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La santé psychologique des entrepreneurs se dégrade depuis la Covid-19

Depuis dix ans, la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur révèle l’état de santé des dirigeants d’entreprise. Les dirigeants des TPE, PME et ETI sont en moins bonne forme psychologique depuis la crise sanitaire, selon une étude de la Fondation MMA et de Bpifrance Le Lab. Les jeunes chefs d’entreprise et certains secteurs semblent particulièrement touchés.

La santé psychologique des entrepreneurs se dégrade depuis la Covid-19
En termes d’âge, si les jeunes dirigeants sont plus en forme physiquement, ils indiquent dans le même temps une bien moins bonne forme psychologique que leurs aînés. © Getty Images

« Chaque année, les décideurs sont plus nombreux à se dire en bonne santé physique tandis que les indicateurs sur leur état de santé psychologique n’ont jamais retrouvé les seuils d’avant crise ». C’est ce que révèle la 10e édition du baromètre de la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur sur la santé des dirigeants de TPE/PME français. Ainsi, en 2024, 90 % des dirigeants se disent en bonne santé physique (+ 7 points vs. 2023), « premier actif hors bilan de l’entreprise » comme le souligne Élise Tissier, directrice du Lab de Bpifrance. Et 76 % s’estiment en bonne santé psychologique. A titre de comparaison, ils étaient 86 % à se déclarer en bonne forme psychologique en 2019, avant que la crise sanitaire n’émerge. La crise sanitaire semble ainsi avoir touché la santé mentale des dirigeants de manière durable. Ces derniers seraient également plus exposés au burn-out.

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Des secteurs et des âges plus en peine

Dans la réalité, leur forme psychologique s’avère contrastée d’un secteur à l’autre. Les dirigeants dans certains secteurs d’activité semblent ainsi plus vulnérables que les autres. C’est notamment le cas des transports, où 39 % des dirigeants affirment avoir une santé mentale passable ou mauvaise. De l’agriculture (38 %) ou de la construction (29 %). « Des chiffres à mettre en regard avec les tensions observées dans ces secteurs où les défaillances d’entreprises ont bondi en 2023 selon le cabinet Altares, pointe l’étude (+ 40,7 % pour la construction, + 30,7 % dans les transports et + 7 % pour l’agriculture) ». En termes d’âge, si les jeunes dirigeants sont plus en forme physiquement, ils indiquent dans le même temps une bien moins bonne forme psychologique que leurs aînés. Les 18/24 ans sont 30 % à évoquer une forme psychologique passable ou mauvaise, contre une moyenne de 24 % pour l’ensemble des dirigeants. Si les dirigeants sont de plus en plus nombreux à se dire en bonne santé, 71 % évoquent des troubles physiques récurrents tels que des maux de dos (47 %) ; des douleurs articulaires (38 %) ou des troubles du sommeil (36 %). Pour prévenir la maladie, ils sont plus de la moitié (54%) à avoir repris une activité physique régulière, notamment les plus jeunes dirigeants et ceux de plus de 65 ans. Une bonne pratique qui a dépassé l’attention accordée à une alimentation plus saine (48 %). A noter que maintenir l’équilibre vie pro/perso reste un vrai défi : 37 % des dirigeants rencontrent encore des difficultés à concilier leur vie professionnelle et leur vie personnelle. Un taux qui grimpe à 57% chez les agriculteurs. De même, ils peinent encore souvent à instaurer un suivi régulier chez leur médecin (seuls 27% ont instauré un checkup médical régulier). Ainsi, un tiers des sondés confie avoir renoncé à aller voir un médecin dans les 12 derniers mois et 10 % admettent ne jamais en consulter. En cause ? Un manque de temps et la nécessité de privilégier leur activité pour 60 % d’entre eux.

Plus de transparence sur la maladie longue

Pour la première fois cette année, la Fondation s’est associée avec BPI Lab pour questionner les dirigeants sur leur expérience et leur façon d’anticiper la maladie longue. 4 % sont ou ont été touchés par une maladie longue, évoquant en majorité le cancer. A noter que celle-ci touche davantage les plus de 65 ans (12 %) et les dirigeants d’entreprises de 1 à 5 salariés. Si 87 % ont choisi d’évoquer leurs problèmes de santé auprès de leur entourage professionnel (équipes, avocats, experts-comptables, banquiers, consultants), les craintes concernant l’avenir de leur entreprise persistent puisqu’ils sont 44 % à indiquer avoir craint pour l’avenir de leur entreprise à cause de leurs problèmes de santé et un décideur sur cinq a constaté une baisse de son chiffre d’affaires et la perte de clients dans ce contexte. A noter que plus l’entreprise est grande, moins le chef d’entreprise est inquiet face à la maladie. Confrontés à la maladie, les dirigeants restent combatifs et attachés à leur fonction : 84% déclarent ne pas avoir revu leur fonction de dirigeant suite à leur situation de santé. Néanmoins, 29 % ont réorganisé leurs activités, et 22 % indiquent avoir été contraints de mettre en pause voire de stopper leurs activités.

Charlotte de Saintignon

*Enquête menée auprès de 1 500 dirigeants d’entreprise du 14 février au 26 mars 2024 par téléphone

 

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