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Recrutement des TPE/PME : mais où est donc passé le candidat « adapté » ?
Principal frein à la croissance des TPE/PME, les difficultés de recrutement redoublent depuis un an. La majorité des chefs d’entreprise déplorent l’absence de candidats « adaptés ».
Malgré un chômage en baisse, les problèmes de recrutement perdurent. Pis, ceux-ci s’intensifient. Selon le dernier baromètre trimestriel Bpifrance Le Lab / Rexecode sur la trésorerie, l’investissement et la croissance des PME publié ce mois-ci, 82 % des TPE/PME ayant souhaité recruter ces 12 derniers mois ont été confrontées à des difficultés (contre seulement 70 % d’entre elles l’année dernière). Une hausse spectaculaire, à lire à la lumière des difficultés que connait le secteur du BTP en la matière, qui impacte d’ores et déjà près de la moitié des activités concernées (47 %). Le problème serait principalement lié à l’inadéquation des candidats. ¾ des PME rejettent l’opprobre sur l’absence de candidat « adapté ». Où broutent les moutons à cinq pattes ?
Recrutement des TPE/PME : l’inadéquation, principale barrière à l’embauche
Avis de recherche. L’absence de candidat pèse moins cette année sur le recrutement des petites entreprises (74 % en 2019 contre 81 % en 2018) que l’absence de candidat « adapté » (83 % en 2019 contre 77 % en 2018). Si les postulants répondent relativement présents, c’est bien l’inadéquation des candidatures avec les profils recherchés qui mène les PME dans l’impasse. Inadaptés, les postulants n’auraient pas le niveau de qualification que requiert le poste proposé (pour 55 % des dirigeants TPE/PME), ils manqueraient d’expérience (pour 33 % d’entre eux) ou ne sauraient s’adapter à la culture de l’entreprise (pour 29 %). Le critère du salaire apparaît moins prépondérant qu’auparavant (17 % en 2019 contre 20 %).
À la question de savoir si les TPE/PME ne seraient pas trop exigeantes, le baromètre précise qu’elles sont plus nombreuses que l’an passé à mettre en cause leur entreprise […] ou son organisation dans les difficultés pour recruter » (33 % d’entre elles contre 27 % en 2018). Toutefois, « ce facteur relève davantage de la perception des candidats que de celle des chefs d’entreprise eux-mêmes », indique l’étude. Faisant ou non échos aux dires des « inadaptés », le désavantage de l’implantation géographique de l’entreprise est fréquemment citée (15 %), devant l’organisation du travail (10 %), le manque de notoriété (7 %), des rares perspectives de carrières (5%) ou encore des trop peu nombreux avantages offerts (3 % ; tickets restaurants, assurance santé, etc.).
Recrutement : les TPE/PME ne restent pas les bras croisés
Pour autant, les petites entreprises ne s’avouent pas vaincues. Plus de la moitié des PME modifient leur mode de recrutement en utilisant davantage les réseaux sociaux par exemple ou en faisant appel à des chasseurs de têtes (54 %). Ensuite, elles redorent le blason de l’entreprise en augmentant la durée de travail des salariés en place (25 % ; passage des temps partiels en temps pleins, heures supplémentaires, etc.), en augmentant les salaires ou primes (19 %) ou en mettant en place des actions de formation (18 %).
De fait, elles recourent davantage à l’intérim ou au travail détaché (25 %), aux sous-traitants (21 %) et montent des partenariats (12 %). Elles sont prêtes à proposer des salaires plus élevés (22 %), à revoir à la baisse leurs attentes en termes de qualification (20 %) ou à embaucher plus de CDI et moins de CDD (8 %). En revanche, le télétravail ou les solutions de mobilité du personnel n’ont pas la cote (6 %), tout comme l’acquisition de compétence par un rachat d’entreprises (4 % ; fusion, acquisition). Malgré tout, ¼ des TPE/PME déclarent être contraintes de restreindre leur activité. Vivement la transhumance.
Matthieu Barry
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