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Quels sont les motifs qui amènent un jeune à rompre un contrat d'apprentissage ?
Diplôme préparé, âge, secteur et taille de l'entreprise, conditions de travail, accompagnement des parents sont autant de facteurs qui influent sur la rupture d'un contrat d'apprentissage. La Dares vient de livrer des chiffres sur le sujet.
Dans une étude publiée le 31 octobre, la direction statistique du ministère du travail – la Dares – s’est penchée sur les causes de rupture des contrats d’apprentissage par des apprentis commençant un apprentissage d’au moins deux ans à compter de 2018, de niveau CAP à bac+2, et a examiné leur parcours pendant la première année et demie de l’apprentissage.
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Le diplôme, l’âge, le secteur et la taille de l’entreprise sont des facteurs discriminants
36 % de ces apprentis ont rompu un contrat au cours de la première année et demie de leur apprentissage. La fréquence des ruptures diminue à mesure que le niveau de formation s’accroît (de 42 % au niveau CAP à 27 % à bac+2).
L’âge entre aussi en ligne de compte ; ainsi, au niveau CAP, les apprentis plus âgés rompent plus fréquemment leur contrat (47 % de ceux ayant 17 ans ou plus fin 2018, contre à peine plus d’un tiers de ceux ayant 15 ans ou moins). Ils retrouvent également moins fréquemment un contrat après une rupture. Au 1er mars 2020, 36 % des jeunes ayant commencé un CAP à la rentrée 2018 et ayant 17 ans ou plus à la fin de la même année ne sont plus en contrat d’apprentissage après avoir expérimenté une rupture, contre 20 % de ceux ayant 15 ans ou moins fin 2018.
Le secteur de l’entreprise et sa taille sont aussi des facteurs discriminants. C’est dans l’hébergement-restauration (55 %), les industries agroalimentaires (44 %) et les activités de coiffure et de soins de beauté (44 %) que les taux de rupture au cours de la première année et demie d’apprentissage sont les plus élevés. Le taux de rupture décroît lorsque la taille de la structure de l’employeur augmente : de 43 % dans les entreprises de moins de 5 salariés, il passe à 19 % dans celles de 250 salariés ou plus.
L’origine sociale, un autre élément d’explication
Le taux de rupture pendant la première année et demie de l’apprentissage varie également en fonction de l’origine sociale. 31 % des apprentis ayant deux parents cadres, indépendants ou exerçant des professions intermédiaires rompent un contrat entre le début de leur apprentissage et le 1er mars 2020, contre 35 % des apprentis ayant deux parents employés ou ouvriers. Cette proportion s’élève à 43 % quand au moins un parent est inactif ou que sa situation professionnelle est inconnue. La Dares explique ces disparités par l’existence de différences de ressources matérielles et relationnelles fournies par les parents (réseau professionnel, capacité à intervenir auprès de l’employeur…). Les parents donnent à leur enfant l’idée ou l’envie d’entrer en apprentissage et l’aident à rechercher un employeur dans 15 % des cas.
Notons que la motivation du jeune à exercer le métier auquel il se forme ou son intérêt pour l’apprentissage jouent moins nettement.
Des conditions de travail qui peuvent expliquer la rupture en cours d’apprentissage
Enfin, les conditions de travail pèsent également dans le balance. Ainsi, 65 % des apprentis ayant rompu un contrat au milieu de leur apprentissage imputent au moins partiellement cette rupture à un problème avec l’employeur ou le poste occupé : une mésentente avec les encadrants ou les collègues, missions jugées inadaptées, conditions de travail insatisfaisantes, etc. En revanche, les contraintes physiques (pénibilité, bruit, températures…) ne semblent pas induire de risque de rompre un contrat au milieu de l’apprentissage.
Un désintérêt pour le métier surgit également au cours de l’apprentissage pour 25 % d’entre eux, le souhait d’accéder à un meilleur contrat ou à une meilleure rémunération (9 %), voire à des problèmes avec le centre de formation (6 %).
Notons que les apprentis qui changent d’employeur au milieu de leur apprentissage (soit 6 % des jeunes entrés en apprentissage à la rentrée 2018) « améliorent sensiblement leurs conditions de travail et de vie ».
Florence Mehrez
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