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RSE : les entreprises s'approprient le concept mais ne sont toujours pas convaincues
Plus de la moitié des entreprises interrogées dans le cadre d'un baromètre sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ont mis en place un système de reporting extra-financier, alors qu'elles n'étaient qu'un quart l'an dernier. Le manque de visibilité sur le retour sur investissement reste un frein.
« Les entreprises s’approprient progressivement les concepts de RSE », veut constater François Fatoux, délégué général de l’Orse (observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises), présentant un baromètre élaboré par Malakoff Mederic, l’Orse et EPE (entreprises pour l’environnement), qui ont interrogé les responsables RSE – ou bien les directeurs développement durable, les chargés de projet HSE ou chargés de mission QHSE – de 230 entreprises, dont 74 % ont un chiffre d’affaires allant de 10 millions à plus d’un milliard d’euros. Il remarque que les entreprises « mettent en place un système de reporting, avec une communication qui touche l’ensemble des parties prenantes et notamment les salariés » (58 % l’ont fait en 2015, contre 26 % en 2014) et « développent des outils de prévention des risques (35 % d’entre elles en 2015) », mais qu’elles « ne sont pas convaincues des bienfaits d’une démarche RSE ». Plus de 44 % disent ainsi regretter le manque de visibilité de leur retour sur investissement des actions RSE.
S’adapter au climat n’est pas prioritaire
L’étude se focalisait cette année sur le climat. Pour 72 % des entreprises interrogées, s’adapter au climat n’est pas prioritaire et 61 % n’ont pas évalué leur exposition au risque climatique. Pourtant, 48 % des entreprises constatent un impact du changement climatique. Un impact qui n’est constitué qu’ à 21 % d’effets mesurables, qu’ils soient financiers, opérationnels ou humains. « Un certain flou plane pour la majorité des entreprises concernant l’étendue et les conséquences du changement climatique sur leurs activités », commente l’étude. Parmi les grandes entreprises, au chiffre d’affaires dépassant 1 milliard d’euros, 52 % indiquent avoir des indicateurs. « Les entreprises membres comptent ou calculent leurs émissions, et aboutissent à un bilan de leur impact sur l’effet de serre, pour les scopes 1 et 2 déjà ; et bientôt pour le scope 3, qui regroupe les impacts indirects, de leurs fournisseurs ou de l’usage de leurs produits et services », explique Claire Tutenuit, déléguée générale d’EPE.
Dimension climat intégrée dans les produits et services
Un nouvel indicateur commencerait à être « couramment utilisé » : le chiffre d’affaires lié à la vente de produits ou services qui intègrent une « dimension climat ». En tout, 62 % des entreprises affirment avoir modifié leurs produits ou services pour limiter l’impact climatique de ces derniers, d’abord pour répondre à la pression des clients et consommateurs, ensuite « dans le cadre d’une démarche volontariste ». Les plus petites entreprises s’estimeraient moins exposées mais tiendraient tout de même compte des demandes de leurs clients sur ces enjeux. En interne, les deux tiers des entités interrogées disent sensibiliser leurs salariés, essentiellement via le recyclage des déchets (65 %) et l’efficacité énergétique (58 %). Les solutions de mobilité, qui passent souvent par des PDE (plans de déplacement entreprise) n’arrivent qu’en quatrième position (35 %).
Effectifs RSE sous pression
Si le baromètre constate qu’en 2015, « les équipes RSE affichent toujours un rattachement privilégié aux organes de direction des entreprises » (41 %), il est aussi relevé que 10 % sont encore intégrées aux ressources humaines et 8 % à la communication. Un « rattachement historique » qui « tend à diminuer à la faveur d’un rattachement plus opérationnel ou plus transverse », estime Agnès Lancy, en charge des questions de responsabilité sociétale de Malakoff Médéric. Les effectifs RSE et développement durable sont « sous pression » cette année : lorsqu’en 2014, 16 % des entreprises justifiaient d’équipes dédiées de plus de 10 équivalents temps plein, elles ne sont cette année plus que 9 %, soit un recul de 7 points. Seules les grandes entreprises maintiennent leur niveau d’effectifs. « La RSE n’est pas encore perçue comme une opportunité de réinterroger les pratiques de dialogue avec les différentes parties prenantes, dans le sens de la recherche d’un esprit de coopération et non d’affrontement », regrette François Fatoux.
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