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Les TPE concentrent près de neuf défaillances sur dix
6 587 défaillances d’entreprises ont été enregistrées au 2e trimestre 2021. Malgré cette hausse de 14,2 % par rapport au 2e trimestre 2020, les jugements restent inférieurs à 2019.
Avec 5 850 procédures ouvertes de TPE au 2e trimestre, des signaux de fragilisation émergent pour les petites entreprises qui enregistrent une hausse de 18 % par rapport à la même période de 2020. Malgré cela, on est encore loin des niveaux de 2019 qui comptabilisait au 2e trimestre 10 800 procédures ouvertes. Les PME de 10 à 19 salariés sont elles aussi sous tension (+ 2,7 %). C’est ce qui ressort de la dernière étude d’Altares sur les défaillances d’entreprises*.
« Ce sont des entreprises qui tombent vite car elles ont des lignes de trésorerie très courtes et manquent souvent d’expérience fournisseurs » note Thierry Millon, directeur des études Altares. Avec 6 587 procédures collectives ouvertes, en hausse de 14,2 % par rapport au 2e trimestre 2020, le volume global des jugements reste deux fois inférieur au niveau d’avant Covid. « Les entreprises de moins de cinq, voire de trois salariés, sont sous grosse tension, confirme Thierry Millon. Avec l’arrêt des aides, certaines, qui auraient dû tomber avant, se sont retrouvées en liquidation ». L’expert cite l’exemple des coiffeurs qui ont subi conjointement le télétravail et le couvre-feu et n’ont pas retrouvé un niveau de business suffisant n’ayant pas récupéré toute leur clientèle féminine.
Affronter les difficultés de son entreprise
Les activités BtoC font de la résistance
Concernant les secteurs d’activité, Thierry Million s’attend à une augmentation des défauts de certains secteurs comme le bâtiment totalement paralysé pendant le premier confinement. A lui seul, le secteur concentre le quart des défaillances enregistrées ces trois derniers mois (+ 37 %). Dans le détail, les tendances sont encore plus marquées pour le gros œuvre (+ 50 %), notamment en construction de maisons individuelles (+ 88 %).
« Le secteur concentre beaucoup de TPE et redémarre lentement avec une activité sur le logement neuf individuel qui avait quasi disparue. Le secteur a tenu grâce à l’ancien et aux travaux d’aménagement et de rénovation. » Parmi les activités qui sont le plus en souffrance, l’industrie, l’agriculture et les services aux entreprises. « Les entreprises de ces secteurs d’activité ont du mal à retrouver du business et subissent de plein fouet la hausse forte du prix des matières premières qui contrarie leur trésorerie et la pénurie des approvisionnements, commente Thierry Million.
La plupart du temps, elles ne peuvent pas répercuter cette hausse de coût et risquent des pénalités de retard si elles ne peuvent assurer les délais impartis. » En revanche, « les secteurs d’activité en B to C comme le commerce de détail, l’habillement ou la restauration tiennent grâce aux aides, avec des chiffres de défaillances en recul sensible » note Thierry Million.
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Un taux de liquidation directe fréquent
Pour l’avenir, Thierry Million se montre réservé, même s’il ne croit pas au mur des faillites. « L’accompagnement par effet de débranchement progressif des aides coïncide avec la reprise d’activité » explique-t-il. Si le troisième trimestre ne va pas générer beaucoup de défauts avec les vacations judicaires en août, il faudra regarder la situation à la rentrée et jusqu’à la fin de l’année. « Le mois d’octobre étant un mois traditionnellement lourd en défaillances avec les rappels de cotisations, rappelle-t-il. D’autant que l’on ne peut pas prévoir quand s’arrêteront les difficultés sur les matières premières et le manque d’approvisionnement.
Le rattrapage va se poursuivre même s’il va rester progressif, les Urssaf se refusant encore d’assigner les entreprises et les tribunaux se montrant encore accommodants pour trouver des dispositifs d’accompagnement comme des moratoires. Il y aura un retour des recouvrements, des assignations et donc des faillites ». Mais si l’on est sur un volume inférieur à 65 000 entreprises qui font défaut sur 2020 et 2021, « cela reste en deçà des 65 000 défauts enregistrés pour la seule année 2013 ».
Pour les éviter, dès le moindre signal d’alerte, les chefs d’entreprise peuvent solliciter le tribunal pour ouvrir une procédure de sauvegarde ou un dispositif de prévention. Trop souvent lorsqu’elles le font, il est déjà trop tard. « Les entreprises qui se présenteraient au tribunal sont dans une telle situation de fragilité qu’il n’est plus envisageable de leur proposer d’alternative ». Avec 3 procédures sur 4 qui se concluent sur une liquidation judiciaire directe, voire huit sur dix pour les plus petites, la probabilité pour obtenir un redressement est faible. « Celui-ci est plus adapté aux entreprises qui disposent d’un patrimoine mobilier et qui ont des actifs » commente l’expert.
*Etude « Défaillances et sauvegardes d’entreprises du 2e trimestre 2021 »
Charlotte de Saintignon
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