Actu

Le CDI d'employabilité va de nouveau être expérimenté pour quatre ans

La proposition de loi visant à poursuivre l'expérimentation du CDI aux fins d'employabilité a été adoptée le 6 novembre au Sénat. Votée dans les mêmes termes que ceux de l'Assemblée nationale, le texte peut désormais être promulgué puis publié au Journal officiel. Les sénateurs ont resserré la liste des personnes éligibles et renforcé les droits des bénéficiaires.

Le CDI d'employabilité va de nouveau être expérimenté pour quatre ans
Une nouvelle expérimentation de quatre ans démarrera à compter de la promulgation de la loi pour notamment cibler les publics éloignés de l'emploi en resserrant les conditions d'éligibilité. © Getty Images

Les sénateurs ont adopté le 6 novembre la proposition de loi relative au CDI aux fins d’employabilité et ce, dans les mêmes termes que l’Assemblée nationale. Le texte est donc définitivement adopté et devrait bientôt être promulgué. L’adoption à l’identique n’allait pas de soi car, entre son adoption à l’Assemblée nationale et son examen au Sénat, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) avait fini par publier son rapport datant de juillet 2023, dans lequel elle désapprouve la poursuite de l’expérimentation du CDIE, tout du moins avec un cadre juridique identique, et le risque de concurrence et de sédimentation des dispositifs au sein du marché de l’emploi.

Le Guide du Chef d'entreprise 2024
Passez à l’action :

Le Guide du Chef d'entreprise 2024

Les partenaires sociaux du secteur de l’intérim mécontents

Conscient de disposer d’un nouvel atout dans sa manche, le secteur de l’intérim n’a pas manqué d’intervenir dans le débat et a envoyé un communiqué mercredi matin avant l’examen de la proposition de loi en séance publique au Sénat. Les partenaires sociaux du secteur ont même adressé une lettre paritaire datée, du 4 novembre, aux sénateurs signée par la fédération patronale, Prism’emploi, et les syndicats de la branche dans laquelle ils alertent sur les risques du CDIE : soustraction aux motifs du travail temporaire, moindre protection sociale pour les bénéficiaires déjà précaires et caractère lacunaire de son cadre juridique, notamment sur le terrain de la santé et de la sécurité.

Afin de limiter les potentiels effets indésirables du CDIE, les partenaires sociaux avaient proposé des amendements, à défaut d’obtenir la fin définitive de ce dispositif. En vain. Aucun des amendements proposés n’a été adopté notamment celui visant à limiter la nouvelle expérimentation à deux ans.

Interrogée avant l’examen du texte en séance publique, la rapporteure du texte, Frédérique Puissat, sénatrice LR de l’Isère, nous avait fait part de sa détermination à faire voter le texte en l’état, ne souhaitant pas « se priver de 5 000 emplois [nombre de contrats conclus entre 2018 et 2023] qui ne coûtent rien à l’État ». Elle reconnait toutefois que « le débat n’est pas épuisé » et pourrait se rouvrir « lorsqu’on ouvrira un deuxième débat sur l’emploi ».

 

Rappel du cadre juridique du CDIE

Le travail à temps partagé (TTP) a été initié par la loi du 2 août 2005 à destination des petites et moyennes entreprises, permettant aux entrepreneurs de travail à temps partagé (ETTP) de recruter du personnel et de le mettre à disposition d’entreprises utilisatrices pour l’exécution d’une mission permettant ainsi une mutualisation de la main d’œuvre qualifiée au selon des TPE/PME.

La loi Avenir professionnel du 5 septembre 2018 a quant à elle créé un dispositif expérimental, le CDI d’employabilité (CDIE) destiné à un public qui rencontre des difficultés particulières d’insertion professionnelle. L’ETTP est chargé d’assurer la montée en compétences des salariés qu’elle recrute et d’abonder leur CPF à hauteur de 500 euros supplémentaires par salarié à temps complet et par année de présence. Le CDIE présente plus de flexibilité que le CDII puisque l’entreprise utilisatrice n’a pas à démontrer le caractère temporaire du besoin de main d’œuvre et la durée de la mission n’est pas limitée dans le temps.

Une nouvelle expérimentation de quatre années

Une nouvelle expérimentation de quatre ans est donc lancée. Elle démarrera à compter de la promulgation de la loi. L’un des objectifs est de mieux cibler les publics éloignés de l’emploi en resserrant les conditions d’éligibilité.

Ainsi seront éligibles :

  • les demandeurs d’emploi inscrits sur les listes de France Travail depuis au moins 12 mois (contre six mois actuellement) ;
  • les personnes âgées de plus de 55 ans (et non plus de 50 ans) inscrites sur les listes de France Travail depuis au moins six mois ;
  • les jeunes de moins de 26 ans ayant une formation ayant une formation infra bac et inscrites sur les listes de France Travail ;
  • les bénéficiaires des minima sociaux ;
  • les personnes en situation de handicap.

Les contrats conclus avant le 31 décembre 2023 resteront régis par la loi dans sa version antérieure.

Le texte renforce par ailleurs les droits de tous les salariés mis à disposition dans le cadre d’un contrat de travail à temps partagé – CDIE ou non – et embauchés par l’entreprise utilisatrice.

Les salariés pourront rompre ainsi leur contrat de travail à temps partagé sans préavis si l’embauche dans l’entreprise se fait à l’issue d’une mission. L’ETTP ne sera pas tenu de lui verser une indemnité compensatrice.

En outre, la durée des missions préalablement accomplies dans l’entreprise sera prise en compte, dans une limite de trois mois, pour le calcul de l’ancienneté du salarié et pour celle de la période d’essai prévue par le nouveau contrat de travail, alignant ainsi le régime du CDIE sur celui du CDII.

Florence Mehrez

Laisser un commentaire

Suivant