que la société était contre-productive » nous explique-t-il.
Ainsi, en 2014, Leblon Delienne est en liquidation. « J’ai démarré mon activité avec un capital de 2 millions d’euros en 2007 et fin janvier 2015, j’avais 250 000 euros de dettes. On se sent extrêmement seul. » En effet, l’échec en France est tabou. « Une fois que l’on a fait faillite, un système de honte s’installe, on pense que tout ce qui est arrivé est de notre faute. Il faut bien faire attention à dissocier deux choses : ce qui arrive dans la vie et ce que nous sommes » témoigne Philippe Rambaud. « Il y a un travail à faire sur la culture française. On pense que les entrepreneurs qui ont connu l’échec sont mauvais, ce qui est faux. »
Les pièges qui peuvent entrainer la chute d’une entreprise
« Un chef d’entreprise qui fait faillite n’a pas le droit au chômage. C’est pour cela qu’il faut que tous les entrepreneurs qui lancent leur société adhèrent à la GSC, l’assurance de perte d’emploi des dirigeants » rend compte le président de 60 000 rebonds. Un conseil qui sonne comme un témoignage puisqu’il est lui-même adhérent à la GSC. Cette assurance lui a permis, lorsqu’il a fait faillite, de se relever à son rythme tout en étant assuré de toucher un revenu constant. En effet, pour une cotisation de 396 € sur l’année, le chef d’entreprise qui dépose le bilan de sa société bénéficie d’une indemnité forfaitaire de 5 616 €. Pourtant, moins de 3% des entrepreneurs y ont souscrit.
Autre piège : la caution bancaire personnelle. Lorsque le chef d’entreprise se présente à son conseiller bancaire pour obtenir un prêt car la société rencontre des difficultés, il se le voit refusé, sauf s’il signe une caution bancaire personnelle. Or, cela implique qu’en cas de faillite, le dirigeant se retrouve très endetté. Ce n’est heureusement pas la seule solution. Pour obtenir un prêt, il existe deux alternatives : accepter des taux d’intérêt plus élevés ou recourir à la caution de la BPIfrance. Mais attention, la BPI couvre la banque en cas de faillite, pas le dirigeant. « Malheureusement, beaucoup de chefs d’entreprises font l’erreur de signer une caution bancaire personnelle car ils se pensent couverts par la BPI alors que ce n’est pas le cas » souligne Philippe Rambaud.
Une association qui compte de nombreux soutiens
L’association de Philippe Rimbaud et sa vocation d’aider les ex-chefs d’entreprises à surmonter leur échec compte de nombreux soutiens parmi lesquels Jacques Attali qui est le porte-parole de l’association mais aussi Alain Juppé ou encore Emmanuel Macron, qui a aidé l’organisation à obtenir la certification d’intérêt général. L’ex-ministre déléguée aux PME, Fleur Pellerin, a quant à elle été d’une aide précieuse puisqu’elle a autorisé la fin du 0,40. Cet indicateur de la banque de France notait les entrepreneurs, qui avaient connu un ou plusieurs dépôts de bilan, de 0,00 à 0,50. Cela permettait aux banques d’estimer si accorder un prêt à tel ou tel client était plus ou moins risqué.
Laurent Buob en a fait les frais puisqu’après la liquidation de son entreprise il a été noté 0,40. Une notation qui a eu un impact conséquent sur son quotidien : « Je n’avais plus de compte, plus de carte bleue, il m’était impossible d’encaisser des chèques ou même d’effectuer des virements. Encore aujourd’hui, je dois me rendre au guichet pour effectuer toute transaction. La banque de France m’a attribué une banque qui fait le minimum : toute opération sur mon compte prend extrêmement de temps. » Cette note apparaît sur le dossier durant 3 à 5 ans après avoir été émise et même si ce système a été abrogé depuis.
Aujourd’hui, Laurent Buob est devenu un slasheur : il cumule les emplois. La société « Héritage Collection » a repris les actifs de Leblon Delienne et l’a mandaté pour relancer l’activité. L’entreprise a récemment signé avec DC Comics, Star Wars et Marvel. Il travaille aussi pour une association, Normandie Web Expert, et retrouve confiance en l’avenir grâce au soutien que lui a apporté 60 000 rebonds. Il met un point d’honneur à appliquer les conseils de Philippe Rambaud afin de ne pas risquer une nouvelle fois la banqueroute : « Ne pas mettre 100% de son investissement professionnel dans un seul projet. »
Melissa Carles
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