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RSE : ce qu'en font les entreprises, secteur par secteur
Un guide élaboré récemment par l'Observatoire de la RSE et le Medef fait le point sur la façon dont entreprises et fédérations professionnelles de l'Hexagone se sont saisies de la responsabilité sociétale des entreprises. Il en ressort une grande diversité d'actions, et de nombreuses visions, car "tout le monde ne comprend pas la même chose quand on parle de RSE".
Si les études sont cruelles avec la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) – 80% des PME l’ignoreraient encore totalement, quinze ans après sa création –, un petit tour sur les sites internet des entreprises et fédérations professionnelles montre qu’elles sont en réalité un certain nombre, à leur façon, à prendre le sujet à bras le corps. C’est ce qu’ont fait l’Orse (observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises) et le Medef ces derniers mois. Le résultat est en ligne depuis hier (Lire ci-dessous) , sous la forme d’un guide qui répertorie les initiatives RSE par secteurs d’activité.
Des résultats (très) hétérogènes
La chimie, l’assurance, les carrières et la construction, ou encore la propreté : la liste des secteurs sondés n’est pas exhaustive (ils sont douze). Il n’empêche : l’hétérogénéité des résultats est la première chose qui frappe. Alors que le secteur du bâtiment met l’accent sur le développement durable et propose pour cela des outils comme des logiciels et des indicateurs de suivi de performance RSE élaborés avec les syndicats, celui des carrières mise entre autres sur la santé-sécurité, avec une plateforme d’e-learning et des aides de la CnamTS (caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés) pour les PME qui suivraient le dispositif Sherpa (sécurité des hommes évaluation des risques et programme d’actions).
Charte, code de conduite et rapport
Le secteur des tuiles et briques a fait de la contribution à l’économie circulaire l’une de ses priorités, via la mise en place d’une base de données, et des modules de formation. Un outil retenu également par le secteur de la propreté pour atteindre ses objectifs en matière de développement durable. Le secteur aérien semble enfin particulièrement actif concernant la formation et l’emploi, notamment des personnes handicapées. Et pour ce qui est du reporting extra-financier (voir encadré ci-dessous), seuls cinq secteurs peuvent revendiquer des actions en la matière (guides, groupes de travail et indicateurs). Conclusion : bien que l’on retrouve d’un secteur à l’autre des outils traditionnels comme la charte, le code de conduite ou le rapport, concernant les actions concrètes, il semble bien y avoir autant de façon d’aborder et d’utiliser la RSE que de secteurs d’activités.
Un problème de définition
Et ce résultat n’est pas étonnant, lorsque l’on écoute Mélanie Czepik, de l’Orse, raconter comment le guide a été élaboré. « Tout le monde ne comprend pas la même chose quand on parle de RSE ». Nous sommes partis des sites internet des fédérations professionnelles, des rapports RSE qu’on pouvait trouver, et nous avons vu que pour certains par exemple, la formation faisait partie de la RSE, alors qu’on ne l’avait pas forcément inclue dans la définition de départ. » Malgré les clarifications et lignes directrices apportées depuis 2010 par la norme ISO 26000 sur la responsabilité sociétale. C’est d’ailleurs sur celle-ci que se sont appuyés l’Orse et le Medef pour l’élaboration du guide sans quoi « trouver un tronc commun » aux actions inventoriées se serait avéré vraiment compliqué.
Une « vraie politique » RSE
Autre élément révélé par l’hétérogénéité des résultats, pour Mélanie Czepik : le degré de maturité atteint par quelques secteurs, largement devant les autres en matière de RSE. Au lieu de faire état de dizaines d’initiatives non coordonnées, et éparpillées entre l’environnemental, le social ou l’économie, ils se focalisent sur un domaine en particulier et appliquent une « démarche RSE structurée » – autant que la rubrique dédiée de leur site. Exemple avec le secteur aérien, qui « mesure les progrès effectués par les entreprises de l’aviation marchande année après année » via le baromètre RSE élaboré en 2008. « Certaines fédérations comme celle de la propreté ont de vraies politiques RSE, avec une expérience », poursuit Mélanie Czepik qui ajoute : « Je ne suis pas sûre que tout le monde ait ce recul ». Elle a raison : début 2014, seuls 1 à 2% des PME françaises avaient une démarche RSE complète.
La plateforme nationale RSE |
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Alors que le 29 septembre, le conseil de l’Union européenne adoptait la directive sur le reporting extra-financier allongeant la liste des entreprises obligées de publier annuellement des informations sur l’impact environnemental, sociétal et social de leur activité, de son côté, la France poursuit le travail mené sur la RSE, via sa plateforme nationale. Elle s’est réunie le jeudi 9 octobre et a validé les travaux et recommandations de trois de ses quatre groupes de travail, selon Michel Doucin, secrétaire général de la plateforme. Le premier groupe, qui planchait sur la RSE et la compétitivité a notamment recommandé « un système de labellisation » volontaire. Le second groupe, chargé de travailler sur le reporting, a de son côté recommandé « d’aménager les textes réglementaires » sur le sujet pour clarifier les enjeux du reporting et permettre aux PME de mieux se l’approprier, le reporting ayant par ailleurs été « reconnu comme un bon outil de stimulation » par les entreprises, selon Michel Doucin. Le troisième groupe se concentrait quant à lui sur les implications de la RSE sur les filiales et fournisseurs des entreprises. La plateforme nationale a aussi validé son « texte de référence », résumant les conclusions des trois groupes de travail. Il sera présenté le 17 novembre, lors d’un colloque en vue de la préparation du « plan national français d’action pour la RSE ». |
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