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L’incertitude politique impacte fortement l’activité des petites entreprises

A l’issue du résultat des dernières élections législatives, aucune majorité claire ne s’est dégagée, même si le Nouveau Front Populaire (NFP) et son programme arrivent en tête. Fort de cette instabilité politique, le syndicat des indépendants et des TPE (SDI) appelle à la création d’un « "front entrepreneurial" face aux risques imminents pour nos entreprises ».

L’incertitude politique impacte fortement l’activité des petites entreprises
Pour Marc Sanchez, secrétaire général du SDI, « le programme économique de la coalition en tête des législatives présente des dangers majeurs pour l’économie française et plus particulièrement pour les artisans, commerçants et dirigeants de TPE ». © Getty Images

« Avec l’incertitude politique des élections de dimanche dernier [7 juillet], on n’est pas rassurés. On attend de voir comment ça va se passer car les partis de gauche souhaitent augmenter les impôts, les taxes et les salaires. On ne sait pas à quelle sauce on va être mangé mais on va retourner dans l’inflation et ce n’est pas réjouissant. Le changement politique ne donne pas envie d’investir » confie avec amertume David Venza, fondateur et dirigeant de DVM Rénov’, une entreprise de maçonnerie et de rénovation de 12 salariés située à Vallet en Loire Atlantique.

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Gel des investissement…

Si le chef d’entreprise investit en moyenne 65 000 € chaque année, il a prévu de baisser ses investissements d’un tiers cette année. « On est en crise, on fait le dos rond. On ne va pas renouveler les investissements pour baisser les charges au maximum et essayer de survivre. De 2024 à 2025 on réduit drastiquement nos charges, on n’augmente pas les salaires et on ne verse pas de primes, alors qu’on le faisait depuis 5 ans » explique-t-il. Partout autour de lui, c’est la même rengaine : « Lorsque je parle avec mes confrères, je vois que l’on n’est pas les seuls. Ils sont dans le même état d’esprit ». Le SDI met en garde le futur gouvernement des conséquences désastreuses que pourraient avoir le programme du NFP : « Nous entrons dans une période d’incertitude politique majeure qui conduit d’ores et déjà les artisans, commerçants et responsables de TPE à suspendre leurs investissements et leurs recrutements, voire à les annuler ». Pour Marc Sanchez, son secrétaire général, « le programme économique de la coalition en tête des législatives présente des dangers majeurs pour l’économie française et plus particulièrement pour les artisans, commerçants et dirigeants de TPE ». L’U2P réclame de son côté de la visibilité pour les chefs d’entreprise et appelle les nouveaux députés à « travailler dans un esprit de partenariat, en cherchant à dégager des compromis raisonnables, en sollicitant les partenaires sociaux qui savent trouver des accords dans les domaines économiques et sociaux ».

… Et des embauches

Pour rappel, le programme du NFP comprend plusieurs points qualifiés de « dévastateurs » par les chefs d’entreprises du SDI pour l’économie, tels que le SMIC à 1 600 € nets/ mois, l’indexation des salaires sur l’inflation ou encore la hausse des impôts. « Si on plafonne les loyers, on augmente les taxes et les impôts, on va bloquer l’économie, prévient encore David Venza. Je ne comprends pas que l’on ne prenne pas en compte les leçons du passé : lorsque l’on a eu des politiques en faveur des entreprises, il y a eu des répercussions favorables sur l’économie. A l’inverse, plus on augmente les impôts, plus on bloque l’économie et moins on facilite les embauches ». Ce que confirme la CPME dans un communiqué. Pour l’organisation patronale, il est « impératif de redonner confiance à ceux qui font la croissance et l’emploi, pour éviter que l’attentisme actuel ne se prolonge. Le pire serait que les investissements et les recrutements soient ajournés. La crise économique qui s’ensuivrait serait sévère et préjudiciable à l’ensemble des Français. De même, augmenter massivement les dépenses et les prélèvements obligatoires dans un pays qui détient le record d’Europe en la matière conduirait infailliblement notre pays vers la mise en défaut financière ». Sur le sujet des embauches, David Venza avertit qu’il sera obligé de se séparer de certains de ses collaborateurs si le gouvernement fait passer une hausse du smic. « S’il y a une hausse des salaires due à une hausse du smic, on va devoir débaucher des gens car je ne pourrai pas suivre et la dynamique de de la demande n’est pas là. Ce serait l’une des premières mesures que nous devrions prendre à contre-cœur car ce n’est pas ce que l’on souhaite mais nous avons peu de marges de manœuvre. On a juste de quoi survivre » insiste-t-il. Pourtant, celui qui a fondé sa société en 2000 en a vu passer des crises en 24 ans. « Nous en avons traversé des crises, des euphories, des aléas », commente-t-il. Mais depuis un an, il doit en plus faire face à une forte baisse de la demande de travaux. « On le voit sur le nombre de permis de construire accordés : ils ont baissé de 40 % en 2023 et de 20 % sur les six premiers mois de 2024 » estime-t-il. En cause ? Le climat politique incertain qui n’incite pas les investisseurs à investir dans l’immobilier et des règles d’urbanisme de plus en plus compliquées qui rendent plus complexes l’obtention des permis de construire. « Les communes mettent des bâtons dans la roue ; il y a de plus en plus d’abus de la part des collectivités avec des interprétations des règles qui ne sont pas les bonnes et donc des projets qui ne sortent pas » poursuit-il. Si depuis septembre son carnet de commandes était encore large, le dirigeant regrette d’être passé d’une visibilité de 8 mois à 3 mois en à peine un an.

Charlotte de Saintignon

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