Actu
La Banque de France va nommer un conseiller TPE pour chaque département
Conscient que « l’accès aux crédits de trésorerie est sensiblement moins bon pour les TPE que pour les autres PME », le gouverneur de la Banque de France a annoncé la nomination de conseillers TPE dans chaque succursale départementale. Nommés au printemps, ces conseillers seront formés pour prendre leurs fonctions à l’automne 2016.
Lors d’un colloque organisé par la Banque de France sur le financement des TPE le 15 janvier, son gouverneur François Villeroy de Galhau a souligné le rôle de l’institution qu’il dirige « aux côtés des TPE, au niveau central mais aussi sur le terrain, grâce à sa présence en région ». Ce sont en effet 2,1 millions de TPE employant environ 20 % des salariés du privé qui maillent le territoire national, et 900 000 d’entre elles ont au moins un salarié. Elisabeth Kremp, chef du département des synthèses sectorielles de l’Insee, a affiné la photo : les trois secteurs principaux qui regroupent le plus de TPE sont le commerce (24 %), les services aux entreprises (23 %) et la construction (19 %). Toutefois, « l’hétérogénéité caractérise les TPE », insiste Claude Piot, directeur des entreprises à la Banque de France, et celles-ci sont confrontées à la difficulté de « durer » : un tiers des TPE disparaît au bout de trois ans, 50 % au bout de 5 ans. Des défaillances dues à l’épuisement des dirigeants ? Au manque d’accompagnement ? « Beaucoup de fonctions se cumulent sur la tête du chef d’entreprise », répond Philippe Arraou, président du conseil supérieur de l’ordre des experts comptables. « Sur les 60 000 TPE qui disparaissent chaque année, 15 000 ont des clients, des fournisseurs et un carnet de commande rempli », déplore François Moutot, directeur général de l’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat.
Peu d’investissement des TPE en 2013 et en 2014
Le faible taux d’investissement pourrait être une autre cause des faillites : selon la Banque de France, seulement 36,6 % des TPE ont investi en 2014. « L’accès aux crédits de trésorerie est sensiblement moins bon pour les TPE que pour les autres PME, a reconnu le gouverneur de la Banque de France. Moins de 60 % des demandes de crédits de trésorerie étaient satisfaites (à 75 % ou plus) au troisième trimestre 2015, contre 74 % pour les PME… ». Il a poursuivi en indiquant « que les crédits aux TPE progressent de 2,8 % par an, en glissement annuel à la fin du troisième trimestre 2015» mais a immédiatement relativisé cette tendance positive : les crédits de trésorerie aux TPE n’augmentent que de 1,1 % en rythme annuel. « Un million de TPE ont un financement bancaire, donc les autres 50 % n’en ont pas besoin » a affirmé Dominique Carabiol, conseiller de la direction générale de la BPCE, suscitant d’importants murmures dans la salle. « Il faut être conscient du risque que représente une TPE pour une banque », a-t-il poursuivi.
Des correspondants de la Banque de France experts pour aider les TPE
Le « risque », mot clé qui symbolise la nature des relations entre les TPE et les banques. « Il faut éviter de conditionner un projet à une liasse fiscale. Un projet entrepreneurial s’inscrit dans un territoire, avec des salariés, des partenaires… Ne demandons pas aux patrons d’être aussi banquiers. Le métier du chef d’entreprise est de développer son CA, son activité… », lui répond Bernard Cohen-Hadad, président de la commission financement de la CGPME. Avec une très forte inégalité entre les secteurs : François Moutot a rappelé que 50 à 60 % de l’artisanat était composé de personnes « qui travaillent seules et qui ne peuvent ni embaucher, ni investir ». Conscient de cet ensemble de facteurs, François Villeroy de Galhau a donc annoncé la nomination par la Banque de France, au printemps prochain, de correspondants TPE dans chaque succursale départementale, pour une prise de fonction « à l’automne prochain ». Leur rôle sera « d’être un premier point de contact, avec pour missions d’écouter les responsables de TPE en qualité de tiers de confiance, de diffuser les outils d’information, de comprendre dans leurs grandes lignes la nature des besoins ». Ils pourront ainsi « orienter » les chefs d’entreprises « vers les réseaux professionnels qui, eux, délivreront le support adapté : centres de gestion agréés, ordre des experts-comptables, associations de micro-crédit… ». Enfin, la « confidentialité » restera totale si le dirigeant de TPE le souhaite. Pour compléter le travail de ces correspondants, un outil d’analyse en ligne, « Opale », sera mis à la disposition des entreprises fin 2016, pour permettre « à un dirigeant d’apprécier la situation financière de son entreprise ».
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire.
Commentaires