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Les salaires des cadres seniors font du surplace
Si le salaire médian des cols blancs progresse depuis 2019, une catégorie échappe à cette dynamique : il s’agit des quinquagénaires qui voient leur rémunération stagner depuis 2021. Au point où les différences avec les quadragénaires s’estompent, selon le baromètre 2024 de la rémunération, présenté le 21 novembre par l’Apec. Un mauvais présage à l’heure où les carrières s’allongent.
Les cadres feront-ils les frais de la rigueur salariale qui s’annonce pour les prochaines négociations annuelles obligatoires ? Si la rémunération brute annuelle des cols blancs, incluant fixe et variable, progresse depuis 2019, pour s’établir, en juin 2024, à 54 000 euros en médiane (53 000 euros en 2023), elle augmente moins vite que l’inflation (1,2 % en octobre 2024), selon le baromètre 2024 présenté le 21 novembre.
Un point de préoccupation important pour cette fin d’année. « Si la majorité des cadres sont satisfaits de leur rémunération, beaucoup d’entre eux sont aussi inquiets de la dégradation de leur pouvoir d’achat », pointe Gilles Gateau, le directeur général de l’Apec. 61 % des cadres estiment ainsi que leur niveau de vie s’est dégradé depuis la crise sanitaire.
À profil et poste égal, le différentiel est de 7 % en faveur des hommes
Les cadres n’ont pourtant pas été exclus des NAO 2024. 60 % d’entre eux ont même bénéficié d’une augmentation cette année, avec un coup de pouce moyen de 1,6 % par rapport à 2023. Ils n’étaient que 41 % dans ce cas en 2021. Mais derrière ces données globales, l’Apec rappelle qu’il existe de fortes disparités. Tout d’abord en fonction de l’âge. Contre toute attente, une catégorie fait du surplace : il s’agit des quinquagénaires qui voient, pour la première fois depuis 2021, leur rémunération stagner.
Au point où les différences entre quadras et quinquas s’estompent, l’écart entre les deux générations n’étant plus que de 1 000 euros. « Ce qui pose un problème quand la vie active s’allonge », remarque Gilles Gateau qui rappelle que le salaire des seniors, considérés à tort comme trop élevé, est souvent cité comme un des freins au recrutement des salariés expérimentés.
Autre constat : les inégalités salariales entre sexe perdurent : même si cette année, les femmes sont plus nombreuses à décrocher une augmentation – une première depuis la création de ce baromètre – elles gagnent en moyenne 12 % de moins que leurs collègues masculins. Pire : à profil et poste égal, le différentiel est de 7 % en faveur des hommes (6,9 % en 2022).
À ce rythme, « l’égalité salariale sera gagnée dans 172 ans », assure Gilles Gateau qui, au-delà de la boutade, pointe les « inégalités inexpliquées » entre hommes et femmes dû notamment aux effets de structures, secteurs et position hiérarchique. Ces inégalités commencent d’ailleurs dès l’entrée dans la vie active, puisque qu’un gap de 3 % au détriment des femmes existe pour les moins de 30 ans.
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Écart à « profil identique » par âge
(Source : Apec)
Par ailleurs, l’industrie et la construction restent en tête des secteurs les plus lucratifs pour les cadres. Les salariés des fonctions études, ingénierie et R&D ont également la cote ; 70 % d’entre eux ayant vu leur fiche de paie progresser cette année. Soit une augmentation de sept points par rapport à 2023.
Notons que toutes fonctions confondues, seul un quart des cadres bénéficie d’augmentation collective ; les autres touchent des augmentations individuelles.
Mobilité professionnelle : avantage à l’interne
Pour améliorer son salaire, bouger reste le meilleur moyen de gagner plus. « Mais cette année, le changement d’entreprise a été moins payant qu’il y a quelques années », constate Gilles Gateau. En effet, 77 % des cadres ayant fait le choix de la mobilité interne ont été augmentés, contre 59 % pour ceux qui ont opté pour une nouvelle entreprise et 57 % pour ceux qui n’ont pas bougé. « Les entreprises ont fait un réel effort pour fidéliser les compétences clefs qu’elles souhaitent conserver ».
Reste que le nouvel employeur se montre plus généreux, en octroyant 14 % de plus en médiane par rapport au salaire précédent (contre 6,5 % pour ceux qui sont restés dans la même entreprise). À condition toutefois de ne pas passer par la case chômage. La fidélité est donc à double tranchant.
Anne Bariet
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