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À quoi sert l'Europe pour les PME ?

Dresser un bilan d’étape des PME dans l’Union européenne, évaluer les apports de l’Europe aux PME/TPE au cours de ces dernières années et cerner les attentes de ces dernières en matière de politique européenne. Tels étaient les objectifs d'une table ronde organisée par l’AJPME le 23 mai 2024.

À quoi sert l'Europe pour les PME ?
Alain Di Crescenzo, président de CCI France, déplore la « communication anti-européenne » qui est faite sur le territoire. © Getty Images

« On est déjà reconnus en France mais nous avons une ambition européenne ». En participant en tant que partenaire au dispositif Horizon 2020 ou H2020, le programme de recherche et d’innovation de l’Union européenne, Dualsun, fabricant de panneaux solaires, notamment de panneaux hybrides (à la fois photovoltaïques et thermiques), a eu « des démonstrateurs sur des climats très variés et des références dans les pays froids pour mieux comprendre les spécificités techniques et démontrer que l’application de notre technologie ne s’appliquait pas seulement en France », explique Laetitia Brottier, co-fondatrice et directrice innovations de l’entreprise marseillaise créée en 2010.

En 2020, elle a également participé à l’appel à projets Horizon 2020 – Pacte vert pour l’Europe puis à Horizon Europe. Si jusqu’à alors elle avait participé à ces différents appels à projet en tant que partenaire, l’entreprise estime aujourd’hui avoir atteint « la taille critique » – 80 collaborateurs, 60 millions d’euros de CA –, pour être porteur sur des projets européens, notamment en participant à l’EIC Accelerator, qui vise à aider les startups et les PME les plus prometteuses à déployer des innovations de nature radicale et disruptive sur le marché. Pour l’heure ces diverses expériences à l’échelle européenne lui ont permis d’ouvrir une première filiale en Suède.  

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200 milliards d’aides aux PME

« Ce sont des projets assez lourds mais enrichissants car on est avec des partenaires locaux, ce qui nous permet d’avoir une connaissance du marché ». La co-fondatrice et directrice innovations se félicite également que les proportions d’aide soient plus fortes que sur le territoire français : les subventions H2020 pouvaient aller par exemple jusqu’à 70 % d’aides (60 % aujourd’hui), contre 45 % pour des projets Bpi-Ademe », compare-t-elle. Au total, la PME a ainsi retiré près d’1,5 million d’euros d’aides sur les trois projets.

Ainsi, ce sont près de 200 milliards d’euros qui sont mis à disposition des quelques 24 millions de PME européennes au titre des différents programmes de financement par le plan de relance Next Generation UE 2021-2027 associé au budget pluri-annuel de l’UE 2021-2027. La condition pour obtenir ces subventions ? Étant donné qu’il s’agit d’un programme transeuropéen, « Il faut créer des partenariats dans plusieurs pays européens », signale une porte-parole de la Commission européenne en France.

Créé en 2008, le réseau Entreprise Europe Network (EEN), géré par les CCI, accompagne les PME qui souhaitent développer leur activité en Europe. Il aide notamment à trouver des partenaires commerciaux et technologiques dans l’Union européenne et au-delà. Le réseau EEN a déjà aidé plus de 2,5 millions de PME à tirer profit du marché unique européen. « Les PME sont au cœur des actions de la commission européenne », assure la porte-parole, mettant en avant les mesures concrètes pour les soutenir, au premier rang desquelles la directive imposant des délais de paiement de 30 jours maximum, la directive Befit qui vise à instaurer un nouveau cadre pour la fiscalité des entreprises dans l’UE ou la proposition de simplification de l’environnement réglementaire des entreprises.

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Manque de lisibilité des aides européennes

« Si les entrepreneurs européens disent que globalement du point de vue de l’image de marque, de la coopération, l’Europe, c’est bien, dans les faits, vu de leur fenêtre, ils disent que l’Europe n’a pas d’impact pour leur entreprise à 63%*  », commente néanmoins Alain Di Crescenzo, président de CCI France qui déplore la « communication anti-européenne » qui est faite sur le territoire. Il signale ainsi que s’il existe beaucoup d’aides européennes, les PME ne les voient pas, nombre d’entre elles n’ayant pas forcément conscience d’être financées par l’Europe.

En cause : l’absence de « lisibilité et de traçabilité » des aides européennes, avec une distribution qui passe par de nombreux intermédiaires (régions, banques…) et ne permet pas toujours d’identifier leur origine. « Quand vous recevez une aide de l’Europe via la région, la région ne le dit pas tout de suite », explique-t-il. Et d’ajouter que certains chefs d’entreprise « pensent que l’Europe leur amène une concurrence déloyale, un manque de protection et des coûts car ils ne voient pas les contreparties entre l’aide européenne et les coûts européens ». S’il se félicite du paquet SME Relief, il regrette de ne pas en voir l’impact. « Toutes les bonnes idées sont là mais on ne voit pas les effets de cette politique », conclut-il.  

* Résultats de l’enquête Europe CCI France sur les attentes des PME/TPE vis-à-vis de l’Union européenne 

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Charlotte de Saintignon

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