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Le BTP attend le véritable plan de relance de septembre

Le gouvernement a annoncé quelques mesures d’urgence visant à soutenir les entreprises du BTP le 10 juin en marge de la présentation en Conseil des ministres du 3ème projet de loi de finances rectificatif (PLFR 3). Mais le secteur du BTP devra attendre la rentrée pour avoir son plan de relance, centré sur la construction et la rénovation énergétique.

Le BTP attend le véritable plan de relance de septembre
« Il n’y a rien pour accompagner nos entreprises qui doivent faire face à des charges supplémentaires », regrette Patrick Liébus, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). © Adobe Stock

Les organisations professionnelles du BTP l’attendaient de pied ferme : après les plans pour les filières automobile ou aéronautique, le plan de relance du gouvernement pour le secteur du bâtiment. Or, « il s’agit plutôt d’un plan de redémarrage, regrette Patrick Liébus, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). Il n’y a rien pour accompagner nos entreprises qui doivent faire face à des charges supplémentaires. Il faudrait des mesures de relance beaucoup plus fortes et puissantes ».

En termes de calendrier, les premières mesures présentées le 10 juin seront donc complétées en septembre par un véritable plan de relance. Patrick Liébus se montre pressant : « Il ne faut pas attendre septembre pour le lancer car les clients potentiels vont freiner les demandes de devis et ne voudront pas s’engager dans des travaux tant qu’ils ne savent pas de quoi ils pourront bénéficier ; il faut pouvoir les rassurer ». En attendant, pour booster les travaux, les copropriétés ont la possibilité de tenir leurs assemblées générales sous forme de visioconférence ou par correspondance jusqu’au 31 janvier 2021 (ordonnance n°2020-595 du 20 mai 2020).

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Exonération de 50 % des charges sociales

Premier axe du plan, soutenir la trésorerie des entreprises les plus fragiles. Celles de moins de 50 salariés ayant perdu une partie importante de leur chiffre d’affaires pourront effacer jusqu’à 50 % de leurs charges sociales de mars, avril et mai. Toutes les autres ont la possibilité d’étaler sur trois ans la moitié de leurs charges sociales. Il leur suffit d’en faire la demande à leur Urssaf.

« On ne peut pas absorber ces surcoûts répétitifs. Résultat, on travaille à perte pour ne sortir aucun bénéfice de nos chantiers. »

Pour le gouvernement, cette mesure d’exonération des cotisations sociales vient compenser les surcoûts des chantiers, ces frais supplémentaires et manques à gagner liés aux mesures sanitaires imposées sur les chantiers. « Or cela n’a aucun lien », estime Patrick Liébus, qui regrette que le gouvernement ait seulement prévu de prendre en charge une partie de ces surcoûts pour les marchés sur lesquels il est maître d’ouvrage et d’aider les collectivités à en prendre une part « sur les gros chantiers en appels d’offres mais absolument pas sur les marchés privés quand on travaille avec des particuliers. On ne peut pas absorber ces surcoûts répétitifs. Résultat, on travaille à perte pour ne sortir aucun bénéfice de nos chantiers. » Pour compenser ces surcoûts, la confédération réclame un crédit d’impôt plafonné.

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Remboursement du stock de créances de report en arrière des déficits

Pour permettre aux entreprises de conserver leurs couvertures, l’Etat apportera sa garantie sur les contrats d’assurance-crédit pour pouvoir acheter des matériaux, plus seulement sur les nouveaux contrats mais sur ceux en cours. « Une mesure très importante pour les entreprises du BTP dont la trésorerie dépend beaucoup du crédit interentreprises », souligne le gouvernement dans son communiqué.

L’article 2 du PLFR 3 donne la possibilité aux entreprises soumises à l’IS de demander, dès cette année, le remboursement immédiat de leur stock de créances de report en arrière de leurs déficits ainsi que des créances qui viendraient à être constatées en 2020 du fait des pertes dues à l’épidémie de Covid-19.

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Dotation de soutien à l’investissement local

Enfin, si la majorité des chantiers a rouvert, – la Capeb estimant que c’est le cas pour 80 à 85 % d’entre eux –, Patrick Liébus se montre réservé sur l’activité des prochains mois. « On travaille actuellement sur des chantiers qui étaient déjà signés et commandés mais on est inquiet de savoir comment les nouveaux chantiers vont rentrer. On risque d’avoir un trou d’air très important en septembre-octobre. »

Pour soutenir l’activité, l’Etat a alloué aux communes des moyens financiers pour leur permettre d’engager des travaux et de signer des chantiers de gré à gré. Le gouvernement va ainsi porter à 1,6 Md€ la dotation de soutien à l’investissement local (DSIL), pour stimuler la commande en infrastructures et en rénovation de bâtiments publics des collectivités locales et prévoit à moyen terme de soutenir la demande des ménages.

« Dans le bâtiment aussi, les citoyens doivent se tourner vers les artisans de proximité. »

Patrick Liébus souhaite que ces investissements soient fléchés vers la main d’œuvre locale : « Pour des chantiers porteurs tels que ceux du Grand Paris ou des JO, il faut arrêter d’injecter de l’argent qui repart en faisant travailler de la main d’œuvre étrangère. Il faut aller chercher les salariés sur les territoires. » Ainsi, à l’image des Français qui se sont rapprochés de leurs commerçants de quartiers ou des agriculteurs locaux pendant la crise sanitaire, la Capeb défend l’idée d’un BTP local et de filières courtes : « dans le bâtiment aussi, les citoyens doivent se tourner vers les artisans de proximité. »

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Le BTP, un des secteurs les plus touchés

Le bâtiment, qui représente deux millions de salariés et 11 % du PIB, a été très impacté par la crise, enregistrant une baisse de 88 % de son activité en avril, soit la même baisse que l’hôtellerie-restauration. Parmi les aides accordées par le gouvernement, « 8,2 Md€ de prêts garantis par l’Etat ont été accordés au BTP et le chômage partiel a concerné 1,4 millions de salariés du secteur pour 1,3 Md€ versés en mars et en avril ».

Charlotte de Saintignon

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