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Les PME premières bénéficiaires des marchés des JO Paris 2024
La charte sociale du comité d’organisation des JO Paris 2024 prévoyait l’accès au marché à toutes les entreprises, en particulier les TPE-PME et les structures de l’ESS. Lors d’une table-ronde le 25 juin dernier, l’AJPME a fait le point sur les marchés ouverts par les JO Paris 2024 pour les TPE-PME.
« Lorsqu’on a pris la licence, on n’imaginait pas ne pas en être. Même si on est tout petits, on est hyper fiers de participer à cet événement. Le sport en France c’est hyper fédérateur tous les niveaux sociaux », témoigne Léa Marie, directrice générale du Slip Français. « C’est le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP) qui est venu nous voir en nous disant : « On aimerait une marque hyper engagée ». L’entreprise de 80 collaborateurs et aux 20 millions d’euros de CA a acheté la licence officielle des JO qu’elle a démarré en 2022. Dès décembre 2022, la marque a commencé à commercialiser des produits –slips, maillots de bain, pyjamas, chaussettes– aux couleurs des JO. « On a eu un gros suivi de traçabilité. On a été contrôlés dans l’intégralité de chaque commande » précise Léa Marie. La marque a déjà vendu 20 000 pièces, plus cher que le reste de sa gamme pour payer une partie de la licence. « On savait que cela allait avoir un coût. Sur les JO, à date, on a dû faire un CA de 250 000 € qui va faire que la licence sera indolore, estime-t-elle. On n’espérait pas que ce serait ROIste. Cela ne nous a pas permis d’augmenter notre CA mais nous a ouvert des portes. Ils nous ont mis en contact avec beaucoup de partenaires ». La licence a ainsi permis à la marque d’ouvrir de canaux de distribution comme Blackstore, Monoprix ou les Galeries Lafayette. En termes d’impact social, le Slip Français, qui fait travailler 300 personnes sur le territoire en emplois indirects, se félicite d’avoir réussi à maintenir de l’emploi.
A la différence du Slip Français, Rysosphère, experte de la toiture généralisée, n’a pas payé de licence. Entre la végétalisation du toit de l’Adidas Arena porte de la Chapelle en tant que sous-traitant de Bouygues et la végétalisation de toits plats sur des logements alentours, sur 2023, les JO ont représenté 15 % de son CA de 1,630 millions d’euros, avec un impact sur tout un tissu autour d’elle et l’embauche de deux collaborateurs. Au-delà d’être une « grande fierté » pour la TPE de 5 personnes, « Cela a participé à notre développement » se félicite Raphaël Dupont, son cofondateur et responsable technique et commercial. En revanche, côté communication, cela reste pour le moment « assez limité car on est assez bridés. Mais lorsque l’on pourra communiquer, ce sera bénéfique pour rassurer et accélérer notre visibilité auprès de notre cible de professionnels ». Jonathan Soisson, responsable des projets Grand Paris et Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 à la CCI Paris Ile-de-France confirme que « la communication est très verrouillée ».
75 % des marchés ont bénéficié aux PME
« 75 % des marchés de la Solideo (la société de livraison des ouvrages olympiques) ont bénéficié à des PME en nombre d’entreprises, avance Jonathan Soisson. En chiffre d’affaires, sur les 2,2 milliards d’euros d’achat de construction Solideo, 36 % ont été fléchés vers les PME, soit 801 millions d’euros ». Initialement, la déclaration d’intention était d’accorder 25 % du montant aux PME, compare-t-il. Côté Paris 2024, « il est un peu trop tôt pour en parler car les raisonnements se feront sur des prestations facturées, donc à l’issue des jeux ». Sur le premier tiers du budget de Paris 2024, soit 2,7 milliards d’euros en achats, c’est 80 % de titulaires (en nombre d’entreprises) qui sont des TPE-PME, ajoute-t-il encore. « Il y a peu d’expérience où l’on arrive à des chiffres aussi élevés de 75 à 80 % auprès des TPE-PME, se réjouit-il. Cela veut dire qu’il y a eu une vraie prise en compte, une vraie démarche, une vraie intention de flécher ces jeux et donc les retombées économiques vers les TPE-PME ». Il faudra néanmoins attendre l’évaluation de l’impact des JO complète et totale fin 2024 début 2025 avec « plus d’une vingtaine d’évaluations ex-post prévues sur les impacts en termes d’emploi et de chiffre d’affaires à l’issue des JO » évalue Jonathan Soisson.
Apprendre à répondre aux appels d’offre
De 2018 à 2022, la CCI a travaillé de concert avec l’Etat et les partenaires pour que les chantiers de la Solideo soient diffusés vers le tissu des TPE-PME et pour mettre en contact grands groupes et PME. « Notre volonté dès le départ était que ces jeux ne soient pas que réservés aux grands groupes » explique Jonathan Soisson. A partir de 2021, elle a fait le même travail pour Paris 2024 et pour le COJOP pour la restauration, le nettoyage, la fabrication de podiums et la gestion des déchets et la sécurité. « Nous avons mis en réseau les entreprises les unes avec les autres et les avons formé aux marchés publics car beaucoup sont passés sous commande publique ». C’est « La fabrique économique et sociale des jeux », collectif entre les CCI, les CMA et les réseaux d’insertion, qui a fait en sorte que ces populations d’entreprise puissent se découvrir, se connaître et travailler ensemble. A travers sa plateforme « Entreprendre 2024 » qui permettait de répondre aux appels d’offre lancés par la Solideo et par Paris 2024, soit 5 milliards d’achat, le groupe BPCE, partenaire premium des JO, a informé et orienté ses clients. « Nous leur avons dit que c’était possible de candidater et que ce n’était pas réservé aux grands groupes ou aux entreprises d’Ile-de-France. Nous leur avons expliqué les modalités pour répondre à des appels d’offre publiques car il y a un certain formalisme à respecter » explique Julien Campagne. Le directeur « Economie du sport » au sein du groupe bancaire ajoute que « l’une des grandes spécificités des appels d’offre de Paris 2024 était le critère de durabilité avec le volet social et environnemental qui pèse un poids important. « Les JO sont en ce sens innovants sur tous les sujets, en associant pour la première fois autant de PME et en imposant des contraintes environnementales et sociales à l’ensemble des parties prenantes » conclut Jonathan Soisson. C’est ce qui a permis à la société Rysosphère d’être appelée « pour répondre techniquement aux contraintes des JO 2024 », explique Raphaël Dupont. « On avait un gros avantage sur le cahier des charges des JO, c’était de faire du circuit court », ajoute-t-il encore. « On ne se sentait pas forcément capables et légitimes, n’ayant pas les capacités financières et humaines pour répondre à un tel projet car cela prend beaucoup de temps en termes de certifications, de réunions, de validations techniques pour répondre aux chartes environnementale et sociale : il a fallu tout détailler » raconte-t-il.
Charlotte de Saintignon
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