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Les retards de paiement atteignent un niveau record depuis la crise sanitaire
Les délais de règlement des créances entre entreprises ont progressé à 12,9 jours au deuxième trimestre 2024 en moyenne, estime Altares dans une récente étude.
Ils présentent un risque pour la pérennité des entreprises, en particulier des TPE/PME. Les délais de paiement des créances n’ont jamais été aussi élevés depuis la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19 : ils ont atteint en moyenne 12,9 jours toutes tailles d’entreprises confondues entre avril et juin 2024, évalue Altares dans une étude parue le 18 septembre 2024.
La moyenne des délais de paiement, qui inclut les règlements à l’heure et ceux effectués en retard, n’avait jamais été aussi élevée depuis le premier trimestre 2021 (12,7 jours). Cette moyenne avait atteint 12,6 jours au quatrième trimestre de l’année dernière et 12,5 jours entre janvier et mars 2024, précise la société spécialisée dans l’analyse de données.
Les plus grandes entreprises toujours à la traîne
Les entreprises employant au moins 1 000 salariés « concentrent » toujours « les retards les plus longs », malgré une amélioration. Leurs délais de paiement moyens ont diminué d’un jour au deuxième trimestre 2024, à 17,8 jours. À l’autre bout du spectre, Altares constate une forte tension « pour les entreprises de moins de 3 salariés », dont les délais, qui se situaient en dessous de 12 jours au début de l’année dernière, ont atteint 14 jours en moyenne.
Anciens « meilleurs élèves », les entrepreneurs individuels ont connu la dégradation la plus forte par rapport aux autres types de débiteurs (sociétés commerciales, associations, etc.) depuis début 2023 : leurs délais de paiement moyens s’affichent à 13,4 jours au deuxième trimestre 2024.
Le focus par activité entre avril et juin montre que la durée des retards a été la plus brève dans le bois et les matériaux de construction (8,4 jours). Elle a été la plus longue dans la promotion immobilière (26,8 jours), un signe de la crise qui frappe l’immobilier.
Globalement, moins d’une entreprise sur deux (48,7 %) a exécuté ses obligations dans les temps au deuxième trimestre, après 48,3 % entre octobre et décembre 2023 et 48,1 % au premier trimestre 2023.
Un risque pour la pérennité des créanciers et de leurs sous-traitants
« Les retards de paiement fragilisent sévèrement les trésoreries des entreprises », rappelle Thierry Millon, directeur des études d’Altares. « Chaque jour de retard représente une somme colossale qu’il faut financer. Parfois impossible à couvrir, ce besoin de financement peut précipiter le créancier vers la défaillance », poursuit Thierry Million, cité dans l’étude. Plus la durée du retard est longue, plus progresse le risque de défaillance.
Le non-paiement d’une somme due à une entreprise peut créer un effet domino : manquant de trésorerie, la structure pénalisée par le premier retard peine elle-même à régler ses sous-traitants, à leur tour mis en danger.
Altares indique analyser annuellement « plus de 30 000 millions d’expériences commerciales […], couvrant ainsi les comportements de paiement de plus de 2,2 millions d’entreprises ».
Timour Aggiouri
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