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Les défaillances de PME et ETI en plein boom
Les défaillances d’entreprise explosent et culminent à des niveaux jamais vu. En première ligne : les PME et ETI, visées par 1 136 procédures collectives (+55,4 % par rapport à 2022), un chiffre jamais vu depuis 10 ans. Zoom sur les principaux résultats de l’étude d’Altares sur les défaillances et sauvegardes d’entreprises au 2e trimestre 2023.
13 266. C’est le nombre de procédures collectives qui ont été ouvertes entre le 1er avril et le 30 juin 2023, selon la dernière étude d’Altares sur les défaillances et sauvegardes d’entreprises parue en juillet dernier. Le nombre de défaillances d’entreprises, qui a augmenté de 35 % par rapport au 2e trimestre 2022 dépasse désormais très nettement les niveaux d’avant crise. « Au terme de ce 2e trimestre 2023, le référentiel d’avant Covid vole en éclat. Le cap des 13 000 défaillances est nettement franchi et nous ramène à des seuils similaires à 2016, période marquée par les crises financières et européennes » commente Thierry Millon, directeur des études Altares.
A noter la montée des liquidations (11 % de plus qu’en 2019) et la baisse des redressements (-7 %). « Des redressements judiciaires moins nombreux qu’avant Covid mais des liquidations judiciaires bien plus fréquentes illustrent la profonde détresse financière des entreprises qui font défaut actuellement » poursuit Thierry Millon.
55 700 emplois menacés
55 700 emplois (+ 82,3 %) seraient menacés, « un seuil jamais observé depuis 2014 », signale le cabinet Altares. En première ligne, les PME et ETI. Le nombre de sinistres de sociétés de plus de 10 salariés est au plus haut depuis plus de 10 ans. Elles sont ainsi visées par 1 136 procédures collectives (+ 55,4 % par rapport à 2022). « Du jamais vu depuis plus de dix ans, prévient Thierry Million. Plus de 9 procédures sur 10 concernent des TPE, dont les trois quarts sont immédiatement liquidées ».
A noter que les très jeunes entreprises résistent, avec un recul de 5 % des défaillances. « Les très jeunes entreprises de moins de 3 ans, lancées au sortir de la crise sanitaire, dans un contexte de reprise économique se sont avérées plus résilientes » poursuit le directeur des études d’Altares. En termes de secteurs, les activités en lien direct avec les consommateurs –la restauration avec 1477 établissements qui ont défailli (+ 53 %), le petit commerce (1805 ; + 35 %), l’habillement (308 ; + 72 %), les soins et la coiffure (459 : + 35%), etc– sont très durement impactées. « Les activités à destination des consommateurs sont les plus durement sinistrées : restauration rapide, alimentation générale, coiffure, réparation et vente de véhicules » confirme Thierry Million. Celles situées en Île-de-France en particulier, qui résistaient encore à l’issue du premier trimestre, enregistrent désormais des niveaux de défaillances plus jamais observés depuis 2016.
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55 000 défaillances pour 2023
Autres secteurs durement touchés, le transport routier de marchandises, avec 328 défauts (soit une hausse de 25 %), « Une sinistralité jamais atteinte depuis plus de 10 ans » peut-on lire dans l’étude. La construction (3 084 ; + 35%) s’inscrit également sur une tendance de hausse rapide, sans renouer pour autant avec les seuils d’avant crise. Géographiquement, les régions Île-de-France, Nouvelle Aquitaine et Occitanie sont au niveau de défaillances du 2e trimestre 2016. Malgré cette hausse spectaculaire, le cabinet Altares maintient son prévisionnel de 55 000 défauts pour 2023, arguant que « ce mois de juin 2023 nous donne un signal plus encourageant, en dépit du défaut de grands acteurs. Le bilan des 3 mois d’été est traditionnellement moins lourd du fait notamment des vacations judiciaires d’août. Sauf à ce que les assignations Urssaf accélèrent fortement à la rentrée, le prévisionnel de 55 000 défauts en 2023 reste envisageable. Après 28 500 défaillances à mi-année, le second semestre pourrait alors compter environ 26 000 défaillances ».
Fin de la procédure temporaire de traitement de sortie de criseLa procédure temporaire de traitement de sortie de crise (PTSC) a convaincu 155 entrepreneurs dont 68 sur le seul premier semestre 2023 contre 72 sur l’ensemble de l’année 2022. Pour près des trois quarts (72 %) des PTSC ayant à date bénéficié d’une suite de jugement, un plan de redressement a pu être adopté. Pour 28 % en revanche, une conversion de la PTSC en redressement voire en liquidation judiciaire a été nécessaire. Entrée en vigueur en octobre 2021 pour permettre aux petites entreprises connaissant des difficultés liées à la crise sanitaire de rebondir rapidement, cette procédure collective simplifiée a pris fin en juin 2023. |
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Charlotte de Saintignon
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