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Les ouvriers risquent deux fois plus de mourir entre 65 et 75 ans que les cadres
Les nouveaux chiffres de l'Insee montrent que, malgré une baisse des écarts, les cadres vivent 5 ans de plus que les ouvriers, cet écart atteignant 8 ans entre les diplômés du supérieur et les non-diplômés. Les femmes conservent une espérance de vie plus élevée que les hommes.
Plus on est diplômé, plus on a de chances de vivre longtemps : c’est la déduction qui peut être faite de la lecture des dernières statistiques de l’Insee de juillet 2024 sur l’espérance de vie.
Ainsi, à 35 ans, un homme diplômé du supérieur peut espérer vivre en moyenne :
- 2 ans de plus qu’un bachelier ;
- 3,6 ans de plus qu’un titulaire d’un CAP ou d’un BEP ;
- 4,9 ans de plus qu’un diplômé du brevet ou du certificat d’études (CEP) ;
- 8 ans de plus qu’un homme sans diplôme.
De la même façon subsiste un écart important d’espérance de vie entre les hommes cadres et les hommes ouvriers, comme on le voit dans le tableau ci-dessous.
Cet écart d’espérance de vie à 35 ans, qui était de 7 ans dans les années 1990, s’est abaissé à 5,3 ans dans les années 2020-2022. Ainsi, à 35 ans, un ouvrier peut espérer vivre 43,6 ans (au lieu de 38,8 ans dans les années 90) et un cadre 48,9 ans (au lieu de 45,8 ans). L’Insee relève notamment que le risque de mourir dans l’année suivant les 60 ans a décru plus rapidement chez les ouvriers, du fait notamment d’une baisse observée par l’Inserm du taux de cancer du poumon. « Comme les ouvriers fument plus que les hommes cadres, ils pourraient avoir davantage « bénéficié » de cette baisse de mortalité », avance l’Insee.
Pour autant, chez les hommes, les ouvriers ont 1,7 fois plus de risque de mourir entre 65 et 75 ans que les cadres.
Le rôle des risques professionnels et de la pénibilité
Pourquoi un tel écart d’espérance de vie subsiste-t-il donc ? La nature de la profession joue un rôle évident pour les statisticiens : « Les cadres sont moins soumis aux risques professionnels (accidents et maladies du travail, conditions de travail pénibles, etc.) que les ouvriers. De plus, les modes de vie diffèrent selon les groupes sociaux : les comportements de santé à risque, les moindres recours et accès aux soins, ou encore l’obésité sont moins fréquents chez les cadres que chez les ouvriers. Enfin, l’appartenance à une catégorie sociale peut également être la conséquence d’une mauvaise santé plutôt qu’en être la cause : une santé défaillante peut empêcher la poursuite d’études, le maintien en emploi, ou rendre plus difficiles les promotions et l’accès aux emplois les plus qualifiés en cours de carrière ».
La différence d’espérance de vie demeure forte entre les sexes
Comme on le voit pour les ouvriers (cf. infographie ci-dessous), les femmes vivent plus longtemps que les hommes, quelle que soit leur catégorie sociale : « Les ouvrières, qui sont les femmes actives dont l’espérance de vie est la plus faible, vivent même légèrement plus longtemps que les hommes cadres (0,7 an de plus) qui sont les hommes ayant la plus longue espérance de vie. Par ailleurs, l’espérance de vie des femmes sans diplôme n’est inférieure que de 1,3 an à celle des hommes diplômés du supérieur ».
Là encore, des éléments expliquent la meilleure espérance de vie des ouvrières par rapport aux hommes : en dépit de conditions de travail pénibles, les femmes sont moins exposées aux abus d’alcool, ont un meilleur suivi médical et une durée de travail plus faible.
Bernard Domergue
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