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Les fournisseurs PME, victimes collatérales de l’équité commerciale
Pour rétablir l’équité commerciale, le gouvernement a retiré les produits « non-essentiels » des rayons de la grande distribution. Loin de calmer la grogne des petits commerçants toujours fermés, la décision affecte un autre petit poucet : les fournisseurs PME.
Le malheur des uns fait le malheur des autres. Pour calmer la colère des petits commerçants lorgnant sur les rideaux ouverts de la grande distribution, le gouvernement sous pression a dégainé avant-hier la fermeture des rayons « non-essentiels » des supermarchés (cf. encadré). Il a coupé court dans la foulée aux services de « confort » à domicile (coiffure, soins esthétiques, etc.) et aux cours à domicile (hors soutien scolaire). Au bénéfice moral, à défaut d’être financier, des établissements recevant du public (ERP) lésés. À l’autre bout de la chaîne, les fournisseurs locaux payent le prix de l’équité du « tous fermés ». La Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (FEEF) alerte, dans un communiqué du 2 novembre, sur un des effets collatéraux de cette mesure controversée.
Unique débouché
« Cette mesure va être désastreuse pour le tissu industriel des PME françaises qui fabrique les produits non alimentaires (arts de la table, droguerie, textile, fleurs, maison et linge, ustensiles, consommable ménage, petit électroménager, etc.) », prévient la FEEF, prédisant des « répercussions graves sur l’emploi et l’activité économique des industriels PME qui sont implantés dans toutes les régions françaises et vitalisent les territoires ».
Au grand dam des commerçants confinés dont la seule porte de sortie repose sur un wifi fragile, certains fournisseurs se rabattaient sur la grande distribution encore ouverte pour écouler les stocks. La fermeture des rayons « non-alimentaires », décrétée le 3 novembre, a fermé la brèche. « La grande distribution représente l’unique débouché suite à l’arrêt de la RHD (restauration hors domicile, ndlr) », explique la FEEF.
Un effet collatéral qui n’a pas échappé au Sénat. « Fermer des rayons pénalisera à la fois le consommateur et le producteur, privé d’un débouché important [et] cela n’apportera pas un centime de plus aux commerces de proximité », a pointé amère la présidente de la commission des affaires économiques, Sophie Primas, lors de l’audition le 2 novembre du ministre des PME, Alain Griset.
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Vers un « gagnant-gagnant » ?
« Nous ne comprenons pas que des décisions politiques soient prises actuellement au détriment d’autres acteurs économiques qui sont eux-mêmes des PME françaises, s’interroge Dominique Amirault, Président de la FEEF. Il conviendrait davantage de travailler ensemble pour imaginer des solutions gagnant-gagnant afin de préserver tous les commerces et ses fournisseurs. »
Même son de cloche du côté des commerçants. « Nous ne voulons pas d’une concurrence faussée dont les seules véritables gagnantes seraient les plateformes de e-commerce internationales, a réagi la CPME. Ce n’est pas une sortie par le bas que nous réclamons, mais une sortie par le haut en permettant au plus grand nombre de travailler, quitte à renforcer les règles sanitaires en vigueur. »
Et de la grande distribution. « La seule vraie solution est de permettre rapidement la réouverture, au moins sur rendez-vous des petits commerces, estime Jacques Creyssel, directeur général de la Fédération du Commerce et de la Distribution. Nous sommes par ailleurs prêts, magasin par magasin, et via nos sites, à les aider à développer leurs activités de click and collect. Jouons plutôt gagnant-gagnant ! »
À l’unisson, une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles plaident pour une réouverture locale et sous contraintes sanitaires des petits commerces dès le 13 novembre. « Nous ne reviendrons pas sur les mesures annoncées », a déclaré le Premier ministre, Jean Castex, le 1er novembre sur TF1, estimant qu’il était « beaucoup trop tôt » pour rouvrir. Le gouvernement mise sur la numérisation des petits commerces pour sortir de l’ornière.
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Les nouvelles règles en grande surfaceUn décret du 3 novembre interdit la vente des produits « non-essentiels » dans les grandes surfaces (de plus de 400 m2, les supérettes ne sont pas concernées) et les services de « confort » à domicile. Listes des produits autorisés et interdits à la vente physiqueLes produits interdits à la vente physique en grande surface (sauf en drive) sont :
Les produits autorisés à la vente physique en grande surface sont :
Une jauge de 4m2 par client pour tous les ERP ouvertsLe respect de la jauge de 4m2 par client devient obligatoire dans tous les commerces ouverts (avec affichage à l’extérieur du nombre de personnes autorisées à rentrer). La jauge peut être abaissée par les préfets. Interdiction des services de « confort » à domicileTous les services de « confort » à domicile (coiffure, soins esthétiques, etc.) et les cours à domicile hors soutien scolaire (enseignement artistique, cours de sport, etc.) ne sont plus autorisés. Restent autorisés les services suivants :
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Matthieu Barry
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