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Rapport au travail : les 18-30 ans, une génération exemplaire ?
À rebours des idées reçues, le rapport de Terra Nova et de l’Apec sur le rapport au travail des actifs de moins de 30 ans met en évidence une génération engagée et motivée par leur évolution professionnelle. D’où la nécessité pour les DRH de renouer le lien de confiance avec la jeune génération tout en proposant des méthodes de management plus participatives.
Moins investis, plus individualistes, réfractaires à l’autorité ? Les stéréotypes sont nombreux vis-à-vis des 18-30 ans. Mais leurs attentes sont-elles si différentes de leurs aînés ? Pas vraiment à en croire le rapport de Terra Nova sur la jeunesse au travail, réalisé en collaboration avec l’Apec et publié le 31 janvier. Il s’appuie sur une enquête quantitative réalisée en ligne du 15 septembre au 9 octobre auprès de quelque 5 000 personnes (3 073 jeunes et 2 045 actifs âgés de 30 à 65 ans).
Tout d’abord, les jeunes actifs se déclarent tout aussi investis dans leur travail et dans leur organisation : comme chez les 30-44 ans, 11 % des 18-29 ans estiment que le travail est « plus important que tout le reste », contre seulement 3 % chez 45-65 ans. Et seuls 7 % considèrent qu’il « n’a que peu d’importance », contre 10 % des 30-44 ans et 13 % des 45-65 ans. Ils se disent même assez satisfait de leur situation professionnelle.
Ce qui les motive ? La rémunération apparaît essentielle. Comme leurs aînés, les jeunes attachent de l’importance au niveau de revenu qu’ils tirent de leur activité professionnelle. 55 % d’entre eux souhaitent avant tout un travail rémunérateur. Ils sont pourtant plus exposés à la précarité : en 2021, près de 57 % des moins de 25 ans en emploi étaient en CDD, intérim ou apprentissage, contre 19 % en 1982 et 49 % en 2000.
L’intérêt du travail constitue la deuxième attente des jeunes actifs comme des plus âgés.
Ils se distinguent aussi par une envie plus marquée de progression professionnelle envers le travail que les actifs les plus âgés.
Des réserves sur le télétravail
Autre idée reçue : majoritairement favorable au télétravail, cette génération exprime toutefois des réserves par rapport à ce mode de travail. Plus d’un sur deux craint par exemple, de rater « des informations importantes de l’entreprise ou même des opportunités professionnelles ». Aussi plus de la moitié des jeunes opteraient pour un nombre de jours de télétravail inférieurs à la moitié de la semaine.
Et si un tiers d’entre eux n’envisagent pas de rester dans leur métier actuel plus de trois ans (15 points de plus que les 30-44 ans et 19 de plus que les 45-65 ans), ils ne sont pas pour autant désengagés au travail. L’équilibre des temps de vie n’est pas leur préoccupation première. Seuls 34 % d’entre eux citent cette préoccupation en première, deuxième ou troisième place, contre 38 % pour les 30-44 ans (+4 pts) et 45 % des 45-65 ans (+9 pts). Loin donc l’idée d’une « démission silencieuse » ou d’un désengagement.
« Autorité négociée »
Pas de crise de confiance non plus vis-à-vis de l’entreprise. Ils se déclarent globalement en phase avec l’organisation collective du travail de leur entreprise. Ils en approuvent très majoritairement les méthodes (69 %), en comprennent la stratégie (75 %), se disent en accord avec la culture (72 %) et ont le sentiment d’avoir un rôle à y jouer dans le futur (67 %). Ils font également confiance à leurs collègues, à leur manager, à leur direction et même aux actionnaires.
Seule nuance : ils expriment un besoin de dialogue et de partage de l’information plus importante que leurs aînés (30 %, contre 26 %). Sans être réfractaires, ils veulent comprendre pour accepter les décisions de la hiérarchie, dans le cadre d’une « autorité négociée » .
Un travail en accord avec leurs valeurs
Enfin, 78 % des jeunes déclarent effectuer un travail qui correspond à leurs valeurs. Et lorsqu’on leur demande quels sont les critères les plus importants pour rejoindre une nouvelle entreprise, « l’utilité des missions pour l’entreprise ou pour la société » est davantage cité par les 30-65 ans (13 %) que par les 18-30 ans (11 %) et n’arrive qu’au dixième rang sur treize.
Parmi ses recommandations, Terra Nova préconise de renouer le lien de confiance avec la jeune génération. « Cette image dégradée produit néanmoins des effets sociaux qu’il convient de combattre […]. Ainsi il n’est pas rare que des entreprises imposent un véritable parcours du combattant avant de leur proposer le graal français : un CDI ». De plus, « pour les fidéliser, les entreprises devront leur proposer des méthodes de management plus participatives, des ambiances professionnelles plus conviviales, des plans de carrière plus dynamiques et mieux reconnaitre leurs compétences ».
Reste que des disparités existent, en fonction des positions sociales et des emplois occupés. Seuls 42 % des ouvriers et 50 % des employés déclarent avoir un rapport positif au travail, contre 67 % des cadres. À l’inverse des cols blancs, les cols bleus entretiennent un rapport plus conflictuel avec leur travail et y voient surtout une nécessité voire une contrainte.
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Anne Bariet
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